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    André Comte-Sponville, « Nous avons été spinozistes », une lecture matérialiste de Spinoza + André Comte-Sponville, Nietzsche et Spinoza (in Du matérialisme au tragique et retour)

    Johnathan R. Razorback
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    André Comte-Sponville, « Nous avons été spinozistes », une lecture matérialiste de Spinoza + André Comte-Sponville, Nietzsche et Spinoza (in Du matérialisme au tragique et retour) Empty André Comte-Sponville, « Nous avons été spinozistes », une lecture matérialiste de Spinoza + André Comte-Sponville, Nietzsche et Spinoza (in Du matérialisme au tragique et retour)

    Message par Johnathan R. Razorback Mer 27 Jan - 17:46



    "La pensée, pour lui, existe aussi absolument que la matière, comme on le voit dès la première proposition de la deuxième partie de l’Éthique (« La pensée est un attribut de Dieu, autrement dit Dieu est chose pensante »), et c’est ce que je n’ai jamais réussi à concevoir : je suis convaincu quant à moi que la nature ne pense pas."

    "Être matérialiste, c’est en effet expliquer le plus haut par le plus bas : par exemple la pensée par la vie non pensante, la vie par la matière inanimée, l’esprit par le corps, la superstructure par l’infrastructure, etc., ce qui suppose que le plus bas ou le plus simple existe d’abord, et engendre le plus haut par un processus historique de complexification – par quoi, comme Guyau l’avait vu, l’idée de progrès est aussi importante, dans la tradition matérialiste, que celle de chute dans la tradition religieuse ou idéaliste."

    "Cela me fait donc trois raisons de n’être pas spinoziste : je ne partage ni la conception dogmatique qu’il se fait de sa propre philosophie, ni le statut absolument réel qu’il accorde aux idées vraies (l’affirmation que la nature est « chose pensante »), ni enfin l’idée que l’identité de l’âme et du corps soit autre chose que le corps lui-même."

    "Ce que je reproche aujourd’hui à Spinoza, comme d’ailleurs à Épicure, c’est d’avoir évacué le tragique, ou plutôt de vouloir l’évacuer, non pas certes de la condition humaine, où sa place est bien marquée, mais de la sagesse – ce qui revient à fantasmer une sagesse inhumaine ou impossible, quand seule une sagesse tragique, c’est-à-dire consciente de ses limites et de son propre échec, peut nous convenir."

    "La part de notre âme qui est censée ne pas mourir à la mort du corps (mais comment est-ce possible, si « l’âme et le corps sont une seule et même chose » ?), disons ce qu’il y a en nous de connaissance ou de vérité, peut bien être vécu, parfois, mais n’est pas nous. Comment pourrait-elle nous consoler de mourir ou, a fortiori, d’avoir perdu ceux que nous aimons ?"

    "Refuser de confondre la sagesse et l’absence de trouble ou d’émotions. Pas de sagesse sans une part de sérénité ? Dont acte. Mais il y a deux façons d’être serein : soit parce qu’on ne ressent aucun trouble, aucune peur, aucune inquiétude (l’ataraxia d’Épicure, l’apatheia des stoïciens), soit parce qu’on accepte sereinement d’être parfois troublé, inquiet, voire d’avoir peur, ce qui est le début du courage. Sagesse de Montaigne (« Il y a toujours quelque pièce qui va de travers ») ou d’Etty Hillesum (« s’aguerrir, non s’endurcir[106] »). Pourquoi faudrait-il, pour augmenter notre puissance d’exister et d’agir – ce qui me paraît une autre définition possible de la vie bonne –, diminuer en proportion notre puissance, car c’en est une aussi, d’être ému ou troublé, de pâtir, de souffrir ? Pouvoir pâtir ou souffrir, pour le corps, est une puissance, dont l’absence nous vouerait à la mort, non une faiblesse."
    -André Comte-Sponville, "« Nous avons été spinozistes », une lecture matérialiste de Spinoza", 21/10/2020: https://aas.hypotheses.org/706#_ftn53

    « Spinoza n’a pas défini l’essence spécifique de l’homme. […] En toute rigueur et théoriquement, il ne sait pas ce que c’est que l’homme, et il s’en passe très bien : il n’a pas besoin de le savoir pour édifier son système. »
    -Alexandre Matheron, « L’Anthropologie spinoziste ? », Anthropologie et politique au XVIIe siècle, Vrin, 1986, p. 21.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

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    André Comte-Sponville, « Nous avons été spinozistes », une lecture matérialiste de Spinoza + André Comte-Sponville, Nietzsche et Spinoza (in Du matérialisme au tragique et retour) Empty Re: André Comte-Sponville, « Nous avons été spinozistes », une lecture matérialiste de Spinoza + André Comte-Sponville, Nietzsche et Spinoza (in Du matérialisme au tragique et retour)

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 18 Mar - 11:34

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Comte-Sponville

    "Pur un philosophe de ma génération, le rapport Spinoza-Nietzsche fait partie des passages obligés de l'histoire de la philosophie. Ce fut, pendant dix ou vingt ans, comme la voie royale de la modernité. Il y avait d'un côté la trinité des « maîtres du soupçon » – Marx, Nietzsche, Freud –, et de l'autre (ou plutôt du même, mais en amont), fortement marquée par Gilles Deleuze ou Clément Rosset, la filiation Lucrèce-Spinoza-Nietzsche, laquelle traversait souterrainement l'histoire de la philosophie et maintenait, contre les arrière-mondes de l'idéalisme ou de la superstition, les exigences toniques d'une pensée de l'immanence, de l'affirmation et de la joie.

    Disons-le tout de suite : cette trinité comme cette filiation me paraissent toujours correspondre à quelque chose de réel, et mon but n'est pas d'en nier totalement le bien-fondé. Il reste que, de ces deux triades, l'une à peu près synchronique (les maîtres du soupçon) et l'autre diachronique (disons : les maîtres de la joie), Nietzsche est le seul élément commun et fait fonction, à ce titre, de pivot ou de plaque tournante de l'ensemble. C'est l'une des raisons – non certes la seule – qui explique son exceptionnelle importance pour notre époque. Sa pensée semble constituer, au moins depuis les années 1970 (et à l'égal de ce que fut Marx dans la période précédente), l'horizon indépassable de notre temps." (p.321)

    "[Contre-sens de Nietzsche sur le rejet spinoziste des passions] Il va de soi que Spinoza ne préconise par ailleurs aucun « renoncement au rire », bien au contraire ! Voir par exemple Éthique, IV, scolie du corollaire 2 de la prop. 45 : « Entre la raillerie (que j'ai dit être mauvaise) et le rire, je fais une grande différence. Car le rire, comme aussi la plaisanterie, est une pure joie et, par suite, pourvu qu'il soit sans excès, il est bon par lui-même. »." (note 2 p.331)

    "Conatus – que Nietzsche interprète, bien sûr à tort, comme une force purement défensive et conservatrice." (p.335)

    "Spinoza – malgré sa grandeur et peut-être à cause d'elle – résume ainsi une bonne part de ce que Nietzsche refuse : la métaphysique « suceuse de sang », la douceur haineuse des faibles, l'universalisation (via le christianisme) du Dieu juif, l'esprit démocratique qui en résulte ou dont elle procède (le Dieu judéo-chrétien est « le démocrate parmi les dieux »), la pâleur du malade (Spinoza, « poitrinaire », était en effet « d'une constitution très faible, malsain, maigre, et attaqué de phtisie »), enfin, au service du ressentiment et de l'égalitarisme plébéien, l'« intelligence supérieure » et la « formidable logique », la « terrifiante logique » du Juif…" (pp.341-342)
    -André Comte-Sponville, "« Un anachorète malade » (Nietzsche et Spinoza)", chapitre in Du matérialisme au tragique et retour, PUF, 2015.

    "Une race débordante de force et amie du jeu affirmerait au sens eudémoniste justement les passions, la déraison et le changement, avec leurs conséquences : danger, contrastes, catastrophes." -Nietzsche, La Volonté de puissance, I, 220.

    « À la valeur de ce qui demeure éternellement semblable à soi-même (cf. la naïveté de Spinoza, de Descartes également), opposer la valeur de ce qu'il y a de plus bref et de plus passager, l'éclair d'or séduisant qui s'allume au ventre du serpent, la vie… » -Nietzsche, VP, III, 513.




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    Message par Johnathan R. Razorback Dim 21 Mar - 14:07

    https://fr.1lib.fr/book/2665509/877fed

    Dictionnaire philosophique

    https://fr.1lib.fr/book/4641844/460995

    Petit traité des grandes vertus

    https://fr.1lib.fr/book/5553644/4753a6

    Le capitalisme est-il moral ?

    https://fr.1lib.fr/book/5667395/cfc88c

    La vie humaine




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