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    Denis Collin, Les grandes notions philosophiques 5. Le travail et la technique

    Johnathan R. Razorback
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    Denis Collin, Les grandes notions philosophiques 5. Le travail et la technique Empty Denis Collin, Les grandes notions philosophiques 5. Le travail et la technique

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 5 Jan - 16:43



    "Bergson [...] définit l'homme comme homo faber." (p.1)

    "Le travail présente une double face: condition de la libération de l'homme, il l'enchaîne. [...]

    La sociabilité de l'homme est étroitement liée au travail: la cité repose sur la division du travail, coopération organisée entre les individus pour réaliser certains buts fixés à l'avance. Mais cette division est aussi appauvrissement du travail "en miettes" et division de la société." (p.1)

    "Le travail joue un rôle essentiel dans la formation théorique:
    -par la diversité de représentations et de connaissance qu'il exige ; le travail manuel le plus simple exige un ensemble complexe de représentations, de calculs, d'appels à la mémoire et à l'expérience passée. Hegel laisse entendre que l'opposition entre travail manuel et activité intellectuelle est non pertinente.
    -par la rapidité de l'activité de représentation et de passage d'une représentation à l'autre, l'appréhension de représentations compliquées et universelles. Dans la formation pratique par le travail, l'homme produit à la fois le besoin et les moyens de le satisfaire. Mais il acquiert en même temps "l'habitude de l'occupation en général", il apprend à contrôler rationnellement sa propre activité -le travail confronte l'homme à la résistance de la nature-, d'autre part socialement, "en fonction de l'arbitraire des autres" puisque le travail doit satisfaire un besoin social.
    -Le travail est la marque de la civilisation ("le barbare est paresseux" dit Hegel) [...]
    -Dans le développement de l'industrie, l'entendement, et non la nature, joue le rôle essentiel. La richesse économique dépend de l'intelligence humaine bien plus que des ressources naturelles." (pp.7-Cool

    " [Arendt donne] une vision bien trop sélective et trop unilatérale de la pensée grecque. Tout un pan de la tradition mythologique et de la philosophie grecque peut être lu comme une apologie du travail. La manière dont Hésiode rapporte le mythe de Prométhée dans Les Travaux et les Jours fait du travail une valeur fondamentalement positive: "Ceux qui travaillent deviennent mille fois plus chers aux immortels." (p.14)

    "L'opposition entre travail et œuvre [...] repose sur une naturalisation excessive des activités humaines consacrées à la reproduction des conditions de vie. Elles ne peuvent se réduire à la pure peine de l'esclave, car:
    -elles sont toujours des produits d'une élaboration intellectuelle et de techniques complexes ;
    -ce sont sont des activités qui s'inscrivent dans la durée et même, à certains égards, dans une durée plus longue que la durée des objets de l'oeuvre (le paysage reste souvent façonnée par l'organisation du travail agricole du Moyen Age) ;
    -l'évolution des techniques modernes efface la différence entre le travail et l'œuvre mais pas dans le sens où Hannah Arendt le voyait: les produits nécessaires à la vie sont de moins en moins des produits de la nature et de plus en plus des artefacts entièrement créés par l'homme." (p.15)

    "[Pour Marx] L'organisation physique des hommes leur dicte de produire leurs moyens d'existence. Ils ne les trouvent pas tout prêts dans la nature. En travaillant pour survivre, les hommes manifestent eux-mêmes leur distinction d'avec les animaux. Ils s'affirment donc comme des êtres non naturels. Le travail est de ce fait une caractéristique essentielle de l'homme." (p.16)

    "Marx ne condamne pas le travail en général mais le travail aliéné, caractéristique des sociétés divisées en classes. Cinq traits caractérisent ce que Marx appelle aliénation:
    -Le travail échappe à l'homme. Le produit du travail est accaparé par le propriétaire des moyens de production.
    -Dans le salariat, le travailleur ne vend pas n'importe quelle marchandise: c'est lui-même.
    -Le produit du travail, c'est du capital. Le produit du travail de l'ouvrier se dresse face à lui comme son ennemi. La finalité du travail échappe au travailleur dans la division du travail.
    -Le travail parcellaire réduit le travailleur à être un auxiliaire du procès de production et non plus tout à la fois son origine et sa fin.
    -La puissance personnelle (subjective) du travailleur se transforme en puissance objective du capital." (p.20)
    -Denis Collin, Les grandes notions philosophiques 5. Le travail et la technique, Seuil, 1999, 63 pages.




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