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    Anne-Laure Amilhat Szary, Qu’est-ce qu’une frontière aujourd’hui ? + Identités collectives à la frontière. Héritage et échange, idéologie et innovation

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Anne-Laure Amilhat Szary, Qu’est-ce qu’une frontière aujourd’hui ? + Identités collectives à la frontière. Héritage et échange, idéologie et innovation Empty Anne-Laure Amilhat Szary, Qu’est-ce qu’une frontière aujourd’hui ? + Identités collectives à la frontière. Héritage et échange, idéologie et innovation

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 1 Aoû 2020 - 16:38

    https://www.pacte-grenoble.fr/membres/anne-laure-amilhat-szary

    https://www.cairn.info/qu-est-ce-qu-une-frontiere-aujourd-hui--9782130651635-page-7.htm

    "La frontière, ligne de partage traditionnel entre des territoires, des souverainetés, est remise en question de multiples manières : par l’abaissement des droits de douane pour une meilleure circulation des marchandises, par la dérégulation financière pour une accélération des échanges de capitaux, par les revendications séparatistes et sécessionnistes qui se multiplient."
    -Amilhat Szary Anne-Laure, « Introduction », dans : , Qu’est-ce qu’une frontière aujourd’hui ? sous la direction de Amilhat-Szary Anne-Laure. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Hors collection », 2015, p. 7-12. URL : https://www.cairn.info/qu-est-ce-qu-une-frontiere-aujourd-hui--9782130651635-page-7.htm

    https://clio-cr.clionautes.org/geopolitique-des-frontieres-decouper-la-terre-imposer-une-vision-du-monde.html

    "D’un seul coup, avec la crise sanitaire du SARS-CoV-2, les discours dominants sur les circulations et les interactions d’une mondialisation présentée comme un horizon inéluctable se sont trouvés suspendus. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les frontières de très nombreux pays se sont fermées presque simultanément."
    -Nicolas Prevost.

    https://journals.openedition.org/civilisations/2896#xd_co_f=MTdjZmNjZjYtMzc3MC00YjQxLWI0NzItYWQ4YzYyZjlkNzI3~

    "Spécificité du rapport entre territoire et identité à la frontière dans la mesure où la ligne arbitraire qui est censée départager des groupes sociaux par leur assignation à un ensemble politique inédit n’a joué ce rôle que de façon imparfaite [pour les populations andines]. Qu’est-ce donc qu’une frontière ? Dans son acception traditionnelle, la frontière signifie en effet la limite du champ de compétence d’un pouvoir : depuis l’invention de l’État-nation, celle-ci coïncide le plus souvent avec celle de l’extension de sa souveraineté. Nous considérons que cet objet spatial est tout autant une construction sociale qu’une institution, ce qui implique que les acteurs de la frontière soient aussi bien ceux qui la font ou la remettent en cause politiquement, à savoir les États, que tous ceux, qui, au quotidien, agissent autour et en fonction d’elle (Paasi 1998, 2009). On constate ainsi autour des frontières aussi bien la permanence de liens d’échange, préexistants à la séparation, que la stimulation de relations liées à l’ « effet-frontière », c’est-à-dire encouragées par le différentiel entre les deux côtés de la ligne. La frontière marque ainsi le point de différenciation d’avec l’autre, elle matérialise l’altérité : toute frontière introduit « de la distance dans la proximité » (Arbaret-Schulz 2002). À ce titre, la frontière participe du processus de conformation/différenciation que l’on dit souvent caractériser l’identité, mais pas de façon aussi évidente qu’une carte politique où les États sont indiqués par des couleurs tranchées le laisserait entendre."

    "Les territoires transfrontaliers constituent des espaces identitaires spécifiques, capables d’incorporer au collectif l’altérité de l’outre frontière."

    "Transfrontaliarité."

    "L’identité collective repose traditionnellement sur le partage de normes et sur des « cadres collectifs de la mémoire »."

    "La marginalisation territoriale des populations autochtones peut être lue à deux échelles : lors de la colonisation espagnole d’abord, les communautés ont été repoussées vers les terres les moins productives, les plus éloignées des centres urbains.…Celles-ci s’avérant finalement les moins touchées par le métissage et l’assimilation politique. Par la suite, le tracé des frontières, fragmentant l’espace andin en différents États, a pu renforcer le caractère périphérique de la situation des populations autochtones, notamment en termes économiques."

    "J. Murra (Murra et Wachtel 1978 ; Murra 1992) a utilisé le terme d’archipel pour qualifier l’organisation sociale dans les Andes, les groupes établissant généralement un noyau villageois où s’ancrait la communauté, mais vivant en lien permanent avec des établissements voisins, distants de plusieurs jours de marche en amont et en aval, pour multiplier leur accès aux ressources écologiques. La caractéristique de ces lieux périphériques était leur pluri-ethnicité, le fait qu’y vivaient ensemble des individus issus de différentes communautés et reliés à leurs centres respectifs par des pratiques de mobilité régulières. L’échange faisait alors partie intrinsèque du fonctionnement du groupe dont l’ancrage spatial était discontinu. Le tracé de limites de type moderne, pour des besoins administratifs et politiques, par les colons espagnols contredisait fondamentalement ces structures et imposait, par la sédentarisation, une transformation profonde des liens sociaux."

    "À la triple frontière entre le Chili, le Pérou et la Bolivie nous avons observé, depuis son origine à la fin des années 1990, un regroupement politique original entre des maires ruraux promouvant leur identité ethnique pour tisser des liens transfrontaliers, dans l’optique d’œuvrer ensemble pour le développement de leurs territoires. L’initiative repose à la fois sur la promotion de la production agricole locale (quinoa et origan) et sur le développement de ressources nouvelles (tourisme et aménagements d’infrastructures routières). Son originalité tient en grande partie au lieu où elle émerge, plus connu pour sa conflictualité géopolitique que pour ce type de politiques intégratrices."

    "Aussi, quand des maires ruraux à la tête de cinq associations municipales préexistantes sur les territoires nationaux6, rassemblant au total cinquante-six communes, décidèrent de se rapprocher pour construire ensemble un projet politique, ils faisaient œuvre inédite. Ils aboutirent à la création en 2001 d’une « Alliance Stratégique Aymaras Sans Frontières ». Ce regroupement fut possible grâce à l’investissement personnel du maire d’un village de la province de Parinacota (Chili), lié d’amitié avec quelques maires péruviens et boliviens. L’actuel président de l’Alliance Stratégique et maire de Putre (commune de l’arrière-pays d’Arica au Chili), Francisco Humire lie sa création à l’existence dans sa commune d’une foire andine (la FERAN, Feria andina) initiée en 1997, qui aurait joué le rôle de point de rencontre entre les acteurs concernés dans les trois pays."

    "Si l’on s’attache à l’analyse des objectifs de Aymaras Sin Fronteras tels qu’ils sont affichés dans les documents produits par l’Alliance elle-même, on perçoit deux préoccupations distinctes : mener à bien des projets de développement permettant d’améliorer le niveau de vie sur l’espace concerné (électrification rurale, améliorations agricoles et pastorales, construction d’un projet de tourisme durable dans le cadre de la patrimonialisation des Chemins de l’Inca, etc.) mais surtout, semble-t-il, médiatiser ce territoire pauvre, éloigné, oublié, aussi bien auprès des gouvernements et bailleurs que des médias : « Nous devons faire connaître nos réalités » statue le premier texte (Aymaras sin Fronteras, Actes de l’accord de Putre, 2001), afin de « remporter l’appui des gouvernements régionaux, nationaux et des sources de coopération » (Aymaras sin Fronteras,  memorandum d’Arica, janvier 2002)."

    "Relayés par des ONG locales dédiées au développement des côtés péruviens et boliviens, les maires réussirent à obtenir, dès la fin de l’année 2001 à la Banque Mondiale (BM), le financement de trois réunions de concertation jusqu’en 2003, sans que celle-ci puisse aller plus loin pour assurer le suivi du projet sur le moyen terme, faute d’assise institutionnelle de l’Alliance. Pourtant ces rencontres et le travail conjoint des maires et des fonctionnaires de la BM permirent d’un côté de faire connaître cette expérience marginale à Santiago, de l’autre d’approfondir les orientations du projet. Dans un premier temps, il s’agissait de lancer un projet de tourisme rural intégré, puis une deuxième réunion à Arica en 2002 a donné lieu à un document proposé par les agents de la BM, intitulé « Une proposition d’empowerment pour les Aymaras »9. Les trois axes principaux de ce document portaient sur la formation des membres de l’alliance au développement, leur connaissance des agents de développement externe et le renforcement du cadre légal de l’Alliance. Au terme de cette première phase de coopération, le sous-secrétariat de développement régional (SUBDERE), dépendant du ministère de l’intérieur chilien, s’engagea à porter un appui technique au projet, et en 2006 un consultant de Santiago fut délégué à la région de Tarapacá pour une période d’un an : c’est lui qui monta un dossier auprès de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), soumettant la candidature de ce qui était en train de devenir un projet de territoire au concours de « Bien Public Régional », devant impliquer au moins trois pays dans un projet commun. Il lui revient d’avoir reformulé le projet de l’Alliance selon les codes intelligibles par la BID, cela au nom de la région de Tarapacá – et non pas de la SUBDERE – afin de faire preuve du caractère « décentralisé » du projet. C’est en fait le dépôt de ce projet auprès de la BID qui a légitimé la coopération entre les régions frontalières, une « Convention aymara » étant signée entre les régions et départements concernés.

    Présenté sous le titre « Récupération, développement et mise en valeur du patrimoine culturel et naturel aymara », le projet fut accepté par la BID en 2007 sous le nom simplifié de « Héritage naturel et culturel aymara ». Cette étape de légitimation internationale s’est révélée essentielle pour éveiller l’intérêt des maires dits « passifs », ce notamment du côté péruvien. L’initiative locale est donc à nuancer dans ce cas : elle concerne quelques entrepreneurs politiques dont le succès auprès des autres maires « aymaras » dépend de leur capacité à attirer des fonds vers les espaces locaux. Si les objectifs de l’Alliance ne sont pas encore concrétisés en termes d’infrastructures, le suivi des étapes de sa consolidation permet d’observer d’un côté comment les paradigmes internationaux du développement sont concrètement réappropriés dans les espaces locaux frontaliers, de l’autre comment l’intervention de la coopération internationale détermine les conditions de pérennité d’un projet territorial transfrontalier."

    "La frontière internationale représente ici un double référent symbolique, en tant qu’elle représente l’autorité de l’État. On cherche d’abord à la dépasser pour provoquer la réaction de l’institution, espérant que cette dernière se traduira par une volonté d’investissement public."

    "Stratégie de mise en visibilité."

    "L’ouverture des acteurs en présence vers la dimension transnationale (Santana 2003) semble avoir considérablement participé au renforcement du discours identitaire. La reconnaissance extérieure joue en effet de façon essentielle dans le devenir du groupe, et d’autant plus que cette dernière est institutionnalisée."
    -Anne-Laure Amilhat Szary, « Identités collectives à la frontière », Civilisations [En ligne], 60-1 | 2011, mis en ligne le 13 février 2015, consulté le 08 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/civilisations/2896 ; DOI : https://doi.org/10.4000/civilisations.2896




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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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