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    Nicolas Dittmar, De Hegel à Simondon : vérité en devenir, vérité du devenir + Simondon et le devenir. Une éthique du bonheur transindividuel

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Nicolas Dittmar, De Hegel à Simondon : vérité en devenir, vérité du devenir + Simondon et le devenir. Une éthique du bonheur transindividuel  Empty Nicolas Dittmar, De Hegel à Simondon : vérité en devenir, vérité du devenir + Simondon et le devenir. Une éthique du bonheur transindividuel

    Message par Johnathan R. Razorback Lun 5 Avr - 17:39

    "Pour Simondon, le véritable principe d’individuation est fondamentalement médiation ou relation originaire entre des ordres de grandeurs qui coexistent dans le Préindividuel et qui, sous l’effet du travail du négatif communiquent par voie transductive, lorsque l’Etre préindividuel s’individue, entre en relation avec lui-même. Cependant pour Simondon, l’individuation n’est pas synthèse ou retour à l’unité mais intensité permanente, poursuite d’une unité qui se déborde en raison des potentiels préindividuels et qui le poussent à se déphaser de son centre pour accéder à la relation transindividuelle dans laquelle il accomplit sa signification comme sujet de la relation originaire entre les êtres, comme dyade intensive dont Simondon retient la dimension de genesis es ousian emprunté au système platonicien. Nous voyons ici la différence majeure entre Simondon et Hegel, bien que les deux s’accordent sur la réalité de la dialectique : en effet nous dit Simondon, « le négatif est premier comme incompatibilité génétique, mais il est l’autre face de la richesse en potentiels, il n’est donc pas un négatif substantiel », in IPC, p. 27. Nous reviendrons sur cette tension entre l’acceptation de la dialectique comme héritage de Hegel d’une part, incontournable pour une pensée de la relation transindividuelle et du devenir ontogénétique telle que nous la présente Gilbert Simondon, dans une optique post-moderne qui le rapproche de la conception deleuzienne de la différence et de sa théorie intensive, et sa volonté de pas la figer dans une logique de l’identité qui signifierait pour notre auteur un retour au substantialisme métaphysique que toute son œuvre tend justement à dénoncer, en particulier la doctrine de l’hylémorphisme léguée par Aristote. Nous verrons d’ailleurs sur ce point précis en quoi les dénonciations hégélienne et simondonienne de la subordination de la matière à la forme préexistante ou a priori convergent nettement dans le sens d’une réhabilitation dynamique de la logique du savoir et de la vie en tant que devenir." (note 5)

    "La connaissance n’est plus localisée dans le champ des jugements synthétiques a priori qui se produiraient grâce à la déduction transcendantale de l’application des catégories au divers empirique donné dans l’intuition, mais dans un processus génétique qui identifie le sujet et l’objet de la connaissance en ce qu’elle a d’inchoative. Tel est le sens de la subversion des alternatives classiques chez Hegel et Simondon, qui récusent tous deux le dualisme ontologique hérité du kantisme."

    "Le Préindividuel n’est pas substance, mais potentiel indéfini de l’être pour se saisir rétrospectivement comme sujet de son expérience et pouvant s’identifier au procès de connaissance qui en résulte ; le préindividuel est ce qui accompagne tous nos vécus de pensée, toutes nos jugements de synthèse, selon un principe de récurrence causale qui agit à chaque étape de notre individuation, qu’elle soit purement logique ou plus profondément métaphysique : le préindividuel, rappelons le, est le centre de la personnalité en ce qu’elle a d’éminemment relationnelle."
    -Nicolas Dittmar, "De Hegel à Simondon : vérité en devenir, vérité du devenir": https://www.academia.edu/38271292/Hegel_Simondon_docx

    " "Que puis-je connaître ?" et "que dois-je faire" n'ont de sens qu'articulés à la question plus primordiale du "Que suis-je ?" " (p.24)

    "Notre propos sera de voir dans quelle mesure une théorie contemporaine de l'eudémonisme pouvant servir de modèle à une recherche du bonheur doit s'appuyer sur une critique préalable du principe d'individuation tel qu'il a été formulé dans la pensée médiévale à partir de la nomenclature philosophique que nous a légué Aristote. Cette critique implique en effet un renversement épistémologique d'une tradition de pensée métaphysique marquée par la théorie de l'hylémorphisme, et que l'on peut légitimement imputer à Aristote, mais aussi à Kant. [...]
    Notre tradition de pensée dualiste, qui a dévalorisé la matière au profit de l'esprit, malgré l'importance du thème de la Physis chez les Grecs de l'Antiquité, semble en effet marquer par un effacement de l'individualité entendue dans son sens empirique et psycho-physique, au profit d'un substantialisme de la raison qui n'a pas permis de penser les conditions réelles du bonheur et la spiritualité: la recherche du bonheur dérivant d'un dualisme sur le plan de la connaissance vouait le sujet à une quête promise à l'échec, car elle manquait son objet
    ." (pp.28-29)

    "L'ambition de cet essai sera d'élaborer les voies d'une nouvelle critique de la raison, à travers la genèse du problème de l'individuation qui en décrit l'émergence. Son versant pratique sera appréhendé dans la notion de transindividuel, où se noue le rapport de l'ontologie et de l'éthique: l'affirmation que porte en elle la notion de transindividuel est celle de l'immortalité, non pas de l'âme au sens classique, mais de l'individu qui se prolonge en d'autres êtres, à travers des personnes, ou à travers la nature, et éprouve ainsi qu'il est éternel, comme l'avait déjà remarqué Spinoza et sur laquelle revient Simondon." (p.31)

    "Nous n'accédons au sens véritable de l'apeiron, ou de notre possible immortalité que comme ce qui se définit, et se délimite. Or, nous nous définissons par rapport à un milieu, un groupe, un environnement, nous sommes cette dyade ou ce couple individu-milieu dont le centre est le corps, soumis à la spatialité et au devenir. [...] La véritable individuation ou la liberté, comme effet de ce que la vie porte en elle et aussi comme œuvre de la matière, n'est possible que comme prise de conscience de sa finitude, donc d'un esprit toujours lié à son corps." (pp.32-33)

    " [Le sens analytique de l'individuation chez Avicenne]
    (pp.41-43)

    "L'hylémorphisme qui, depuis Aristote faisait dériver la connaissance d'une relation entre la forme et la matière, ou d'une concordance entre une cause matérielle et une cause formelle, et qui conduisait ainsi au principe d'individuation compris comme substance de l'être par-delà la multiplicité des prédicats essentiels ou accidents que le jugement pouvait lui adjoindre, nous a habitué à raisonner de façon inductive, en repérant dans les choses des similitudes de genre ou des différences spécifiques, laissant de côté ou voilant de sa zone obscure le processus d'individuation, ou l'ontogénèse. L'être n'est pas constitué par une ou des relations conceptuelles entre des termes préexistants, conçus ou supposés comme déjà individués, comme l'âme et le corps, ou la forme et la matière: il est lui-même relation, ou activité relationnelle dès l'origine." (p.45)

    "Pour Simondon, il y a collectif dans la mesure où une émotion se structure. [...]
    C'est à ce moment que l'on peut parler de processus d'individuation, ou d'une forme de libération qui peut être qualifiée de transindividuelle, au sens où une énergie se libère grâce à la médiation d'un autre individu [...] c'est le sens que donne Simondon à la rencontre de Zarathoustra avec le danseur de corde. Cette énergie qui passe, et qui débouche sur l'action est peut-être la véritable signification du transindividuel, du moins du transindividuel subjectif comme auto-affection constituante ou transcendantale: passage de l'émotion à l'action à travers les individus ou dans ce qui se passe entre deux individus, le transindividuel est une liaison entre la relation à soi et la relation à l'autre, une catégorie du psychisme qui met en jeu le corps, en le délimitant dans sa charge préindividuelle-affective, et introduit l'individu dans le collectif.
    " (p.52)

    "La recherche du principe d'individuation qui fonde le projet métaphysique d'Aristote, censé rendre compte de la multiplicité des individus, ne doit plus être indexée à une théorie éthique du vivre-ensemble garantie par le souverain Bien qui serait la cause finale de l'existence, c'est-à-dire à une téléologie du bonheur ; si l'on peut maintenir la visée du bonheur comme telos de la vie humaine, vers lequel chacun tend naturellement, ce n'est pas pour justifier un ordre ontologique sous-jacent, mais pour s'inscrire dans un processus d'ontogénèse réciproque du sens que permet de définir la catégorie de transindividuel ; c'est à cette condition que peut émerger l'horizon du bonheur, d'un nouvel eudémonisme libéré du préjugé métaphysique." (p.67)

    "Chez Spinoza, la liberté se conçoit [...] comme un processus de libérations des passions confuses et tristes qui diminuent la puissance d'agir, par l'emploi de la raison qui s'applique à avoir des idées claires et distinctes sur les passions humaines." (p.78)

    "
    (pp.125-126)

    "
    (pp.126-127)

    "
    (pp.128-129)

    "
    (pp.135-136)

    "Un vitalisme pensé à la lumière de l'individuation et prenant en compte le caractère transductif de l'être peut à cette condition introduire au collectif, à une réalité qui "peut être nommée transindividuelle", et qui permet de penser les conditions réelles de la liberté." (p.136)

    "Comment à partir d'une juste appréciation de la nature humaine comme corporéité, fonder une éthique ou une morale qui permette de justifier ontologiquement la visée d'un bonheur ?" (p.144)

    "[Chez Spinoza comme Simondon] la substance n'est pas distincte du monde, mais en constitue la vérité interne: il n'y a ni création, ni émanation, ni chute, car l'être est infini et éternel." (p.154)

    "On pourra rapprocher la signification du conatus spinozien de l'apeiron des présocratiques auquel se réfère Simondon, qui réunit pour l'auteur [...] une dimension d'homogénéité, de cohérence, mais aussi une poussée de la physis, un dynamisme de l'être, qui amène l'individu à se déphaser pour intégrer les ordres de grandeur auquel son milieu associé, c'est-à-dire le monde, l'amène à se confronter, et qui se produit selon une double dialectique d'intériorisation de l'extérieur et d'extériorisation de l'intérieur justement à l'expérience transindividuelle, en tant qu'elle réalise un "désir éternité"." (p.156)

    "Penser le transindividuel comme un mode "social" de la substance infinie, comme cette puissance relationnelle que peut recéler l'individu en tant qu'il est relié à la charge d'infini ou d'indéfini (apeiron) qu'il véhicule, apparaît comme l'itinéraire d'un nouveau eudémonisme." (p.158)

    "Si une philosophie du corps peut fonder une éthique du bonheur, celle-ci prend toute sa mesure dans une philosophie du transindividuel où la visée du bonheur se comprend dans les termes d'une immanence de l'éternel à l'être, de cette joie que procure ce sentiment que "nous sentons et nous expérimentons que nous sommes éternels". [...] Ce bonheur est "associé à la communication libre des êtres", ce qui lui confère une portée proprement politique." (p.163)

    "Si l'homme a déjà connu de nombreux chocs narcissiques, il semble aujourd'hui qu'il doive en assumer un autre: celui qui met en jeu, non plus son identité cosmologique -Galilée- son identité religieuse -Darwin, ou encore son identité subjective -Freud- mais bien son identité nationale, culturelle et linguistique. [...]
    Comment préserver son identité culturelle sans rejeter celle des autres ?
    " (p.179)

    "Le principe individuation réfute le relativisme culturel fort, qui implique les deux caractères d'incommensurabilité et d'incommunicabilité des systèmes culturels." (p.180)

    "
    (p.185)

    "
    (pp.187-188)

    "
    (pp.205-206)

    "L'interculturalité devient la forme transductive d'une nouvelle sensibilité, où "proche" et "lointain" sont les formes élémentaires de la perception: la transduction est une opération de la pensée qui désigne la capacité de percevoir la pluralité comme condition de son unité, la différence comme condition de son identité." (p.215)

    "Nous pouvons nous appuyer ici sur les analyses de F[redrik] Barth [...] et [...] tenir pour acquis que la différence culturelle est une réalité positive qui ne s'efface pas, ou ne s'atténue pas dans la société d'accueil." (p.222)

    "Ressources offertes aux individus dans l'exercice de leur liberté [...] les cultures, en tant que véhiculées par des porteurs ou des agents culturels sont des facteurs d'individuation." (p.225)

    "Le principe de laïcité [...] [garantit] la neutralité de l'Etat par rapport aux conceptions du Bien." (p.226)

    "Dynamique d'amplification socio-culturelle de l'agir." (p.238)

    "Tout bonheur est en définitive transindividuel." (p.255)
    -Nicolas Dittmar, Simondon et le devenir. Une éthique du bonheur transindividuel, Les Éditions Ovadia, 2017, 377 pages.

    "L'intuition seule, dont Simondon reprendra la catégorie mais en la précisant et en lui ôtant ce qu'elle avait encore de pré-criticiste, assure au sujet une connaissance ou plutôt une compréhension de soi-même, parce qu'elle l'ordonne au Tout dont il partage la nature profonde qu'est la durée."
    -Jean-Hugues Barthélémy, Penser l'individuation. Simondon et la philosophie de la nature, Paris, L'Harmattan, 2005, p.43.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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