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    Le Tiqqun (revue)

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Sam 26 Déc 2020 - 13:47

    « L’essence de l’économie, ce pseudonyme transparent sous lequel la modernité marchande essaie régulièrement de se faire passer pour une éternité d’évidence, n’est rien d’économique ; et de fait, son fondement, qui lui tient lieu de programme, s’énonce en ces termes abrupts : NÉGATION DE LA MÉTAPHYISIQUE. »

    « La négation réalisée de la métaphysique n’et en fin de compte que la réalisation d’une métaphysique de la négation. »

    « Parce que le projet de la modernité marchande n’est rien, sa réalisation n’est que l’extension du désert à la totalité de l’existant. C’est ce désert que nous venons ravager. »

    « Il fait peu de doute, pour nous, que « le tourmenteur et le tourmenté ne font qu’un, que l’un se trompe en croyant qu’il ne participe pas au tourment, l’autre en croyant qu’il ne participe pas à la faute » -à la niche, Bourdieu ! »

    « Si l’on se divertit, il faut bien que ce soit de quelque chose et que ce quelque chose soit devenu une bien obsédante présence. »

    « Il n’est pas superflu d’être sabbatéen. »

    « La consommation ne parvient plus à éponger l’excès des larmes contenues. Aussi faut-il mettre en œuvre des dispositifs de sélection toujours plus ruineux et plus drastiques pour exclure des rouages de la domination ceux qui n’ont pu ravager en eux-mêmes toute propension à l’humanité. »

    « L’absence de conscience n’est que le refoulement continu de celle-ci. »

    « Le geste de reconnaître l’oubli de l’Etre, et par là de sortir du nihilisme, n’est rein qui aille de soi, rien qui soit susceptible d’un fondement rationnel, il s’agit d’une décision morale. Non pas abstraitement, mais concrètement morale : car dans le monde de la marchandise autoritaire, où le renoncement à la pensée est première condition d’«intégration sociale », la conscience est immédiatement un acte, et un acte pour lequel il est courant que l’on juge bon de vous affamer, soit directement, soit indirectement, par le gracieux office de ceux dont vous dépendez. »  

    « On combat soi pour le Spectacle, soi pour le Parti Imaginaire ; entre les deux, il n’y a rien. »

    « Tous ceux qui peuvent s’accommoder d’une société qui s’accommode si bien de l’inhumain, tous ceux qui se trouvent déjà bien bons de faire à leur propre souffrance comme à celle de leurs semblables l’aumône de leur indifférence, tous ceux qui parlent du désastre comme s’il s’agissait d’un nouveau marché aux débouchés prometteurs –ne sont pas nos frères. »

    « Une fois pour toute, il n’y a pas de monde marchand, il n’y a qu’un point de vue marchand sur le monde. »

    « L’excellent est plus réel, plus général que le médiocre, car il réalise plus pleinement son essence : le concept unifie bien une variété, mais il l’unifie en l’aristocratisant. »

    « La liquidation systématique de tout ce qui, dans l’immédiateté, recelait une transcendance (communautés, ethos, valeurs, langage, histoire) ayant dangereusement placé les hommes face à la l’exigence de la liberté, on décida de produire industriellement des transcendances de pacotille, et de la trafiquer à prix d’or. »

    « La Figure ne se laisse pas déduire simplement de ses manifestations, étant elle-même ce qui les fonde. »

    « Toute la pensée révolutionnaire « moderne » se résout devant nos yeux dans la rencontre de l’idéalisme allemand et du concept de Tiqqun, qui désigne, dans la Kabbale lurianique, le processus de la rédemption, de la restauration de l’unité du sens et de la vie, de la réparation de toutes choses par l’action des hommes eux-mêmes. »

    « La Métaphysique Critique est la négation déterminée de la domination marchande. »

    « La critique n’a plus d’autre choix que de saisir les choses à la racine ; or, la racine, pour l’homme, c’est son essence métaphysique. »

    « Faire éclater l’aura de familiarité de ce qui passe encore pour la « réalité », en la dévoilant comme construction. »

    « La Métaphysique Critique est elle-même cette inquiétude qui ne se laisse plus concevoir comme faiblesse, ou comme vulnérabilité, mais comme ce dont toute force émane. Elle n’est pas faite pour apporter la sécurité aux faibles qui ont besoin d’appui, mais pour les amener au combat. »
    -Le Tiqqun, Qu’est-ce que la Métaphysique Critique ? (1999)

    « Et ces hommes-là crucifient plus volontiers ceux qui viennent dissiper l’illusion de leur sécurité, que ceux qui la menacent véritablement. Il ne leur suffit pas d’être indifférents à la vérité. Ils la veulent morte. »

    « Quoi de plus ridicule, en effet, que cette abstraction statistique de l’impuissance que l’on persiste à nommer « citoyen » ? »

    « Le Bloom a désappris la joie comme il a désappris la souffrance. Tout est usé, chez lui, même le malheur. Il ne croit pas que la vie soit digne d’être vécue, mais que se suicider n’en vaut pas la peine. Il n’a ni l’appui du doute ni de la certitude. »

    « La naissance du Bloom suppose la naissance d’un monde, le monde du Spectacle, où la métaphysique qui anéantit toute différence qualitative dans l’identité de la valeur, qui abstrait chaque manifestation de la vie de l’ensemble dont elle tient son rang et son sens, et qui ne voit finalement en chaque homme qu’une répétition du type générique, passe dans l’effectivité. »

    « Le Bloom apparaît inséparablement comme produit et cause de la liquidation de tout ethos substantiel, sous l’effet de l’irruption de la marchandise dans l’ensemble des rapports humains. […] Le Bloom [est] l’homme sans racine, l’homme qui a pris le sentiment d’être chez soi dans l’exil, qui s’est enraciné dans l’absence de lieu, et pour lequel le déracinement n’évoque plus le bannissement, mais au contraire la mère-patrie. »

    « [Au sein du Spectacle], ce qui est représenté n’est jamais vécu, tandis que ce qui est vécu n’est jamais représenté. »

    « [Le Bloom] présente une atrophie de la mémoire qui le confine à un éternel présent ; et c’est pourquoi il est si exclusivement sensible à la musique, qui seule peut lui offrir des sensations abstraites. »

    « Il importe uniquement d’amener les circonstances historiques dans lesquelles le Bloom pourra être en tant que tel dépassé. »

    « La palme de la cécité revient aux sociologues qui, tels Castoriadis, parlent de « repli sur la sphère privée » sans préciser que cette sphère a elle-même été entièrement socialisée. »

    « Le Bloom est bien cet être qui vit « dans l’intérieur le plus général », en qui toute différence substantielle d’avec d’autres hommes a été effectivement abolie, qui est quelconque jusque dans le désir de se singulariser, mais qui ne le sait pas. »

    « [Pour le Spectacle] Il est de toute première instance que les hommes s’apparaissent à eux-mêmes et les uns aux autres comme quelque chose d’opaque et d’effrayant. »

    « Le Bloom se voit dorénavant régulièrement exhorté à être « fier » de ceci ou cela, d’être homo ou techno, beur, black ou caillera. Quoi qu’il arrive, il faut que le Bloom soit quelque chose, et n’importe quoi plutôt que rien. »

    « Le Spectacle appelle « violence » tout ce qui le contredit. »

    « Partout où l’ordre semble fermement établi, la négativité préfère se retourner contre soi, en maladie, en souffrance ou en servitude forcenée. Il est pourtant des cas inestimables où des êtres isolés prennent l’initiative sans espoir ni stratégie de faire brèche dans le cours réglé du désastre. »

    « L’homme du nihilisme accompli […] a bien tort de se croire vierge de toute faute au motif qu’il n’a rien fait. »

    « Il va de soi que le houellebecq, le bouddhiste ou le jeune-cool désabusé ne restent que formellement auprès d’eux-mêmes, et ne peuvent se dépasser en tant que Bloom. Or le Bloom est quelque chose qui doit être dépassé. Il est un néant qui doit s’autoanéantir. Précisément parce qu’il est l’homme du nihilisme accompli, la destination du Bloom est d’opérer la sorte du nihilisme, ou périr. »

    « La désignation du front participe du passage de la ligne mais ne l’accomplit pas. Cela, seul le combat le peut. […] Parce qu’il est l’expérience de la communauté la plus profonde, celle qui côtoie en permanence l’anéantissement et ne se mesure qu’à l’extrême proximité du risque. Vivre ensemble au cœur du désert dans la même résolution à ne pas se réconcilier avec lui, telle est l’épreuve, telle est la lumière.

    […] Tout comme les hommes ont besoin d’elle pour se tenir à hauteur de mort, dansant avec le temps qui les tue, la communauté a besoin de la mort, qui constitue seule un dissolvant assez puissant de toutes les réifications pour rendre possible quelque chose comme l’amour ou l’amitié. Elle est donc par essence le
    lieu de la souveraineté, où les hommes défient leur finitude au jeu de la gloire. La certitude que le dernier acte sera sanglant, et que tout sera perdu quelque belle que soit la partie en tout le reste, n’est pas faite pour éloigner les joueurs ; au contraire, elle exerce sur eux la plus impérieuse fascination. Notre vie n’est qu’une tâche intemporelle à accomplir dans le temps, et dont la valeur ne dépend que du contact que nous aurons su y établir avec une tradition, au sens où Benjamin entend ce mot, c’est-à-dire comme « discontiuum du passé » opposé au "continuum des événements de l’histoire universelle". Mais la splendeur de notre tragédie serait peu de choses si nous n’éprouvions avec une si parfaite acuité le sentiment de sa vanité. »
    -Le Tiqqun, Théorie du Bloom (1999).

    « C’est à tort que l’on réduit la guerre à l’événement brut de l’affrontement, mais pour des raisons qui s’expliquent sans mal. Certainement, il serait tout à fait dommageable à l’ordre public que celle-ci soit appréhendée pour ce qu’elle est réellement : l’éventualité suprême dont la préparation et l’ajournement travaillent intérieurement, en un mouvement continuel, tout groupement humain, et dont la paix n’est au fond qu’un moment. Il en va identiquement de la guerre sociale dont les batailles peuvent demeurer, à leur paroxysme, parfaitement silencieuses et, pour ainsi dire, blanches. A peine les devine-t-on à un soudain regain de l’aberration dominante. Renseignement pris, il faut reconnaître que les affrontements sont exagérément rares, comparés aux pertes. »

    « La société marchande n’a depuis sa naissance jamais renoncé à sa haine absolue du politique, et c’est bien en ceci que réside sa plus grande contrariété que le projet de l’éradiquer soi lui-même encore politique. »

    « C’est à présent toute manifestation de la transcendance, dont la politique est une forme fracassante, toute velléité de liberté, toute expression de l’essence métaphysique et de la négativité des hommes qui est traitée comme une maladie qu’il importe, pour le bonheur général, de supprimer. »

    « La politique est […] plus que jamais l’élément total, existentiel, métaphysique dans lequel se meut la liberté humaine. »

    « Déjà, des masses d’hommes silencieux et solitaires apparaissent, qui choisissent de vivre dans les interstices du monde marchand et refusent de participer à quoi que ce soit qui est rapport avec lui. »

    « La période historique dans laquelle nous entrons doit être un temps d’extrême violence et de grands désordres. »

    « Il s’agit de répandre l’inquiétude qui fait les hommes métaphysiciens. »

    « A aucun moment, [la rébellion qui vient] ne prétend tirer sa légitimité du Peuple, de l’Opinion, de l’Église, de la Nation, ou de la Classe Ouvrière, même sous une forme atténuée. Elle fonde sa cause sur rien. »

    « Le  Bloom est partout, mais la sociologie ne le voit nulle part. […] Avec la mort de la sociologie, c’est tout un pan de la critique sociale classique fondée sur la sociologie et comme sociologie qui, en s’effondrant, révèle son essence fourbe et servile. Cette critique-là n’est plus au niveau de l’époque, elle n’est plus apte ni à la décrire, ni à la contester. Cette tâche revient désormais à la Métaphysique Critique. »

    « Tous ceux qui, aimant la vérité mais certainement pas la même vérité, s’entendent pour ravager le despotisme de la dérisoire métaphysique marchande, se rallient au Parti Imaginaire. »

    « La guerre à outrance que le Spectacle livre au Parti imaginaire et à la liberté dévaste d’ores et déjà des régions entières de l’espace social. »

    « Les esprits les plus faibles se rendent à de si folles rumeurs qu’il n’est personne qui soit en mesure ni de les confirmer, ni de les démentir. »

    « Que le Parti imaginaire vienne à bout de la société marchande et que cette victoire soit irréversible, cela dépendra de sa faculté à donner intensité, grandeur et substance à une vie affranchie de toute domination. »
    - Le Tiqqun, Thèses sur le Parti Imaginaire (1999).

    « Un certain ton impérieux est de mise quand il s’agit de jeter bas un ordre qui repose sur la souffrance des hommes, et la perpétue. »

    « Nous n’apprécions, chez les êtres que nous rencontrons, rien tant que cette froide résolution à ruiner ce monde. »

    « Qu’ils daignent se placer dans notre optique, tous ceux qui ont cru pouvoir changer le monde sans aller jusqu’à l’interpréter, tous ceux qui n’ont pas voulu voir qu’ils opéraient dans des conditions radicalement nouvelles, et ils verront qu’au bout du compte ils n’ont fait que servir celui qu’ils pensaient défier. »

    « Nous ne pouvons dépasser le nihilisme sans le réaliser, ni le réaliser sans le dépasser. »

    « Le moment de la destruction générale des choses à reçu, dans la tradition sabbatéenne, le nom de Tiqqun. »
    - Le Tiqqun, Le silence et son au-delà (1999).

    « C’est cette nature finalement métaphysique et ontologique du concept de Spectacle qui fait que Debord donne autant de définitions différentes du Spectacle, dont on voit mal, sinon, comment elles pourraient s’accorder, s’unir en un tout organique. Debord, comme la plupart des théoriciens révolutionnaires jusqu’à maintenant, n’a pas voulu ou n’a pas su reconnaître qu’il se plaçait sur le terrain de la métaphysique, pour critiquer la métaphysique marchande. C’est pourtant ce fait et sa nécessité que révèle la Métaphysique Critique. […] La critique du Spectacle est métaphysique ou n’est pas. »
    - Le Tiqqun, De l’économie considérée comme magie noire (1999).

    « Hors des espaces toujours plus nombreux où elle doit visiblement mener la guerre, la domination, dans ses formes les plus avancées, répugne assez à la force brute. »

    « La Jeune-Fille est la figure contemporaine de l’autorité. La critique véritable, celle dont les ravages sont à la fois les plus définitifs et les plus immédiats, doit commencer par établir la cartographie de l’oppression élémentaire. »

    « Tout le caractère révolutionnaire de la critique est contenu dans sa capacité à donner à l’expérience la formes de Figures. […] La Figure ne tient pas dans l’immanence de l’histoire et n’est pas engendrée par elle. Elle est antérieure et postérieure au temps. « La Figure est, et aucune évolution ne l’accroît ni ne la diminue » (Jünger). Chaque époque se clarifie en quelques Figures […] La Figure est l’ens realissimum. Elle est la véritable puissance métaphysique. »

    « Au sein de la Publicité marchande, c’est-à-dire au sein d’un état d’explicitation des Désirs totalement aliéné, tout ce en quoi le Bloom diffère de la Jeune-Fille constitue objectivement un manque, une difformité. »

    « Au regard de la figure de la Jeune-Fille, les différences d’âge comme de sexe sont insignifiantes. […] Il n’y a pas d’affranchissement individuel de la Figure de la Jeune-Fille. […] C’est de façon collective que la théorie de la Jeune-Fille doit être ressaisie. »

    « En tant que réalité quotidienne, la Jeune-Fille paraît au premier coup d’œil comme quelque chose de trivial et qui se comprend de soi-même. Il n’en est rien. »

    « Le mensonge cardinal des théoriciens réside dans le fait de présenter le résultat de leur élaboration de telle façon que le processus de l’élaboration n’y apparaisse pas. »

    « La vérité est un ravage. »

    « Ainsi que l’a remarquablement montré Stuart Ewen dans Consciences sous influence, la société marchande élabora et imposa délibérément, à partir des années 20, la Jeunesse et la Féminité comme idéaux industriels au service d’une diffusion massive de la morale des consommateurs et du constant renouvellement des modes de vie qui s’associait à la modernisation du capitalisme. La Jeunesse donnait le modèle de toute docilité et de toute passivité, en même temps que d’un rapport à la société fondé exclusivement sur la consommation, par laquelle le Spectacle prétendait justement la sortir de la subordination à laquelle elle était traditionnellement condamnée. Quant à la Féminité, elle se trouvait brutalement sortie de la minorité où on l’avait depuis si longtemps tenue, et investie des deux savoirs ésotériques propres à la nouvelle organisation sociale : celui de la consommation et celui de la séduction. Le Spectacle a donc bien affranchi les esclaves du passé, mais il les a affranchis en tant qu’esclaves. »

    « L’amour de la Jeune-Fille n’est qu’un autisme à deux. »

    « Toute l’incompressible agitation de la Jeune-Fille est, à l’image de cette société en chacun de ses points, gouvernée par le défi caché de rendre effective une métaphysique fausse et dérisoire dont la substance la plus immédiate est la négation du passage du temps, comme aussi bien l’occultation de l’être pour-pour-la-mort. »

    « La Jeune-Fille n’apprend jamais rien. Elle n’est pas là pour ça. »

    « Le triomphe de la Jeune-Fille tire son origine de l’échec du féminisme. »

    « La Jeune-Fille ne parle pas, au contraire : elle est parlée par le Spectacle. »

    « Avec elle-même, la Jeune-Fille est seule. »

    « La Jeune-Fille voudrait que le simple mot d’ « amour » n’impliquât pas le projet de détruire cette société. »

    « La Jeune-Fille aime ses illusions comme elle aime sa réification : en le proclamant. La Jeune-Fille connaît tout comme dénué de conséquences, même sa souffrance. Tout est drôle, rien n’est grave. Tout est cool, rien n’est sérieux. »

    « La Jeune-Fille est toute la réalité des codes abstraits du Spectacle. »

    « La Jeune-Fille est le ressentiment qui sourit. »

    « Il n’y a nulle part eu de « libération des mœurs », mais seulement la pulvérisation de tout ce qui faisait obstacle à une mobilisation totale du désir en vue de la production marchande. »

    « L’éducation de la Jeune-Fille suit le cours inverse de toutes les autres formes d’éducation, la perfection immédiate, spontanée de la jeunesse d’abord, puis les efforts pour se maintenir à la hauteur de cette nullité première et finalement la débâcle, devant l’impossibilité de revenir en-deçà du temps. »

    « La Jeune-Fille conçoit sa propre existence comme un problème de gestion qui attend d’elle sa résolution. »

    « A rebours de ce qui a cours dans les sociétés traditionnelles, qui reconnaissent l’existence des choses abjectes et les exposent en tant que telles, la Jeune-Fille nie leur existence et les dissimule. »

    « La Jeune-Fille n’aime pas les rides ; les rides ne sont pas conformes ; les rides sont l’écriture de la vie ; la vie n’est pas conforme. […] La Jeune-Fille vit séquestrée dans sa propre « beauté ». »

    « De la musculation aux crèmes antirides en passant par la liposuccion, c’est partout chez la Jeune-Fille le même acharnement à faire abstraction de son corps, et à faire de son corps une abstraction. »

    « La Jeune-Fille est le rapport social dominant. »

    « Dans les yeux de la Jeune-Fille, c’est le Spectacle qui vous regarde. »

    « Tous les comportements de la Jeune-Fille trahissent l’obsession du calcul. »

    « La Jeune-Fille est le point maximal de la socialisation aliénée, où le plus socialisé est aussi le plus asocial. »

    « La Jeune-Fille est celui qui a préféré devenir lui-même une marchandise, plutôt que de subir la tyrannie de celle-ci. »

    « La honte pour la Jeune-Fille ne tire constitue pas dans le fait d’être achetée, mais au contraire dans celui de n’être pas achetée. »

    « La Jeune-Fille vend sa « force de séduction » comme jadis on vendait sa « force de travail ». »

    « Au sein du nihilisme, toute notion de grandeur ou de prestige aurait depuis longtemps disparu, s’ils n’avaient été immédiatement convertibles en Jeunes-Filles. »

    « De même que l’organisation de la misère sociale a été rendue nécessaire après 68 pour rendre à la marchandise son honneur perdu, de même la misère sexuelle est nécessaire au maintien de la tyrannie de la Jeune-Fille, de la monnaie vivante. »

    « Le caractère fantomatique de la Jeune-Fille répète le caractère fantomatique de la participation à cette société, dont la Jeune-Fille est aussi la rémunération. »

    « Le temps libéré par le perfectionnement et l’efficacité accrue des instruments de production ne s’est pas soldé par une quelconque diminution du temps de « travail », mais par l’extension de la sphère du « travail » à la totalité de la vie. »

    « La Jeune-Fille constitue un dispositif politique. »

    « Par tous les moyens, la Jeune-Fille se défend contre la liberté. »

    « La séduction est le nouvel opium des masses. Elle est la liberté d’un monde sans liberté, la joie d’un monde sans joie. »

    « L’exemple terrible, dans le passé, de quelques femmes libres a suffi à convaincre la domination de l’opportunité de conjurer toute liberté féminine. »

    « La Jeune-Fille est le collaborateur idéal. Assurément, elle n’appartient pas au Parti Imaginaire. »

    « Dans le monde de la marchandise autoritaire, tous les éloges du désir sont immédiatement des éloges de la servitude. »

    « La Jeune-Fille vit dans l’illusion que la liberté se trouve au bout d’une soumission totale à la « Publicité » marchande. Mais au bout de cette servitude, il n’y a que la vieillesse et la mort. »

    « Les Jeunes-Filles forment l’infanterie des troupes d’occupation de la visibilité, la piétaille de l’actuelle dictature de l’apparence […] Un certain type de social-démocratie totalitaire lui convient à merveille. »

    « La Jeune-Fille est un instrument au service d’une politique générale d’extermination des êtres capables d’amour. »

    « Lorsque la Jeune-Fille « fait tomber le masque », c’est la domination qui vous parle en direct. »

    « La Jeune-Fille est une réponse offensive de la domination marchande à la crise dont le Bloom est la figure. »

    « L’essence de la Jeune-Fille est militaire. […] La Jeune-Fille a déclaré la guerre au hasard. […] La Jeune-Fille a déclaré la guerre à l’Esprit. […] La Jeune-Fille a déclaré la guerre à l’inquiétude […] à la politique […] au silence. Et pour finir, la Jeune-Fille a déclaré la guerre à la guerre. »

    « La Jeune-Fille est un article de consommation, un dispositif de maintien de l’ordre, un producteur de marchandises sophistiquées, un propagateur inédit des codes spectaculaires, une avant-garde de l’aliénation. »

    « Contre le transcendant, la Jeune-Fille n’a pas seulement une dent, mais une bouche entière de canines enragées. Sa haine envers tout ce qui est grand, envers tout ce qui n’est pas à portée de consommateur est sans mesure. »

    « La Jeune-Fille signifie la rage impatiente d’abolir la matière et le temps. Elle est un corps sans âme qui se rêve âme sans corps. »

    « La domination spectaculaire commande au désir, sa contestation doit commander au dégoût. »

    « La Jeune-Fille mortifie son corps pour se venger du Biopouvoir et des violences symboliques auxquelles le Spectacle le soumet. »

    « La théorie de la Jeune-Fille participe de la formation d’un regard qui sache haïr le Spectacle partout où il se cache, c’est-à-dire partout où il s’expose. »

    « La fin du Spectacle sera la fin de la Jeune-Fille. »
    - Le Tiqqun, Premiers Matériaux pour une Théorie de la Jeune-Fille (1999).

    « Ce baroque, à la différence du nôtre, était un spectacle qui rendait la mort partout présente, qui l’exorcisait par son exhibition même, au lieu de la reléguer dans l’impensé.
    C’est au sein de ce perpétuel memento mori que naît Don Juan, sous la plume d’un moine espagnol attaché à démontrer que le désir mécanique, éternellement inquiet, indifférent, n’est pas un péché contre la communauté des vivants, mais contre celle des morts, contre la transcendance. […] Sans transcendance, il n’y a pas de séduction. Don Juan n’est pas libre, mais esclave de l’unimensionalité d’un temps qui est déjà oublieux de la mort, donc de l’amour.
    »

    « [La disparition muette de la mort], sa ritualisation manquée, ouvrent la voie au désir indifférent, indifférent à la vie, donc à la mort. »

    « Le désir (cupiditas), écrit Spinoza, est l’essence même de l’homme, en tant qu’elle est conçue comme déterminée, par une quelconque affection d’elle-même, à faire quelque chose. » (Éthique, III), et c’est de son « essence », si nous voulons le dire en termes spinoriens, que l’homme se trouve exilé quand il habite l’indifférence du désir. »

    « La scientia sexualis qui, à partir du XVIIIème siècle, se substitue à l’ars erotica, est un savoir construit et produit pour désamorcer le potentiel inquiétant que le sexe, en tant que manifestation physique du métaphysique, porte en soi. »
    - Le Tiqqun, La théologie en 1999 (1999).

    « Il n’est rien que le Spectacle nomme et qui ait quelque chance d’en porter la contestation. »

    « Dépasser le Bloom, telle est la tâche. Toute la Métaphysique Critique tend vers ce but exclusif. »

    « L’histoire de nos méfaits commence à peine. »

    « Le travail se présente désormais comme un simple procédé de maintien de l’ordre par occupation du plus grand nombre possible de personnes. »

    « C’est en rendant le mouvement même du bouleversement passionnant que l’on rend son but désirable. Au point de dévastation et de désertification sociales où nous a amené la société marchande, ce n’est plus seulement l’amour qui est à réinventer mais l’ensemble des rapports humains. Notre succès dépendra largement de notre faculté à donner un exemple vivant d’une socialité libre et authentique. La « vrai vie » n’est pas un vain, ni une chimère de poète ; elle l’est si peu que de l’avoir connue une seule fois dans une de nos journées d’émeute suffit à rendre la mort préférable à la quotidienneté aliénée. »

    « Quand bien même cette entreprise devrait se solder par un désastre, elle aura réussi à briser provisoirement la séparation des hommes de bonne volonté. »

    « S’il n’y a rien à attendre de l’institution, qui doit être détruite, il n’en va pas de même de ceux qui la composent : eux sont susceptibles de conscience. Ils peuvent reconnaître la fonction sociale qu’on leur fait remplir, qui fait d’eux les tristes valets de l’oppression. »
    - Le Tiqqun, Les métaphysiciens-critiques sous le « mouvement des chômeurs » (1999).

    « Vous les Grelottants, les Agenouillés, les Cavernicoles, les Lâches, les Esclaves Apeurés. Il est temps que vous sortiez de vos terriers. Vous êtes sinistres. […] Les plus fins d’entre vous incrimineront la domination et la tyrannie d’une poignée de dirigeants corrompus, et ils cligneront de l’œil. Mais bien entendu, votre soumission est toute la réalité du monde de la domination. Il n’y a pas vous et le « système », sa dictature, ses pauvres et ses suicidés. Il n’y a que vous dans le système, soumis, aveugles et coupables.  »

    « Il n’est pas rare de trouver chez Negri lui-même des exemples de ce galimatias touffu et pédant d’universitaire logorrhéique dont Deleuze et Gualtari ont d’entre tous laissé les plus impérissables exemples. »

    « Nous convenons sans peine que tant qu’il y aura des intellectuels, c’est-à-dire tant que le questionnement, la pensée et la connaissance seront conçus comme des activités spécialisées et non génériques de l’homme, il n’y aura nulle part d’intelligence. »

    « La critique n’a que faire des docteurs en sociologie, et dans un camp comme dans l’autre, tout le monde s’accorde pour les laisser mourir de faim entre les mamelles creuses de leur Science. Car c’est de poètes et de théologiens qu’elle a désormais besoin, et non de fonctionnaires consciencieux de l’intelligence sociale. […] La sociologie est morte. Elle ne nous laissera pas un bon souvenir. »

    « Il est dans l’ordre que le petit milieu littéraire décomposé ait choisi le moment précis où la production de marchandises culturelles se révèle comme le modèle de la production « idéologico-politique » pour se mettre à pousser des cris d’orfraie, et en appeler au droit imprescriptible de la littérature à l’insignifiance. »
    - Le Tiqqun, Quelques actions d’éclat du Parti Imaginaire (1999).

    "Après tout, la sociologie était bien née tandis qu'apparaissait au cœur du social le conflit le plus irréconciliable qui ait jamais été, et là même où ce conflit irréconciliable, la lutte des classes, se manifestait le plus violemment, en France, dans la seconde moitié du XIXème siècle ; et autant dire: en réponse à cela."

    "L'ami est celui à qui me lie une élection, une entente, une décision telle que l'accroissement de sa puissance comporte aussi l'accroissement de la mienne. L'ennemi est, de manière symétrique, celui à qui me lie une élection, une mésentente telle que l'accroissement de ma puissance exige que je l'affronte, que j'entame ses forces. [...] Ce qui est en jeu dans l'affrontement de l'ennemi n'est jamais son existence, mais sa puissance."

    "Avec la Réforme puis les guerres de religion se perd, en Occident, l'unité du monde traditionnel. L'État moderne surgit alors comme porteur du projet de recomposer cette unité, séculièrement cette fois, non plus comme unité organique mais comme unité mécanique, comme machine, comme artificialité consciente. [...] Ce qui, dans la Réforme, devait ruiner toute l'organicité des médiations coutumières, c'est la brèche ouverte par une doctrine qui professe séparation de la foi et des œuvres, du royaume de Dieu et du royaume du monde, de l'homme intérieur et de l'homme extérieur."

    "L'Etat moderne, qui prétend mettre fin à la guerre civile, en est plutôt la continuation par d'autres moyens."

    "On s'étonnera bien peu, après cela, que la critique [comme le remarque Tocqueville dans l'Ancien Régime et la Révolution] ait donné ses chefs d'œuvre les plus aboutis précisément là où "les citoyens" avaient été le plus parfaitement dépossédés de tout accès à la "sphère politique", en fait à toute pratique ; où toute existence collective avait été placée sous la coupe de l'État, je veux dire : sous les absolutismes français et prussien du XVIIIème siècle. [...] La critique se voudra donc d'autant plus pure et radicale qu'elle sera plus étrangère à toute positivité à laquelle elle pourrait lier ses affabulations."
    -Le Tiqqun, Introduction à la guerre civile.

    "Dans chaque naissance tumultueuse à l'amour, renaît le désir fondamental de se transformer en transformant le monde. Le haine et la suspicion que les amants suscitent autour d'eux sont la réponse automatique et défensive à la guerre qu'ils font, du seul fait de s'aimer, à un monde où toute passion doit se méconnaître et mourir." (p.80)
    -Le Tiqqun, L'hypothèse cybernétique.

    "Une foule d'hommes qui fuient est une foule d'hommes seuls."

    "Le privé des dominants est toujours le plus misérable."
    -Le Tiqqun, Thèses sur la communauté terrible.

    "La circularité immanente du causalisme marxien, qui veut que les conditions d'existence déterminent la conscience des hommes et que les hommes fassent eux-mêmes, quoiqu'inconsciemment, leurs conditions d'existence, ne laissait au Parti, pour justifier sa prétention démiurgique à une reconstruction totale de la réalité, que le point de vue du Créateur souverain, du sujet esthétique absolu."

    "Tout ce qui demeure dans un musée résulte de l'arrachement d'un fragment, d'un détail à un milieu organique. Il devrait le suggérer, mais à lui seul il n'y parvient plus -ce en quoi Heidegger s'est lourdement trompé dans L'origine de l'œuvre d'art à l'origine d'elle-même."
    -Le Tiqqun, Le problème de la tête.

    "Imaginons [...] une civilisation dont la grammaire porterait en son centre, notamment dans l'emploi du verbe le plus courant de son vocabulaire, une sorte de vice, de défaut tel que tout serait perçu selon une perspective non seulement faussée, mais dans la plupart des cas morbide. Imaginons ce qu'il en serait alors de la physiologie commune de ses usagers, des pathologies mentales et relationnelles, de l'amoindrissement vital à quoi ceux-ci seraient exposés. Une telle civilisation serait certainement invivable, et ne produirait partout où elle s'étend que désastre et désolation. Cette civilisation, c'est la civilisation occidentale, ce verbe c'est tout bonnement le verbe être. Le verbe être non dans ses emplois d'auxiliaire ou d'existence -cela est- qui sont relativement inoffensifs, mais dans ses emplois d'attribution -cette rose est rouge- et d'identité -la rose est une fleur- qui autorisent les plus pures falsifications. Dans l'énoncé "cette rose est rouge", par exemple, je prête au sujet "rose" un prédicat qui n'est pas le sien, qui est plutôt un prédicat de ma perception: c'est moi, qui ne suis pas daltonien, qui suis "normal", qui perçoit cette longueur d'onde comme "rouge". Dire, "je perçois la rose comme rouge" serait déjà moins captieux. Quant à l'énoncé "la rose est une fleur", il me permet de m'effacer opportunément derrière l'opération de classification que je fais. Il conviendrait plutôt de dire "je classe la rose parmi les fleurs" -ce qui est la formulation commune dans les langues slaves."
    -Le Tiqqun, Une métaphysique critique pourrait naître comme science des dispositifs.

    "Nos actes de destruction, de sabotage, nous n'avons pas besoin de les faire suivre d'une explication dûment visée par la Raison humaine. Nous n'agissons pas en vertu d'un monde meilleur, alternatif, à venir."

    "Rien n'est pire qu'une victoire dont on ne sait que faire."

    "Contrairement à ce qu'ON nous a dit, le guerrier n'est pas une figure de la plénitude, et surtout pas de la plénitude virile. Le guerrier est une figure de l'amputation. Le guerrier est cet être qui n'accède au sentiment d'exister que dans le combat, dans l'affrontement avec l'Autre ; cet être qui ne parvient pas à se procurer par lui-même le sentiment d'exister. Rien n'est plus triste, au fond, que le spectacle de cette forme-de-vie qui, dans chaque situation, attendra du corps-à-corps le remède à son absence à soi. Mais rien n'est plus émouvant, aussi bien ; parce que cette absence à soi n'est pas un simple manque, un défaut d'intimité avec soi-même, mais au contraire une positivité. Le guerrier est bel et bien animé par un désir, et même par un désir exclusif: celui de disparaître. Le guerrier veut n'être plus, mais que cette disparition ait un certain style. Il veut humaniser sa vocation à la mort. C'est pourquoi il ne parvient jamais à se mêler vraiment au reste des humains, parce que ceux-ci se gardent spontanément de son mouvement vers le néant. Dans l'admiration qu'ils lui vouent se mesure la distance qu'ils mettent entre eux et lui. Le guerrier s'est ainsi condamné à la solitude. Une grande insatisfaction se rattache en lui à cela, à ce qu'il ne parvient à n'être d'aucune communauté, sinon de la fausse communauté, de la communauté terrible des guerriers, qui n'ont en partage que cette solitude. Le prestige, la reconnaissance, la gloire sont moins l'apanage du guerrier que la seule forme de rapport qui soit compatible avec cette solitude. Son salut et sa damnation y sont également contenus.

    Le guerrier est une figure de l'inquiétude et du ravage. A force de n'être pas là, de n'être que pour-la-mort, son immanence est devenue misérable, et il le sait. C'est qu'il ne s'est jamais fait au monde. Pour cette raison, il n'y est pas attaché ; il en attend la fin. Mais il y a aussi une tendresse, une délicatesse même du guerrier, et qui est ce silence, cette demi-présence. S'il n'est pas là, bien souvent, c'est qu'il ne pourrait, en cas contraire, qu'entraîner ceux qui l'entourent dans sa course à l'abîme. C'est ainsi qu'aime le guerrier : en préservant les autres de la mort qu'il a au cœur. A la compagnie des hommes, le guerrier préférera donc souvent la solitude. Et cela par bienveillance plus que par dégoût. Ou bien, il ira rejoindre la meute endeuillée des guerriers, qui se regardent glisser un à un vers la mort. Puisque tel est leur penchant
    ."

    "L'essence de toute communauté n'est pas discursive mais élective."
    -Le Tiqqun.


    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

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    Message par Johnathan R. Razorback Sam 18 Sep 2021 - 15:31

    "A force d’arrogance, d’opérations de «police internationale», de communiqués de victoire permanente, un monde qui se présentait comme le seul possible, comme le couronnement de la civilisation, a su se rendre violemment détestable. Un monde qui croyait avoir fait le vide autour de soi découvre le mal dans ses entrailles, parmi ses enfants. Un monde qui a célébré un vulgaire changement d’année comme un changement de millénaire commence à craindre pour son millénium. Un monde qui s’est durablement placé sous le signe de la catastrophe réalise à contrecœur que l’effondrement du «bloc socialiste » n’augurait pas de son triomphe, mais de l’inéluctabilité de son propre effondrement. Un monde qui s’est empiffré aux sons de la fin de l’Histoire, du siècle américain et de l’échec du communisme va devoir payer sa légèreté." (pp.11-12)
    -"Tout a failli, vive le communisme !", Tiqqun 2, textes de 2001, La Fabrique Eds, 2009: https://www.academia.edu/35468119/Tout_a_failli_vive_le_communisme_pdf



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

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