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    Voltaire, Traité de métaphysique + Essai sur les mœurs et l’esprit des nations + Oeuvres complètes

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Voltaire, Traité de métaphysique + Essai sur les mœurs et l’esprit des nations + Oeuvres complètes Empty Voltaire, Traité de métaphysique + Essai sur les mœurs et l’esprit des nations + Oeuvres complètes

    Message par Johnathan R. Razorback Ven 15 Aoû - 22:25

    http://fr.wikisource.org/wiki/Trait%C3%A9_de_m%C3%A9taphysique

    "Si on croyait que les philosophes eussent des idées plus complètes de la nature humaine, on se tromperait beaucoup : car si vous en exceptez Hobbes, Locke, Descartes, Bayle, et un très-petit nombre d’esprits sages, tous les autres se font une opinion particulière sur l’homme aussi resserrée que celle du vulgaire, et seulement plus confuse. Demandez au P. Malebranche ce que c’est que l’homme : il vous répondra que c’est une substance faite à l’image de Dieu, fort gâtée depuis le péché originel, cependant plus unie à Dieu qu’à son corps, voyant tout en Dieu, pensant, sentant tout en Dieu.

    Pascal regarde le monde entier comme un assemblage de méchants et de malheureux créés pour être damnés, parmi lesquels cependant Dieu a choisi de toute éternité quelques âmes, c’est-à-dire une sur cinq ou six millions, pour être sauvée.

    L’un dit : L’homme est une âme unie à un corps ; et quand le corps est mort, l’âme vit toute seule pour jamais ; l’autre assure que l’homme est un corps qui pense nécessairement ; et ni l’un ni l’autre ne prouvent ce qu’ils avancent. Je voudrais, dans la recherche de l’homme, me conduire comme j’ai fait dans l’étude de l’astronomie : ma pensée se transporte quelquefois hors du globe de la terre, de dessus laquelle tous les mouvements célestes paraissent irréguliers et confus. Et après avoir observé le mouvement des planètes comme si j’étais dans le soleil, je compare les mouvements apparents que je vois sur la terre avec les mouvements véritables que je verrais si j’étais dans le soleil. De même je vais tâcher, en étudiant l’homme, de me mettre d’abord hors de sa sphère et hors d’intérêt, et de me défaire de tous les préjugés d’éducation, de patrie, et surtout des préjugés de philosophe."

    "Conséquences nécessaires de l’opinion des matérialistes.

    Il faut qu’ils disent que le monde existe nécessairement et par lui-même, de sorte qu’il y aurait de la contradiction dans les termes à dire qu’une partie de la matière pourrait n’exister pas, ou pourrait exister autrement qu’elle est ; il faut qu’ils disent que le monde matériel a en soi essentiellement la pensée et le sentiment, car il ne peut les acquérir, puisque en ce cas ils lui viendraient de rien ; il ne peut les avoir d’ailleurs, puisqu’il est supposé être tout ce qui est. Il faut donc que cette pensée et ce sentiment lui soient inhérents comme l’étendue, la divisibilité, la capacité du mouvement, sont inhérentes à la matière ; et il faut, avec cela, confesser qu’il n’y a qu’un petit nombre de parties qui aient ce sentiment et cette pensée essentielle au total du monde ; que ces sentiments et ces pensées, quoique inhérents dans la matière, périssent cependant à chaque instant ; ou bien il faudra avancer qu’il y a une âme du monde qui se répand dans les corps organisés, et alors il faudra que cette âme soit autre chose que le monde. Ainsi, de quelque côté qu’on se tourne, on ne trouve que des chimères qui se détruisent.

    Les matérialistes doivent encore soutenir que le mouvement est essentiel à la matière. Ils sont par là réduits à dire que le mouvement n’a jamais pu ni ne pourra jamais augmenter ni diminuer ; ils seront forcés d’avancer que cent mille hommes qui marchent à la fois, et cent coups de canon que l’on tire, ne produisent aucun mouvement nouveau dans la nature. Il faudra encore qu’ils assurent qu’il n’y a aucune liberté, et, par là, qu’ils détruisent tous les liens de la société, et qu’ils croient une fatalité tout aussi difficile à comprendre que la liberté, mais qu’eux-mêmes démentent dans la pratique. Qu’un lecteur équitable, ayant mûrement pesé le pour et le contre de l’existence d’un Dieu créateur, voie à présent de quel côté est la vraisemblance."
    -Voltaire, Traité de métaphysique, 1734, in Œuvres complètes de Voltaire, Garnier, 1879, tome 22 (p. 189-230).

    http://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs
    http://fr.wikisource.org/wiki/%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_de_Voltaire


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