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    Bernard Comte, Une utopie combattante. L’École des cadres d’Uriage (1940-1942)

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Bernard Comte, Une utopie combattante. L’École des cadres d’Uriage (1940-1942) Empty Bernard Comte, Une utopie combattante. L’École des cadres d’Uriage (1940-1942)

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 12 Mar - 18:15

    « L’introduction de Bernard Comte remplit excellement toutes les fonctions d’une bonne préface : elle définit l’objet, désigne les problèmes, énonce les raisons qui en font l’intérêt. » (p.9)

    « Le gouvernement du Maréchal finit par prendre des dispositions contre cette institution dont l’esprit ne pouvait décidément plus faire bon ménage avec l’idéologie d’un gouvernement qui consentait aux abandons de la collaboration avec l’ennemi. » (p.10)

    « Complexité de la situation générale, l’ambivalance des solutions, difficultés des choix ainsi que la fluidité imprévisible et souvent déconcertante des itinéraires individuels. » (p.11)

    « L’esprit d’Uriage, personnaliste et communautaire, emprunte au chistianisme. […] Vision élitiste […] valeurs aristocratiques : sens de l’honneur, mérpis de l’argent, culte de l’héroïsme. » (p.11)
    -Réné Rémond, préface à Bernard Comte, Une utopie combattante. L’École des cadres d’Uriage (1940-1942), Fayard, 1991, 639 pages.

    « Devenue école nationale des cadres de la jeunesse par une loi de l’Etat français en décembre 1940. Sous ce nom, elle a poursuivi pendant deux ans, sous l’autorité du secrétariat général à la Jeunesse du gouvernement de Vichy, une activité de formation et d’étude dont le rayonnement a largement dépassé les milieux de jeunesse, jusqu’à sa suppression décidée en décembre 1942 par le gouvernement Laval. » (p.13)

    « Elle a pris progressivement ses distances avec le gouvernement, puis avec le régime dans son ensemble, avant de manifester en 1942 une opposition ouverte à la politique de Laval. » (p.14)

    « Si l’histoire est tâche scientifique dans ses intentions et sa méthode, elle implique aussi, pour une part variable, l’engagement de l’auteur avec sa subjectivité ; mieux vaut qu’il en soit conscient et sache s’en expliquer. Pratiquant le recul critique et le questionnement sans lesquels le plaidoyer se substitue à l’histoire, j’ai adopté aussi une attitude de sympathie, en m’efforçant de comprendre et de décrire de l’intérieur les sentiments et les mobiles des acteurs de cette aventure. Sympathie méthodologique, qui n’est pas due seulement aux convictions et aux amitiés qui m’ont amené à choisir ce sujet et à apprécier cette œuvre ; je crois aussi qu’à cinquante ans de distance, cette histoire est devenue étrangère et incompréhensible sans la médiation d’un interprète qui « fasse comprendre » ce qu’ont senti, pensé, voulu les acteurs. Les textes publiés sous la censure sont inintelligibles s’ils ne sont pas décryptés -bien des commentateurs s’y trompent ; le vocabulaire et les attitudes qui expriment les convictions éthiques paraissent périmés ou dévalués. L’historien doit s’efforcer de restituer à ces expressions la vigueur qu’elles ont eue au temps de leur actualité et montrer qu’une formule comme « le service des valeurs spirituelles » peut traduire une conviction agissante et non une révérence conformiste ou hypocrite envers les idées au pouvoir. J’ai donc préféré le risque de paraître trop proche des hommes que j’étudie et trop compréhensif envers ce qu’on peut juger être leurs naïvetés ou leurs préjugés, plutôt que de rester étranger à leur mentalité et leurs motivations. » (p.18)

    « L’influence de Jean Lacroix s’exerce dans le même sens, à la manière qui lui est propre. Lacroix ne collabore par directement au bureau d’études, mais n’en est pas moins un des conférenciers les plus réguliers de l’Ecole. Il traite de sujets variés, liés à ses propres travaux ou demandés par l’Ecole, conformément à son habitude d’apporter le recul de la réflexion critique sur les questions que pose la vie. Il présente ainsi la psychologie de l’adolescent, l’actualité de Péguy, le marxisme, la famille dans la cité, la primauté de la personne. Ses nombreuses visites sont évidemment l’occasion d’entretiens avec ses amis, Segonzac, Naurois et Beuve-Méry notamment.
    Parmi les textes qui nous sont parvenus, les conférences sur le marxisme [17 juillet 1941] et sur Péguy, après celle du colloque sur « Patrie-Nation-Etat », permettent d’apprécier l’effort de critique et de reconstruction intellectuelles et morales auquel il se livre. L’exposé sur le marxisme (présenté moins d’un mois après l’attaque allemande contre l’URSS) entend se situer sur le terrain de l’objectivité, en résumant la théorie économique de Marx d’une part, sa vision de l’histoire de l’autre. La part de la critique est brève mais vigoureuse. […] La démarche de Lacroix est fidèle à l’attitude d’Esprit envers le marxisme, dans la voie tracée par Berdiaeff : effort de connaissance exacte de la pensée, sympathie envers la partie critique et adhésion à la volonté révolutionnaire, refus nettement marqués, sans polémiques. Enfin Lacroix se réfère à nouveau, pour souligner l’actualité de la pensée de Marx, à la « Révolution du XXe siècle » fondée sur les deux inspirations de Marx et de Nietzsche (parfois confusément mêlées, comme chez un Malraux). » (p.186)

    « Insistance sur le sens de la force, vertu que la défaillance des chrétiens avait abandonnée aux interprétations nietzschéennes. » (p.205)

    « La charte de l’équipe fait une place au « juste sens de la force », explicitement opposé au concept nietzschéen, et le Père de Lubac analysera à Uriage en 1942 la notion d’ « ordre viril » ; au même moment, Étienne Borne rapproche, en les distinguant, morale chrétienne et morale héroïque, et la JEC étudie la virilité. » (p.209)

    « La doctrine de l’Action française ne paraît pas avoir été jamais exposée par un de ses sectateurs, depuis la malheureuse visite de Massis en 1940. » (p.235)

    « On fait surtout référence au maître commun, Péguy, en qui Beuve-Méry décrit le prophète de la vraie révolution du XXe siècle. » (p.486)

    « Marx, Nietzsche, Péguy ; le troisième enseigne comment répondre aux défis des deux premiers. » (p.487)
    -Bernard Comte, Une utopie combattante. L’École des cadres d’Uriage (1940-1942), Fayard, 1991, 639 pages.




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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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