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    Irlande Saurin,

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Irlande Saurin,  Empty Irlande Saurin,

    Message par Johnathan R. Razorback Ven 26 Mar - 15:45

    "Du point de vue des normes, Simondon propose une analyse assez étonnante qui consiste à transposer des normes applicables aux objets techniques à l’être humain, mais selon un principe de prudence. Si l’on prend en effet au sérieux les processus de synergie fonctionnelle à l’œuvre dans le développement des objets techniques, un certain nombre de normes peuvent être déduites : la non-destructivité, l’effort de conservation et de réactualisation (ce qu’on pourrait appeler « recyclage », non pas au sens du recyclage de la simple matière, mais au sens de conservation et de réutilisation du matériel technique encore opératoire), l’optimisation (non pas au sens économique du terme, mais au sens d’une amélioration globale des relations internes de fonctionnement entre les éléments d’un dispositif technique)." (p.162)

    "Simondon note que ces normes peuvent servir de minimum normatif, de seuil moral minimal pour les normes applicables aux êtres humains et aux relations aux êtres humains. Le principe de transposition est le suivant : « Ce serait déjà un progrès moral inestimable si l’on appliquait à tout être humain et plus généralement à tout vivant les normes de protection, de sauvegarde et de ménagement que l’on accorde intelligemment à l’objet technique ; on doit traiter l’homme au moins comme une machine, afin d’apprendre à le considérer comme celui qui est capable de la créer. »

    Notons un cas paradigmatique de cette transposition, qui s’inscrit dans une méditation sur la convergence féconde entre sacralité et technicité dans la sphère des normes juridiques. Sur la question de la peine de mort, en effet, le point de vue de la technicité conduirait à invalider définitivement l’idée selon laquelle la suppression totale d’un individu pourrait constituer le moindre début de résolution de problème social, pénal ou moral. Du point de vue de la technicité, en effet, la peine de mort ne peut apparaître que comme « monstrueuse », « parce qu’elle n’optimise rien, étant totalement destructrice »." (pp.162-163)
    -Irlande Saurin, "Comprendre la technique, repenser l’éthique avec Simondon": http://r3ilab.fr/wp-content/uploads/2018/02/1-comprendre-la-technique-repenser-l-ethique-avec-simondon.pdf

    « Le sens de la valeur réside dans le sentiment qui nous empêche de chercher une solution déjà donnée dans le monde ou dans le moi, comme schème intellectuel ou attitude vitale ; la valeur est le sens de l’optatif ; on ne peut en aucun cas réduire l’action au choix, car le choix est un recours à des schèmes d’actions déjà préformées et qui, à l’instant où nous les éliminons toutes sauf une, sont comme du réel déjà existant dans l’avenir, et qu’il nous faut condamner à n’être pas. Le sens de la valeur est ce qui doit nous éviter de nous trouver devant des problèmes de choix ; le problème du choix apparaît quand il ne reste plus que la forme vide de l’action, quand les forces techniques et les forces organiques sont disqualifiées en nous et nous apparaissent comme des indifférents. S’il n’y a pas perte initiale des qualités biologiques et techniques, le problème du choix ne peut se poser comme problème moral, car il n’y a pas d’actions prédéterminées, comparables à ces corps que les âmes platoniciennes doivent choisir pour s’incarner. Il n’y a ni choix transcendant, ni choix immanent, car le sens de la valeur est celui de l’auto-constitution du sujet par sa propre action. Le problème moral que le sujet peut se poser est donc au niveau de cette permanente médiation constructrice grâce à laquelle le sujet prend progressivement conscience du fait qu’il a résolu des problèmes, lorsque ces problèmes ont été résolus dans l’action. »
    -G. Simondon, l’Individuation à la lumière des notions de formes et d’information, préface de Jacques Garelli, Grenoble, Jérôme Millon, coll. « Krisis », 2005, p. 507.





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