L'Académie nouvelle

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
L'Académie nouvelle

Forum d'archivage politique et scientifique

Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

    John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
    Admin


    Messages : 19725
    Date d'inscription : 12/08/2013
    Localisation : France

    John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie Empty John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie

    Message par Johnathan R. Razorback Lun 15 Sep - 12:47

    http://classiques.uqac.ca/classiques/keynes_john_maynard/theorie_gen_emploi/theorie_emploi_monnaie_1.pdf

    "De nombreuses années durant, nous avons nous-mêmes défendu avec conviction les théories que nous attaquons aujourd'hui et nous croyons ne pas ignorer quelles en sont les parties solides."
    -Keynes, Préface à la première édition anglaise de la Théorie générale, 1936.

    "On ne peut pas dire qu'une journée de travail de huit heures représente du chômage parce qu'il n'est pas au-dessus de la capacité humaine de travailler dix heures. Nous ne devons pas considérer non plus comme chômage involontaire le refus de travail d'une corporation ouvrière qui n'accepte pas de travailler au-dessous d'une certaine rémunération réelle. De notre définition du chômage « involontaire », il convient aussi d'exclure le chômage « de frottement ». Cette définition sera donc la suivante: Il existe des chômeurs involontaires si, en cas d'une légère hausse du prix des biens de consommation ouvrière par rapport aux salaires nominaux, l'offre globale de main-d'œuvre disposée à travailler aux conditions courantes de salaire et la demande globale de main-d'œuvre aux mêmes conditions s'établissent toutes deux au-dessus du niveau antérieur de l'emploi."

    "Depuis J. B. Say et Ricardo les économistes classiques ont cru que l'offre crée sa propre demande, ce qui veut dire en un certain sens évocateur mais non clairement défini que la totalité des coûts de production doit nécessairement, dans la communauté entière, être dépensée directement ou indirectement pour l'achat de la production."

    "La pensée contemporaine est encore tout imprégnée de l'idée que, si l'argent n'est pas dépensé d'une façon, il le sera d'une autre."

    "Le volume de l'emploi est déterminé par le point d'intersection de la courbe de la demande globale et de la courbe de l'offre globale ; car c'est à ce point que la prévision de profit des entrepreneurs est maximum."

    "Ce n'est donc pas la désutilité marginale du travail, exprimée en salaires réels, qui détermine le volume de l'emploi, sauf que l'offre de main-d'œuvre disposée à travailler en échange d'un certain salaire réel fixe un maximum que l'emploi ne saurait dépasser. Ce sont la propension à consommer et le montant de l'investissement nouveau qui déterminent conjointement le volume de l'emploi et c'est le volume de l'emploi qui détermine de façon unique le niveau des salaires réels - non l'inverse. Si la propension à consommer et le montant de l'investissement nouveau engendrent une demande effective insuffisante, le volume effectif de l'emploi sera inférieur à l'offre de travail qui existe en puissance au salaire réel en vigueur et le salaire réel d'équilibre
    sera supérieur à la désutilité marginale du volume d'équilibre de l'emploi.

    Cette analyse nous explique le paradoxe de la pauvreté au sein de l'abondance. Le seul fait qu'il existe une insuffisance de la demande effective peut arrêter et arrête souvent l'augmentation de l'emploi avant qu'il ait atteint son maximum. L'insuffisance de là demande effective met un frein au progrès de la production alors que la productivité marginale du travail est encore supérieure à sa désutilité.

    Plus la communauté est riche, plus la marge tend à s'élargir entre sa production potentielle et sa production réelle ; et plus par conséquent les défauts du système économique sont apparents et choquants. Car une communauté pauvre a tendance à consommer la part de beaucoup la plus importante de sa production et un très faible montant d'investissement suffit à y assurer le plein emploi. Une communauté riche, au contraire, est obligée de découvrir des occasions d'investissement beaucoup plus nombreuses, pour pouvoir concilier la propension à épargner de ses membres les plus riches avec l'emploi de ses membres les plus pauvres. Si dans une communauté qui est riche en puissance l'incitation à investir est faible, l'insuffisance de la demande effective l'obligera à réduire sa production jusqu'à ce que, en dépit de sa richesse potentielle, elle soit devenue assez pauvre pour que l'excès de sa production sur sa consommation tombe au niveau qui correspond à sa faible incitation à investir
    ."

    "Dans l'Économie Ricardienne, qui est à la base de tout ce qui a été enseigné depuis plus d'un siècle, l'idée qu'on a le droit de négliger la fonction de la demande globale est fondamentale. A vrai dire, la thèse de Ricardo que la demande effective ne peut être insuffisante avait été vivement combattue par Malthus, mais sans succès. Car, faute d'expliquer (si ce n'est par les faits d'observation courante) comment et pourquoi la demande effective pouvait être insuffisante, Malthus n'est pas parvenu à fournir une thèse capable de remplacer celle qu'il attaquait ; et Ricardo conquit l'Angleterre aussi complètement que la Sainte Inquisition avait conquis l'Espagne. Non seulement sa théorie fut acceptée par la Cité, les hommes d'État et l'Université, mais toute controverse s'arrêta ; l'autre conception tomba dans l'oubli le plus complet et cessa même d'être discutée. La grande énigme de la demande effective, à laquelle Malthus s'était attaqué, disparut de la littérature économique. On ne la trouve même pas mentionnée une seule fois dans toute l'œuvre de Marshall, d'Edgeworth et du Professeur Pigou, qui ont donné à la théorie classique sa forme la plus accomplie. Elle n'a pu survivre qu'à la dérobée, sous le manteau et dans la pénombre de Karl Marx, de Silvio Gesell et du Major Douglas.

    Une victoire aussi décisive que celle de Ricardo a quelque chose de singulier et de mystérieux. Elle ne peut s'expliquer que par un ensemble de sympathies entre sa doctrine et le milieu où elle a été lancée. Le fait qu'elle aboutissait à des conclusions tout à fait différentes de celles qu'attendait le public profane ajoutait, semble-t-il, à son prestige intellectuel. Que son enseignement, appliqué aux faits, fût austère et désagréable lui conférait de la grandeur morale. Qu'elle fût apte à supporter une superstructure logique, vaste et cohérente, lui donnait de l'éclat. Qu'elle présentât beaucoup d'injustices sociales et de cruautés apparentes comme des incidents inévitables dans la marche du progrès, et les efforts destinés à modifier cet état de choses comme de nature à faire en définitive plus de mal que de bien, la recommandait à l'autorité. Qu'elle fournit certaines justifications aux libres activités du capitaliste
    individuel, lui valait l'appui des forces sociales dominantes groupées derrière l'autorité
    ."

    "Il n'en reste pas moins que le revenu net n'est pas une notion bien tranchée ; elle repose sur un critère équivoque que des autorités différentes peuvent interpréter chacune à leur manière. Le Professeur Hayek, par exemple, a suggéré qu'un individu, propriétaire de biens de capital, peut chercher à maintenir constant le revenu qu'il en tire, de telle manière qu'il ne se sente pas libre de dépenser son revenu pour la consommation avant d'avoir mis de côté une somme suffisante pour compenser toute tendance à la baisse que pourrait manifester pour une raison quelconque le revenu de son capital. Nous doutons s'il existe un pareil individu ; en tout cas il est évident que l'emploi d'une telle conception comme critère psychologique possible du revenu net
    ne soulève aucune objection d'ordre théorique. Mais lorsque le Professeur Hayek conclut que les concepts d'épargne et d'investissement sont de ce fait entachés d'imprécision, il n'a raison que dans la mesure où il parle d'épargne nette et d'investissement net. Les notions d'épargne et d'investissement qui interviennent dans la théorie de l'emploi sont exemptes de ce défaut et admettent, comme nous l'avons démontré précédemment, une définition objective
    ."

    "Dans le flot d'acceptions divergentes des mots, il est agréable de découvrir un point fixe. Autant que nous sachions, personne ne conteste que l'épargne soit l'excès du revenu sur la dépense pour la consommation."

    "Il semble probable que les termes de formation et de consommation de capital, dont se servent les économistes de l'école autrichienne, n'ont un sens identique ni à ceux d'investissement et de désinvestissement tels que nous les avons définis, ni à ceux d'investissement et de désinvestissement nets. Ces économistes considèrent notamment qu'une consommation de capital se produit dans certaines circonstances où il est bien clair qu'il n'y a pas de diminution nette de l'équipement en capital tel qu'il a été défini. Toutefois nous n'avons pu trouver aucun passage où le sens de ces termes fût clairement expliqué."

    "Tout accroissement de l'emploi impose un sacrifice de revenu réel aux personnes déjà employées."

    "La cause finale de notre étude est la découverte des facteurs qui déterminent le volume de l'emploi."

    "La plupart du temps les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement du revenu."

    "Aux États-Unis, par exemple, vers 1929 l'expansion rapide du capital au cours des cinq années antérieures avait conduit progressivement à constituer, en regard d'un outillage qui n'avait aucun besoin de renouvellement, des amortissements et des provisions pour dépréciation d'une importance si considérable qu'un volume énorme d'investissement entièrement nouveau était nécessaire uniquement pour absorber ces provisions financières ; et on perdit presque tout espoir de trouver des investissements nouveaux assez nombreux pour suffire au volume d'épargne nouvelle qu'une communauté prospère en état de plein emploi eût été disposée à mettre de côté. Ce facteur à lui seul aurait sans doute suffi à déterminer une crise. En outre, les grandes sociétés ayant continué pendant la dépression à faire preuve dans la mesure de leurs moyens de la même « prudence financière », celle-ci constitua un sérieux obstacle à une reprise rapide."

    "Plus nos revenus sont élevés et plus, malheureusement, il y a d'écart entre ces revenus et notre consommation. A défaut d'une formule nouvelle le problème, on le verra plus tard, ne comporte pas de solution, excepté celle qui consiste en un chômage et par suite en un appauvrissement suffisant pour que l'excès du revenu sur la consommation soit limité à une quantité équivalente à la provision physique qu'il est avantageux de constituer aujourd'hui."

    "A une époque de Chômage rigoureux, des travaux publics, même d'une utilité douteuse, peuvent donc être largement payants, quand bien même ils ne feraient que diminuer le coût de l'assistance, si on peut supposer que la partie épargnée du revenu est d'autant plus faible que le chômage est plus intense."

    "Des dépenses sur fonds d'emprunt peuvent, même lorsqu'elles sont inutiles, enrichir en définitive la communauté. La construction de pyramides, les tremblements de terre et jusqu'à la guerre peuvent contribuer à accroître la richesse."
    -John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936.

      La date/heure actuelle est Mar 7 Mai - 22:18