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    Débattre avec "Descartes"

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Débattre avec "Descartes" Empty Débattre avec "Descartes"

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 19 Nov - 9:02

    "Pendant des siècles, les progressistes se sont battus sur l'objectif de faire de la Nation le bien commun de tous. Par un étrange paradoxe, c'est aujourd'hui la droite qui fait de "l'identité nationale" une question d'adhésion collective, alors que la gauche semble plutôt céder aux sirènes individualistes...

    On n'est pas obligé d'aimer tel ou tel aspect de la France pour être français, de la même manière qu'on n'est pas obligé d'aimer tel ou tel parent pour faire partie d'une famille. On a tort, à mon avis, lorsqu'on fait de "l'identité nationale" une pure question sentimentale. On est français non pas parce qu'on aime la France, mais parce qu'on estime avoir des droits et des devoirs (les deux sont inséparables) envers elle. Ceux qui ont répondu "présent" lorsqu'on les a appelés pour allés mourir à Verdun étaient français, et cela même s'ils n'aimaient pas La Marseillaise, le drapeau tricolore ou la blanquette de veau...
    "
    -Le Bloggeur "Descartes", L'identité nationale privatisée, 20 Novembre 2009 (cf: http://descartes.over-blog.fr/article-l-identite-nationale-privatisee-39720569.html ).

    "Je pense que la carrière de Philippe Séguin (comme celle de Jean-Pierre Chèvenement) a mis en évidence que le clivage "droite-gauche" est aujourd'hui bien moins signifiant en termes politiques que le clivage jacobins-girondins."
    -Le Bloggeur "Descartes", Les grands hommes meurent aussi: hommage à Philippe Séguin, 14/01/2010 (cf: http://descartes.over-blog.fr/article-les-grands-hommes-meurent-aussi-hommage-42861875.html ).

    "Il faut bien poser la question: est-ce que les citoyens/parents des classes moyennes, par exemple, ont envie d'une école véritablement égalitaire, qui donne aux enfants des classes populaires les mêmes possibilités qu'à leurs propres enfants ? Bien sur que non: les parents des classes moyennes défendent au contraire bec et ongles leur position sociale, et entendent la léguer à leurs enfants. Ils n'ont pas envie de voir d'autres leur disputer les places...

    Si les classes bavardantes dévaluent en permanence notre système scolaire, c'est justement parce qu'il est encore trop égalitaire pour une société fragmentée et traversée par la crainte du déclassement. Dans nos sociétés foncièrement inégalitaires, la méritocratie est ce qui s'approche le plus de l'égalité. Lorsque le succès professionnel cesse de dépendre des résultats de l'examen ou du concours, c'est l'entregent, les connaissances familiales ou claniques et l'argent qui déterminent les destins individuels. Si un Philippe Séguin ou un Pierre Bourdieu ont pu faire des brillantes carrières parce qu'il existe un concours anonyme à l'entrée de l'ENA ou de l'Ecole Normale.

    On assiste depuis la fin des années 1960 - c'est à dire, depuis que la fin des "trente glorieuses" a implanté dans les classes moyennes la crainte du déclassement - à un démantèlement progressif de l'école conçue comme instrument de promotion sociale. Et cela sous l'apparence d'un discours pétri de bonnes intentions: au nom du "respect" de l'élève, on s'est progressivement interdit - du moins en théorie, car il faut dire que les enseignants résistent... - d'établir une échelle de valeurs entre les savoirs. Le but, c'est que l'enfant soit "créatif", qu'il "se sente bien à l'école". Que la "créativité" se manifeste par l'écriture d'un texte dans un français correct et riche ou dans un "rap" utilisant vint-cinq mots et sans syntaxe, ce n'est pas grave. Il faut tout encourager, sous peine d'affecter "l'estime de soi" de l'élève. [...]

    Apprendre nécessite d'abord de prendre conscience de sa propre ignorance. L'élève devrait avoir un droit constitutionnel à ce que ses professeurs lui disent la vérité sur son travail. Un pédagogue se disqualifie lorsqu'il travestit la vérité pour faire plaisir à l'élève. J'ai eu des maîtres, qui - au risque de me traumatiser - n'ont jamais hésité à me dire combien j'étais nul, combien je travaillais peu et mal. C'est grâce à eux que j'en ai pris conscience, que j'ai travaillé, et que j'ai beaucoup appris. Et ce sont ces maîtres-là, et non pas les démagogues, dont on se souvient avec respect le reste de sa vie
    ."
    -Le Bloggeur "Descartes", Ecole: pour en finir avec les théoriciens de "l'estime de soi", 3 Septembre 2010 (cf: http://descartes.over-blog.fr/article-ecole-pour-en-finir-avec-les-theoriciens-56426874.html ).

    "Un projet, un programme, ce n'est pas une corvée qu'on s'impose parce qu'il faut bien qu'un candidat ait quelque chose à distribuer avant l'élection. C'est au contraire le travail sur le projet politique qui donnera les instruments de l'hégémonie idéologique dont parlait Gramsci, condition nécessaire de toute victoire politique véritable."
    -Le Bloggeur "Descartes", Retraites: après la manif... que faire ?, 8 Septembre 2010 (cf: http://descartes.over-blog.fr/article-retraites-apres-la-manif-que-faire-56705800.html ).

    "On voit là encore à quel l'idéologie anti-institutionnelle de mai 68 continue, quarante ans plus tard, à avoir des effets dévastateurs. Il est grands temps d'abandonner ce néo-rousseauisme: non, le citoyen n'est pas "naturellement bon" et ce n'est pas la société qui le corrompt. C'est au contraire la société et les institutions qui permettent aux mammifères que nous sommes de dépasser nos instincts territoriaux et notre égoïsme pour concevoir un intérêt général. Sans l'institué, qui permet d'édicter et de légitimer les règles de vie en société, chacun de nous retombe naturellement dans la raison du plus fort ou du plus malin pour défendre des petits intérêts. La démocratie directe qu'on nous vante tant n'est en fait qu'un retour rêvé à l'état de nature, en oubliant combien l'existence dans l'état de nature est "solitaire, pauvre, méchante, brutale et brève"."
    -Le Bloggeur "Descartes", Le discours de la méthode (V): pour en finir avec la démocratie directe, 30 Décembre 2010.

    "La culpabilité est une question individuelle. On est coupable de ce qu'on fait, pas de ce qu'on est. Je crois que vous tombez dans le travers de vouloir transformer une analyse politique en une analyse morale. Or, je rejette totalement cette vision du monde. Les classes moyennes - comme n'importe quel autre groupe social - utilisent leur pouvoir pour défendre leurs intérêts. Je ne dis pas que cela soit "juste" ou "injuste", "bon" ou "mauvais". Ce qui me pose problème, c'est que les classes moyennes ayant conquis l'hégémonie dans le domaine des idées, fabriquent une idéologie qui fait de leurs intérêts l'intérêt général."
    -Le Bloggeur "Descartes", Le choix de la médiocrité, 24/10/2011 (cf: http://descartes.over-blog.fr/article-le-choix-de-la-mediocrite-87025298.html ).

    "On commence à être habitués à l'idée que le système éducatif devienne une sorte de grande garderie. Et c'est là qu'il faut reprendre le commentaire de Gumbel: "Un retour à la sélection implacable des années 1950 est socialement impossible et nul ne peut le souhaiter". Laissons de côte, encore une fois, le terrorisme intellectuel du "nul ne peut le souhaiter" qui ferme la discussion avant qu'elle commence, et prenons la première partie de la phrase. Pourquoi le retour à la "sélection implacable" serait "socialement impossible" ? Quelles seraient les couches sociales qui s'y opposeraient ? La réponse à cette question permet de comprendre le pourquoi de tout ce battage anti-bac. La méritocratie républicaine fut inventée par la Révolution pour remettre en cause le privilège héréditaire. Et cela marche: la sélection des élites par examen et par concours permettent de rebattre les cartes à chaque génération, en donnant à ceux qui viennent d'un milieu modeste l'opportunité d'accéder à l'élite. Bien entendu, dans une société inégalitaire, le système ne marche pas à 100%. Ceux dont les parents détiennent un capital, qu'il soit matériel ou immatériel, partent avec un avantage certain. Mais pas déterminant. C'est cette "sélection implacable" qui a permis à la France d'avoir des préfets ou des sénateurs noirs - et même un président du sénat, deuxième personnage de l'Etat - bien avant l'Angleterre et à une époque où aux Etats-Unis les noirs ne pouvaient s'asseoir dans les mêmes bus que les blancs. Car c'est cela le nœud de l'affaire: quelque soient les imperfections de ma méritocratie, les alternatives sont infiniment pires. Si l'on ne sélectionne pas l'élite sur la base de ses mérites mesurés par un examen anonyme et impersonnel, comment sera-t-elle sélectionnée ? Par copinage ? Par réseau familial ? Par l'argent, tout bêtement ?

    Dans notre société, où les classes moyennes sont terrorisées par le fantôme du déclassement, la sainte alliance de la bourgeoisie et les couches moyennes partagent un intérêt: celui de bloquer le processus qui pourrait remettre en cause l'avenir de leurs enfants en les mettant en compétition avec d'autres. C'est pourquoi c'est "haro sur la méritocratie" et sur son avant garde, qui est le système de formation et de sélection des élites. Du baccalauréat à l'ENA, il faut supprimer tout ce qui serait synonyme de sélection par le savoir et la compétence mesurée objectivement. A la place, on mettra des diplômes que tout le monde pourra avoir et du recrutement par "entretien ouvert" qui permettront à chacun de recruter les gens qui lui ressemblent - et qui sont les fils des copains, quelle coïncidence - sans avoir à rendre des comptes.

    Alors, réformer le baccalauréat ? Je suis pour. Pour un baccalauréat simplifié, comportant un minimum d'options et de sections et un tronc commun solide. Pour un baccalauréat sélectif, servant véritablement de filtre et assurant à ceux qui l'obtiennent - qu'ils soient puissants ou misérables - une place dans l'ascenseur social. Pour un baccalauréat centré sur la connaissance et débarrassé de sa gangue "spectacle". Une République a besoin d'une élite légitimée par la connaissance et le mérite ouvert à tous. Donnons-nous les éléments pour la former et la sélectionner
    ."
    -Le Bloggeur "Descartes", Le diplôme, ce fétiche, 15 Juin 2013 (cf: http://descartes.over-blog.fr/le-dipl%C3%B4me-ce-f%C3%A9tiche ).

    "On peut être « passionné » par des choses qu’on ne comprend pas. On peut être passionné par l’observation des planètes, et construire son télescope en suivant les instructions d’une revue ad hoc pour observer les anneaux de Saturne. Mais sans pensée formelle, la « passion » s’arrête là. Pour COMPRENDRE ce que l’on fait, il faut aller plus loin, et pour aller plus loin il faut avoir accès au savoir accumulé par les générations précédentes. Et ce savoir, il est dans les livres et dans les cours des professeurs. On ne peut l’apprendre par osmose, en accumulant « les rencontres et les expériences ».

    C’est là, je pense, notre principale divergence. Ma position, est que la connaissance est un processus cumulatif. Pour aller plus loin, il nous faut avoir accès au capital accumulé par les générations qui nous ont précédé. Et ce capital ne peut être transmis que parce qu’il est formalisé dans les livres et dans les cours. Vous avez l’air de penser qu’un individu peut, par lui-même et moyennant des « rencontres et expériences » reconstruire l’ensemble du savoir humain.
    "
    -Le Bloggeur "Descartes", Le diplôme, ce fétiche, 29/06/2013 (cf: http://descartes.over-blog.fr/le-dipl%C3%B4me-ce-f%C3%A9tiche ).

    "Ce qui manque à nos hommes politiques, c’est la culture historique, le sens du tragique, la capacité à s’abstraire des petites querelles. En un mot, la « grandeur »."

    "On ne construit pas une politique sur des « pourquoi pas ». La définition du corps électoral dépend de la vision qu’on a de la société. On peut décider que le vote est fondé sur la citoyenneté (c'est-à-dire, sur une « communauté de destin », mais aussi sur la possibilité de participer au débat politique, ce qui n’est pas garanti dans le cas d’étrangers qui ne parlent pas ou très mal notre langue) ou bien la fonder sur le paiement de l’impôt – et dans ce cas il serait logique d’exclure du vote ceux qui n’en payent pas, ou pas suffisamment. C’est la logique du vote censitaire.

    Si les étrangers, comme vous dites, « font partie de la cité » au point de vouloir accéder aux droits politiques, ils ont une voie toute tracée : la naturalisation. S’ils ne la souhaitent pas, on doit déduire qu’ils ne souhaitent pas les droits du citoyen et les devoirs qui vont avec
    ."
    -Le Bloggeur "Descartes", 22 mars 2015.

    "Dans le monde réel, on choisit parmi les alternatives possibles à un moment donné. Refuser de choisir son plat sous prétexte que celui qu’on voudrait n’est pas au menu est la meilleure façon de mourir de faim."
    -Le bloggeur "Descartes",  04/07/2015 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2015/06/tsipras-melenchon-ou-tsipras-de-gaulle.html#comments ).

    "Le parc solaire français, qui ne produit en 2014 que 1,1 % de l’électricité consommée dans l’hexagone, aura coûté en subventions – je dis bien en subventions (1), c'est-à-dire, sans compter la partie des coûts couverte par la vente d’électricité sur le marché – plus de la moitié du coût d’investissement du parc nucléaire, qui produit, lui, 75% de notre électricité.

    (1) Les subventions à l’énergie solaire représentent un montant de CSPE proche de 4 Md€ par an, avec des contrats qui vont de 15 à 20 ans. Sur la durée totale, cela représente donc une dépense de 60 à 80 Md€. Le parc nucléaire français a coûté, selon les estimations, de 80 à 100 Md€
    ."
    -Le blogueur "Descartes", 02/07/2015 (http://descartes.over-blog.fr/2015/06/tsipras-melenchon-ou-tsipras-de-gaulle.html#comments ).

    "Je pense que pour réfléchir à la condition paysanne, il faut revenir aux fondamentaux. Et les fondamentaux, c’est d’abord et avant tout la productivité. Parce qu’en dernière instance, c’est l’augmentation de la productivité qui permet de payer de plus hauts salaires, de financer les bonnes retraites et une bonne protection sociale. Si beaucoup de français ont pu bénéficier de tout ça pendant les « trente glorieuses », c’est parce que la productivité s’est accrue grâce à l’introduction de méthodes industrielles. Jamais les français n’auraient pu avoir autant des voitures si on avait continuer à les fabriquer artisanalement.

    Dans l’agriculture, ce problème se pose autant que dans les autres branches de l’économie. Augmenter la productivité implique non seulement moderniser les exploitations – en introduisant des machines, par exemple – mais aussi en introduisant des méthodes industrielles. Et cela suppose en particulier un problème de taille : les exploitations doivent être assez grandes pour bénéficier des économies d’échelle. Or, ce travail n’a été fait que partiellement. Dans beaucoup de régions, les paysans ont voulu à tout prix sauvegarder leur statut d’artisan, un peu comme les canuts qui ont brûlé les machines Jacquard au XVIIIème siècle. Une telle logique conduit à une productivité faible. Et donc, mécaniquement, à des revenus faibles et une protection sociale limitée. A moins, bien entendu, que les secteurs les plus productifs de la société consentent à compenser la faible productivité de l’agriculture en transférant une partie de la richesse qu’ils produisent.

    Depuis un demi-siècle, la société française a accepté, pour garder une « agriculture paysanne », de mettre en œuvre ce type de transfert. Ceux-ci ont permis de donner aux paysans un revenu et une protection sociale qui est, certes, moins bonne que celle dont bénéficient les travailleurs de l’économie industrialisée, mais qui est nettement meilleure que celle que la productivité réelle de l’agriculture pourrait financer. Mais ces transferts ne sont possibles que dans le cadre d’une agriculture régulée dans un contexte national. C’est parce que nous sommes une Nation que moi, citoyen de la ville, j’accepte que mes impôts subventionnent la campagne sans que cela me « rapporte » quoi que ce soit. Si l’on affaiblit le sentiment national, on aura du mal à garder ce consentement… et en particulier, les paysans n’ont pas intérêt à jouer sur la corde « l’Etat nous prend tout », parce qu’ils doivent en grande partie leur survie au fait que l’Etat, s’il leur prend beaucoup, leur donne encore plus
    ."

    "Ma « doctrine » serait qu’il faut réserver aux acteurs publics les services dans trois cas bien précis :

    1) les activités qui relèvent de l’exercice de prérogatives de souveraineté et préservation de l’ordre public : armée, police administrative et judiciaire, justice, garde des prisonniers dans les prisons…

    2) les activités qui nécessitent pour être optimisées des prérogatives exorbitantes du droit commun, notamment en ce qui concerne le statut du personnel : réseaux électriques, infrastructures ferroviaires et portuaires, postes et télécommunications…


    3) activités qui ne peuvent pas être régulés correctement par le marché : « monopoles naturels » comme la production d’électricité, l’éducation, l’entretien du patrimoine…

    Tout le reste peut parfaitement être laissé au privé, qui du fait de la régulation du marché fera les choses bien plus efficacement
    ."
    -Le blogueur "Descartes" (source: http://descartes.over-blog.fr/2015/07/l-europe-est-dans-le-porc.html ).

    "Si le choix est Assad ou la balkanisation de la Syrie, alors le choix me paraît clair : le pire ordre vaut mieux que le chaos."

    "La moitié de la Libye voulait la mort de Kadhafi. Comme disait Goethe, « quand les dieux veulent nous punir, ils réalisent nos rêves »…"

    "Je suis de ceux qui se réjouissent qu’il y ait aujourd’hui en France deux générations qui n’ont pas connu la guerre. Mais il faut je pense prendre conscience de ce que cela signifie sur le plan de l’expérience vitale des générations concernées. Pour les générations antérieures, la guerre était toujours vécue comme une possibilité. On savait qu’on pouvait être appelé à accomplir le sacrifice suprême, et on vivait avec le souvenir de ceux qui l’avaient accompli. Cela donnait à nos élites politiques une conscience du caractère tragique de la politique. Il est clair que cette conscience manque aux élites d’aujourd’hui.

    Maintenant, est ce qu’il faut se faire une « bonne guerre » pour permettre aux jeunes de vivre cette expérience ? Je ne le pense pas. Il y a d’autres manières de faire vivre aux jeunes des expériences initiatiques sans pour autant envoyer des millions d’hommes à la mort…
    "
    (18/11/2015,  http://descartes.over-blog.fr/2015/11/nous-sommes-en-guerre.html ).

    "Vous savez que je suis un communiste extrêmement « libéral à la française »… qui est un libéralisme tempéré par la notion « d’ordre public »."

    "La disparition de tout contrôle aux frontières dans l’espace Schengen a eu un double effet : d’une part, la sécurité des nos frontières est équivalente à la sécurité de la frontière la plus faible de l’espace, puisqu’une fois les armes, les explosifs, les terroristes entrés par cette frontière-là, elles peuvent circuler en toute liberté. D’autre part, cela a fabriqué un régime d’irresponsabilité générale : la surveillance des frontières est devenue l’affaire de personne…"

    "La psychologie joue un rôle essentiel en politique. Quand votre patron vous paye votre salaire par transfert bancaire, tout cela repose sur la confiance que vous avez dans le système bancaire pour pouvoir faire vos achats."

    "Qu’est ce qu’on veut obtenir au Moyen-Orient ? Quel est le but de tout ça ? Je pense qu’à force de jouer les supplétifs des américains, on a perdu de vue nos propres objectifs, nos propres intérêts."
    (14/11/2015, http://descartes.over-blog.fr/2015/11/nous-sommes-en-guerre.html ).

    "Pour moi, l’assimilation est en elle-même une mesure coercitive. Il ne s’agit pas d’offrir aux gens la possibilité de devenir comme nous, il s’agit de l’exiger."

    "On ne peut pas prendre les religions indépendamment du contexte dans lequel elles se sont nés et se sont développés. Le christianisme surgit comme une petite secte installée au sein d’un puissant empire, lui-même largement sécularisé. Les chrétiens ont eu donc besoin de penser leur religion dans une logique de séparation de l’Etat. La formule « donnez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », censée avoir été prononcée par le fils de Dieu lui-même, traduit cette situation. Et si le christianisme devient religion d’Etat trois siècles plus tard, la fusion entre le temporel et le spirituel ne dure pas longtemps. Avec la chute de l’Empire romain commence une longue histoire de conflits entre l’autorité « temporelle » - celle des rois – et l’autorité « spirituelle » réservée au Pape. Dans ce combat, les rois ne peuvent renforcer leur pouvoir qu’en sécularisant la politique. Conclusion : même si le christianisme a, comme toute religion, la prétention de régir la sphère publique, le christianisme s’est vu obligé à s’adapter à un contexte politique qui tendait à les séparer.

    L’Islam n’est pas du tout dans cette situation. Apparu au sein d’une société tribale et peu structurée, les Etats et les empires arabes se sont construits autour de la religion, avec une confusion totale des rôles entre l’autorité politique et l’autorité religieuse. Le « temporel » et le « spirituel », séparés dans la philosophie chrétienne, ne font qu’un dans la vision islamique. Il faut attendre le XXème siècle pour qu’on imagine un Etat laïque, ou même une séparation entre l’autorité politique et l’autorité religieuse. Il n’existe pas dans la théologie islamique d’équivalent au « donnez à César ce qui est à César… ». Dans la théologie islamique, un musulman ne doit rien, absolument rien, à un « César » impie.

    Et le judaïsme, me direz vous ? Et bien, il beaucoup plus proche de l’Islam du point de vue théologique, et la loi religieuse se confond avec la loi civile. Mais le contexte est là encore très différent. Les juifs n’ont plus d’Etat depuis plus de deux mille ans, et ils ont vécu tout ce temps en tant que groupe minoritaire dans des états dont les fondements philosophiques et religieux ne se trouvent pas dans la Torah, si ce n’est de manière lointaine. Les juifs ont donc depuis longtemps intégré le fait que la loi juive est confinée à la sphère privée, alors que dans la sphère publique c’est une loi différente, extérieure, qui s’applique. Il faut noter d’ailleurs que là ou le « statut personnel » - qui permettait à une « communauté » de continuer d’appliquer certaines de ses lois traditionnelles dans la sphère publique – a été maintenu, ce sont les juifs qui ont été les plus ardents partisans de son abolition et donc de leur intégration à la « sphère publique » française.

    Il y a donc bien une « spécificité » islamique. Les musulmans sont on pourrait dire « très en retard » dans le processus de sécularisation et de « privatisation » de la religion. Cela ne veut pas dire que toute évolution soit impossible, mais il est clair que l’Islam ne peut devenir « compatible avec la République » qu’en renonçant à un certain nombre d’idées et de pratiques. Ce processus ne peut être que douloureux
    ."

    "Personne ne « refuse l’intégration » par hasard. Et pendant très longtemps, notre société a été capable d’assimiler – je n’aime pas le terme « intégration » qui ne veut rien dire – des populations très différentes quelque fut leur religion. Le problème est que l’assimilation est la combinaison d’une exigence et d’une récompense. Le problème est que la « récompense », le fait d’entrer dans la communauté des citoyens avec les mêmes droits et possibilités que tous les autres, transforme les nouveaux venus des concurrents redoutables pour les enfants de nos « classes moyennes ». Et les « classes moyennes » ne sont pas prêtes à prendre ce risque. Du coup, sans la « récompense », le système tourne à vide. On ne peut « exiger » si on ne donne rien en échange. Et pour justifier cet abandon, on a expliqué qu’il était juste et bon que les migrants puissent « conserver leurs traditions », « garder leur identité » et autres balivernes. Comment dans ces conditions les migrants pourraient ne pas se sentir confinés et dans les cas extrêmes « haïr notre société » ?

    Il ne s’agit pas, comprenez moi bien, d’excuser ou de justifier des comportements individuels. On ne peut pas bâtir une société sur l’idée que les gens sont déterminés par les conditions sociales et par conséquence irresponsables. Mais il faut distinguer le niveau individuel du niveau collectif. En cassant l’ascenseur social et la machine à assimiler, on a préparé le terreau de ce que nous voyons aujourd’hui…
    "

    "La religion est – et a toujours été – un supermarché ou chacun pioche un peu ce qu’il veut. Ce qui attire la jeunesse vers la religion aujourd’hui est que, dans une société qui ne fournit guère des normes, la religion reste l’une des rares institutions à fournir des références collectives, un récit, un rituel. Elle libère l’individu de l’effort intellectuel de décider par lui-même ce qui est « bien » et ce qui est « mal », et surtout du risque que sa décision ne soit pas la même que celle de son voisin. En un mot, elle vous garantit de vivre avec des gens qui pensent comme vous. Un peu comme un parti politique… mais cela ne nécessite pas une « pratique ». [...]

    Les ennemis du « roman national » à l’école s’y opposent parce qu’ils n’ont pas compris que dans une société laïque, il faut bien qu’il y ait une institution pour proposer aux individus un socle de valeurs, de pratiques, de rituels communs. Les gens ont besoin de cette communion. Ils ont besoin de savoir que lorsqu’ils disent certaines choses, ces choses seront comprises et partagées comme une évidence. Si l’école ne fournit pas ce service, les jeunes iront le chercher ailleurs
    ."

    "Foucault a beaucoup varié dans ses préférences citoyennes, allant jusqu’à faire l’éloge de l’ayatollah Khomeiny. Pourquoi pas Rocard, alors ?"

    "Les français dans leur grande majorité – ceux des couches populaires – n’ont aucune envie que quelqu’un « réforme le pays ». Parce que trente ans d’expérience leur ont montré que chaque « réforme » est prétexte à aggraver leur sort."

    "Préserver les libertés doit être notre premier souci. Si pour combattre l’obscurantiste il faut nous-mêmes devenir obscurantistes, à quoi bon ? Limiter les libertés chaque fois que l’efficacité du combat est en jeu, oui. Mais pas plus."
    (15/11/2015, http://descartes.over-blog.fr/2015/11/nous-sommes-en-guerre.html ).

    "Je ne crois pas au machiavélisme de classe. Rares sont les hommes capables de faire du mal à d’autres sciemment. Et c’est pourquoi les classes sociales produisent une idéologie qui leur permet de justifier leurs actes en présentant le mal comme un bien. Je suis persuadé que même les « initiateurs de cette politique » ont réussi à se convaincre qu’ils œuvraient pour le bien des jeunes en défendant leur droit à rester eux-mêmes. C’est d’ailleurs ce qui rend le combat si difficile. Il ne suffit pas de combattre les hommes, il faut démonter pièce par pièce cette idéologie pour montrer qu’elle n’est en fait qu’un paravent aux intérêts d’un groupe."

    "C’est le langage des « classes moyennes ». La « grandeur », c’est coûteux et puis ça demande des efforts. Mieux vaut devenir une sorte de grosse Suisse ou les « classes moyennes » pourront jouir tranquillement de leurs biens et de leurs privilèges et laisser les affaires du monde à d’autres. C’est le syndrome de la « petite France », la même qui trouvait absurde d’aller « mourir pour Dantzig ». On sait où cela l’a menée…"

    "En droit français, l’ordre public va plus loin que la « sécurité des citoyens ». Il fait référence classiquement au « bon ordre, la sécurité, la salubrité et la tranquillité publiques », notions auxquelles on a rajouté progressivement d’autres : la moralité publique, la dignité de la personne humaine…"

    "Si l’Etat est « fort » pour remplir ce « certain rôle » efficacement, il sera aussi « fort » pour déborder de ce rôle et exercer son pouvoir dans les autres domaines… La réponse des libéraux est d’affaiblir l’Etat pour qu’il ne puisse sortir de son rôle, et en général cela le rend trop faible pour remplir ce rôle convenablement…"
    (16/11/2015, http://descartes.over-blog.fr/2015/11/nous-sommes-en-guerre.html ).

    "Ma définition est simple : les « classes moyennes » sont le groupe social qui détient un capital matériel et immatériel suffisant pour récupérer la totalité de la valeur qu’elle produit, mais pas assez pour pouvoir extraire la plusvalue du travail des autres. Si vous voulez, je reprends la vision marxiste dans laquelle le prolétariat vend sa force de travail pour une valeur inférieure à celle que ce travail produit, la différence – la plusvalue – étant empochée par le capitaliste. Entre les deux, il y a une couche qui ne fournit pas de plusvalue, mais qui n’en extrait pas non plus."
    (22/11/2015, http://descartes.over-blog.fr/2015/11/nous-sommes-en-guerre.html ).

    "Ne confondez pas le mot « plusvalue » au sens comptable du terme, et le sens que lui donne la théorie marxiste. La « plusvalue » au sens marxiste est la différence entre la valeur de ce que produit un travailleur et la valeur qui lui est restituée par son patron. Je vous rappelle que la valeur d’un bien est le temps socialement nécessaire pour le produire. Or, la valeur produite par le trader est très faible, incomparablement plus faible que les 16 millions qu’il gagne dans votre exemple.

    Si le trader peut gagner autant – et faire gagner encore plus à son patron – ce n’est pas parce qu’il produit de la valeur, mais parce qu’il extrait une partie de la valeur produite ailleurs, par le travail d’autres hommes. S’il fallait le classer quelque part, le trader serait plus proche du bourgeois que du prolétaire. Seulement, contrairement au bourgeois, il ne dispose pas d’un capital matériel. Sa capacité a gagner beaucoup d’argent dépend d’un capital immatériel – ses connaissances, son « flair », ses relations – qui lui permettent de négocier avec son employeur un partage de la plusvalue que celui-ci récupère


    Quant à l’apiculteur, oui, il empoche la totalité de la valeur que produit son travail. Il appartient donc lui aussi aux classes moyennes.
    ."
    -"Descartes", 23/11/2015, http://descartes.over-blog.fr/2015/11/nous-sommes-en-guerre.html ).

    "D’autres hommes politiques ont commis des erreurs ou fait des conneries. Mais Mitterrand est la pire espèce de politique qui soit : c’est un corrupteur. C’est un homme qui dégradait tout ce qu’il touchait. Comment respecter l’institution si Tapie peut être ministre ?"
    -"Descartes", 17/12/2015 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2015/12/le-front-national-et-les-joueurs-d-echecs.html ).

    "Ma conception de la Nation est fondée sur la notion de « solidarité inconditionnelle ». Un exemple de collectivité à « solidarité inconditionnelle » est la famille – ou d’une manière plus générale, le clan : dès votre naissance à votre mort, vous devez solidarité aux membres de votre famille et ceux-ci vous doivent la réciproque. Il vous pouvez compter sur elle sauf à vous mettre en dehors par un comportement si extrême, si odieux qu’il cause votre expulsion. Mais si la famille pratique la « solidarité inconditionnelle », cette solidarité se pratique entre des gens qui se connaissent. Est-il possible d’imaginer une collectivité dont les membres ne se connaissent pas, ne se connaîtront jamais ? La Nation est la plus grande collectivité répondant à cette question. Des français sont allés dans les tranchées y laisser leur vie pour que d’autres français – qu’ils n’ont jamais connu et n’avaient aucune chance de connaître personnellement – puissent vivre.

    C’est là que se trouve la différence fondamentale entre la Nation française et les « nations » inventées par les régionalistes. La première existe effectivement comme nation, et nous voyons cette « solidarité inconditionnelle » se manifester tous les jours. Pour ne donner qu’un exemple, vous noterez que c’est grâce aux impôts de tous les français que les corses payent l’électricité au même prix qu’en métropole – ils payerant cinq fois plus cher si on leur facturait le vrai prix de production. Mais pourriez-vous me donner un exemple de solidarité inconditionnelle à l’échelle des « nations » régionales ?
    "
    -"Descartes", 22/12/2015 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2015/12/l-extreme-droite-a-bien-gagne-une-region.html ).

    "Il y a à mon avis un rapport dialectique entre la Famille et la Nation, en ce que ces deux institutions ont une caractéristique commune : ce sont deux institutions dont le fonctionnement repose sur des liens réciproques de solidarité inconditionnelle. Il est clair que les processus qui conduisent à l’individu-île, qui se constitue de lui-même et ne doit rien à personne affaiblissent l’idée même de solidarité inconditionnelle, et donc la Nation et la Famille en même temps."
    -"Descartes", 04/01/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/01/avec-tous-mes-voeux.html ).

    "Personnellement, je me suis toujours méfié des renégats. Et il faut préciser le sens du terme: renégat, ce n'est pas celui qui change d'opinion, de parti ou de loyauté. Après tout, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, et il peut y avoir d'excellentes raisons pour en changer. Le renégat, c'est autre chose: c'est celui qui fait de l'abomination publique des idées qui étaient les siennes et des organisations auxquelles il a appartenu son fonds de commerce. Bien sur, pour que ça marche, il faut une demande. Hier, quand il s'agissait de détruire le PCF, la cotisation du renégat communiste sur le marché était particulièrement haute, et plus d'un - je ne donnerai pas d'exemples pour ne pas faire de jaloux - a construit une brillante carrière sur ce marché. Aujourd'hui, le marché est devenu saisonnier: il monte avant les élections présidentielles pour s'effondrer ensuite. Tout est donc une question de timing..."
    -"Descartes", 26 février 2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/article-eric-verhaeghe-ou-l-art-de-devenir-un-re-65804116.html ).

    "Pour éviter la violence, il ne faut pas nier le conflit mais l’organiser, avec des règles qui permettent aux parties de se confronter véritablement sans s’entretuer."
    -"Descartes", 04/02/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/01/le-depart-de-l-icone.html ).

    "Bien sur, on peut toujours se retirer du monde et jouir de toutes les belles choses auxquelles nous avons accès en se disant « je me fous du troupeau ». Mais j’avoue que j’ai du mal à me concevoir dans ce rôle. J’ai besoin du collectif, j’ai besoin d’un sens, j’ai besoin de vivre au-delà de ma propre vie en transmettant les choses qui me plaisent…"
    -"Descartes", 05/02/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/01/le-depart-de-l-icone.html ).

    "Si on n’accepte pas la possibilité de se tromper, on ne fait jamais rien."
    -"Descartes", 21/02/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/02/melenchon-president.html ).

    "Je pense que vous faites erreur en cherchant des origines purement françaises à cette « course à la victimisation ». Il s’agit là d’un phénomène qui dépasse très loin non seulement nos frontières, mais aussi les frontières de l’Europe. Je doute même qu’on puisse le rattacher à la colonisation : lisez la littérature « post-moderne » publiée aux Etats-Unis, et vous verrez que le « victimisme » français n’a rien d’original. Vous trouvez même cette idéologie dans des pays qui n’ont pas de passé colonialiste comme l’Argentine, la Bolivie ou le Brésil.

    Comme toujours lorsqu’il s’agit d’une idéologie, pour comprendre son essor il faut aller chercher les intérêts qu’elle justifie. Je vois dans l’idéologie victimaire une réaction aux formidables développements des « trente glorieuses », qui aboutit à faire bénéficier les individus de libertés et d’opportunités comme jamais dans l’histoire humaine. Il en est sorti une logique de toute-puissance individuelle si caractéristique de la fin des années 1960. Mais cette liberté a une contrepartie empoisonnée : si je suis totalement libre, si j’ai toutes les opportunités pour réussir, si je suis un individu tout-puissant, alors chacun de mes échecs n’est imputable qu’à moi-même. Avant, si j’étais malheureux, je pouvais dire que ce n’était pas ma faute : dieu ne l’avait pas voulu, j’étais né dans la mauvaise classe, on m’avait obligé d’aller à la guerre, j’avais été victime d’une maladie qu’on ne savait pas guérir, on m’avait obligé de me marier. Après, on ne peut plus. Etant le seul auteur de ma vie, je suis le seul responsable de mon échec.

    La « victimisation » permet de se défaire de sa responsabilité. Elle permet de revenir sur cette idée de « toute puissance » en créant un « autre » coupable de nos malheurs. Un « autre » qui, pour être crédible, doit être tout-puissant lui aussi. Les logiques « complotistes » jouent un peu la même fonction.
    "

    "Personnellement, je pense être dans la droite ligne de l’esprit des Lumières : chaque individu n’est responsable que de ses actes, et non de ceux des autres."

    "Je ne vois pas pourquoi la France devrait abandonner l’idée qu’il est légitime d’exporter ses valeurs, sa culture, sa civilisation. Qu’on ait changé de moyens en renonçant à la politique de la canonnière n’implique pas qu’on ait renoncé au but. De ce point de vue là, je pense que la pensée relativiste et extrêmement négative. Le fait d’admettre que chaque peuple a le droit de choisir la manière dont il veut vivre n’implique pas d’admettre que toutes les cultures se valent, ou qu’elles soient toutes également « respectables ». Chacun a le droit de choisir, mais chacun a aussi le droit d’essayer de propager ce qu’il pense être juste et bon. Je pense que nous avons beaucoup de chance de pouvoir vivre dans un pays qi bénéficie d’une telle culture, d’une telle civilisation, et j’aurais envie que tous les hommes puissent en bénéficier."

    "Une partie de mon optimisme est de nature méthodologique. Penser que les problèmes n’ont pas de solution conduit à l’inaction. Penser qu’ils ont de solution conduit à la chercher. Dans un contexte ou il est impossible de savoir avec certitude qui est dans le vrai, on a toujours intérêt d’opter pour la seconde branche de l’alternative. C’est un peu le pari pascalien revisité."
    -"Descartes", 25/02/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/02/melenchon-president.html ).

    "Les étudiants cumulent trois conditions qui font peur à n’importe quel gouvernement : d’abord, ils ont du temps libre et pas de responsabilités, ce qui leur donne une large liberté pour manifester, occuper, etc. Ensuite, ils ont à se faire une place dans la société, ce qui les conduit naturellement à attaquer les structures et les hommes en place. Et finalement, ils appartiennent aux « classes moyennes », ce qui veut dire qu’on ne peut toucher un cheveu de leur tête sans que les médias se déchainent…"
    -"Descartes", 23/03/2016 (http://descartes.over-blog.fr/2016/03/au-secours-je-ne-comprends-plus-rien.html ).

    "Depuis que mai 1968 a chassé le prolétariat de son rôle de « force virile de l’histoire », la galaxie gauchiste se cherche une masse de substitution."
    -"Descartes", 05/04/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/03/au-secours-je-ne-comprends-plus-rien.html#ob-comment-ob-comment-87764157 ).

    « En 1968, les ouvriers ont préféré faire confiance à leurs propres organisations, le PCF et la CGT, pour défendre leurs intérêts plutôt que de s’embarquer dans le bateau « révolutionnaire » piloté par les « classes moyennes » libérales-libertaires. Cela leur a valu d’être chassées du panthéon révolutionnaire du gauchisme, et remplacés par les nouveaux prototypes de l’opprimé – les femmes, les migrants, les SDF – idéologiquement plus faciles à utiliser. »
    -Le Blogueur « Descartes », 06/04/2016 (cf : http://descartes.over-blog.fr/2016/03/au-secours-je-ne-comprends-plus-rien.html#ob-comment-ob-comment-87774482 ).

    "De Gaulle était un ovni politique. Imaginez, un homme venant incontestablement de la droite qui ouvre la porte du gouvernement aux communistes et impose au patronat libéral des réformes sociales et économiques qui aboutissent pratiquement à une économie planifiée. Ce positionnement explique l’ambiguïté de la vision qu’on avait de lui tant à droite qu’à gauche. Effectivement, au PCF on n’oubliait pas que c’était un homme de droite, mais on ne pouvait pas non plus oublier la Résistance. D’où une très grande gêne, entre un discours anticapitaliste qui rangeait mongénéral dans le camp de l’ennemi, et du soutien ponctuel dans les faits : en 1958, c’est en grande partie l’électorat ouvrier qui répondait au PCF qui a assuré la ratification de la Constitution."
    -Le Blogueur « Descartes », 17/04/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/04/pourquoi-les-panama-papers-n-ont-aucun-interet.html ).

    "Il faut je pense redonner leur sens aux mots. Un « programme » n’est pas un catalogue de vœux. C’est une réflexion sur un ensemble hiérarchisé d’actions cohérentes entre elles, sur leur cadencement et sur les moyens à mettre en œuvre."
    -Le Blogueur « Descartes », 24/04/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/04/pourquoi-les-panama-papers-n-ont-aucun-interet.html ).

    "Dans le cas d’une monnaie nationale, la politique monétaire qui convient à une région peut ne pas convenir à une autre. Ainsi, si une région est en pleine expansion et une autre en récession, augmenter les taux d’intérêt peut éviter la surchauffe de la première, et mettre la seconde en faillite. Exactement comme dans le cas de l’Euro. La différence, c’est qu’à l’intérieur de l’espace national il existe des mécanismes de transfert inconditionnel qui compensent cette situation. Dans la région en pleine expansion, l’Etat prélèvera des impôts qu’il pourra transférer dans la région pauvre pour compenser l’effet de sa politique monétaire. Et du coup, la politique monétaire n’est pas pensée en fonction de telle ou telle région, mais en fonction d’un équilibre global.

    Si demain on prélevait sur l’Allemagne en expansion des impôts supplémentaires pour les verser à la Grèce, le fait que la politique monétaire de la BCE soit faite dans l’intérêt de l’Allemagne passerait beaucoup moins mal en Grèce… mais provoquerait une révolution en Allemagne. Le « pilotage à l’échelle européenne » de l’Eurone permet pas aux transferts inconditionnels de compenser les effets du choix de politique monétaire, tout simplement parce qu’il n’y a pas de « nation » européenne, et donc pas de solidarité inconditionnelle entre les différentes « régions » de l’Europe.
    "
    -Le Blogueur « Descartes », 26/04/2016.

    "En trois jours et avec quatre témoignages on peut détruire la carrière et la réputation d'un homme. C'est la toute puissance de la calomnie."
    -Le Blogueur « Descartes », 11/05/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/05/baupin-dans-la-fosse-aux-lions.html ).

    "Se poser comme préalable la nécessité de définir une doctrine et de s’y tenir vous oblige à chercher une cohérence, de trouver des principes abstraits qui vous permettent ensuite de mettre en cohérence des réponses à des situations concrètes."

    "Aucune haine chez moi. Je n’ai jamais haï personne, sauf peut-être Mitterrand."
    -Le Blogueur « Descartes », 17/06/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/06/misere-de-l-argumentation.html ).

    "Combien de fois n’a-t-on entendu des personnalités avouer dans des émissions de télévision qu’ils étaient « nuls en maths », déclaration accueillie avec des rires et des sourires complices ? Et cela se répète souvent dans les réunions et les dîners en ville. Personne n’avouera être « nul en littérature », mais la nullité en sciences et admise et encouragée. Les disciplines artistiques sont associées vulgairement à la liberté, la créativité, le plaisir. Les sciences au formatage, à l’enfermement, à la souffrance. Notre société trouve dans cette opposition l’opportunité de proclamer sa haine de tout ce qui ressemble à la discipline, à la rigueur, à l’effort. Et peu importe si dans la réalité les disciplines artistiques exigent, elles aussi, une discipline de fer et une consécration totale."
    -Le Blogueur « Descartes », 18/06/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/06/misere-de-l-argumentation.html ).

    "Terrible malentendu, celui qui consiste à croire que la droite est « libérale » alors que la gauche serait le contraire. En fait, c’est exactement l’inverse : Contrairement à ce qui se passe en Grande Bretagne, par exemple, en France les libéraux ont toujours été minoritaires à droite. La droite française est bonapartiste par tradition, et donc profondément antilibérale. Cette réalité, Alain Madelin l’a apprise à ses dépens lorsqu’il a essayé de faire une politique véritablement libérale après la victoire de la droite en 1986. Il a été vite renvoyé dans ses foyers après quelques déclarations tonitruantes que l’électorat de droite n’était pas prêt à accepter. Au-delà de sa rhétorique, c’est à droite qu’on trouve les partisans les plus acharnés de l’interventionnisme étatique, de la primauté de l’Etat et des institutions sur les inclinations individuelles, les critiques les plus sévères du libéralisme européen."

    "Certains amis voudraient en finir avec l’exploitation capitaliste tout court. Moi aussi. Seulement, les choses ne sont pas mûres pour cela."
    -Le Blogueur « Descartes », 23 juin 2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/06/le-retour-de-la-haine-de-classe.html ).

    "Depuis quarante ans, le « compromis de classe » bâti après 1945 autour de l’Etat-providence s’est progressivement érodé sous l’action d’une bourgeoisie alliée aux classes moyennes qui voulait récupérer la valeur ajoutée concédée aux couches populaires après la guerre. Or, c’est ce compromis qui avait assuré la cohésion des sociétés, la paix sociale et in fine la prospérité économique en faisant adhérer capital et travail à des objectifs communs. C’est ce compromis qui a permis d’écrire que la lutte des classes était finie, que dans nos sociétés apaisées capitalistes et salariés avaient globalement les mêmes intérêts. Et c’était vrai… à condition que tout le monde joue le jeu. Aujourd’hui, on voit bien la divergence entre les couches populaires et le bloc bourgeoisie - « classes moyennes »."
    -Le Blogueur « Descartes », 24/06/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/06/le-retour-de-la-haine-de-classe.html ).

    "Dès lors qu’il s’agit d’une décision qui modifie les compétences et les pouvoirs des représentants, la décision ne peut être prise par les représentants eux-mêmes, elle doit être déférée au peuple souverain directement. Toutes les autres décisions sont à prendre par les voies représentatives."
    -Le Blogueur « Descartes », 02/07/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/07/brexit-quelques-reflexions.html ).

    "La légitimité du peuple à exercer la souveraineté ne vient pas du fait qu’il est dans le vrai, mais du fait qu’il a à supporter les conséquences des choix de son gouvernement."
    -Le Blogueur « Descartes », 09/07/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/07/brexit-quelques-reflexions.html ).

    "La cohésion sociale passe par l’assimilation, et l’assimilation n’est possible que si elle est exigée par la société d’accueil. Si celle-ci permet aux gens de vivre « comme au pays », les gens vivront « comme au pays » et la société deviendra une mosaïque de communautés, chacune revendiquant des droits particuliers par la violence si nécessaire."
    -Le Blogueur « Descartes », 18/07/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/07/la-medaille-des-victimes.html ).

    "Le respect n’est pas de l’ordre de ce qui est du, mais de l’ordre de ce qu’on gagne. La politesse, c’est de l’ordre de ce qui est du. Je dis « bonjour madame » quand je rentre dans un commerce, même si je ne connais pas la commerçante. Elle est peut-être une salope, et peut être une sainte, mais je ne le sais pas, et du point de vue de la politesse cela n’a aucune importance. Mon geste de politesse est une manière de faire savoir qu’elle et moi appartenons à une même collectivité, dont les membres se doivent des égards inconditionnellement. Il est des gens pour qui j’ai fort peu de respect, et même une certaine animosité. Mais s’ils me tendent la main, je ne leur refuserai pas la mienne parce que le faire serait les chasser symboliquement de la collectivité humaine.

    Il faut revaloriser la politesse et le savoir-vivre tout simplement parce qu’ils rendent la vie plus agréable. Parce que les gestes de politesse – ceux qu’on accomplit et ceux qu’on reçoit – rendent le commerce avec ceux qui nous entourent plus sympathique, plus détendu, plus confiant
    ."
    -Le Blogueur « Descartes », 05/08/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/08/terrorisme-ou-suicide.html ).

    "La crise de ce qu’on appelle « l’insécurité culturelle » est paroxystique parce qu’elle est le symptôme visible d’un problème beaucoup plus grave, qui est celui de l’individualisation à outrance de la société. Une collectivité d’individus libres de toute obligation et ne poursuivant que leur intérêt propre est une collectivité où personne ne peut compter sur l’assurance d’être secouru par ses concitoyens en cas de problème. Faire de la liberté des choix individuels un absolu conduit nécessairement à imposer une solitude absolue."
    -Le Blogueur « Descartes », 06/08/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/08/terrorisme-ou-suicide.html ).

    "La triste vérité est que la plupart des gens ne cherchent pas le débat, mais la communion idéologique. Débattre, c’est se mettre en danger, c’est prendre le risque de découvrir qu’une partie de ce qu’on tenait pour vrai est faux. La communion, l’échange avec des gens qui pensent comme vous, c’est sans risque."
    -Le Blogueur « Descartes », 26/08/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/08/terrorisme-ou-suicide.html#comments ).

    "La triste réalité est que mai 68 a fort peu changé les choses pour les femmes. Le processus qui a changé le statut de la femme a commencé bien avant et il est la conséquence du passage d’une économie de main d’œuvre à une économie industrielle moderne. Pour aboutir à cette transformation, le capital a eu besoin de main d’œuvre, ce qui a conduit à faire entrer massivement les femmes dans le marché du travail. Mais pour cela, il a fallu les former, les libérer de la contrainte de la maternité, d’en faire des acteurs économiques à part entière. C’est de là que viennent les différentes réformes comme la pleine capacité civile, la contraception, l’avortement… toutes faites – quelle coïncidence – par des gouvernements de droite, et sans que le patronat n’ait jamais protesté.

    Après, on peut toujours croire si l’on veut que ce sont les féministes des « classes moyennes » qui en jetant leurs soutien-gorge ont changé le monde. Les « anticapitalistes » de tout poil font même le contresens de penser que la « libération de la femme » dans la deuxième moitié du XXème siècle est une conquête sur le capitalisme. C’est tout l’inverse : les « chaînes du patriarcat » ont été brisées – comme avant elles les chaînes du rapport féodal – pour accompagner le développement du capitalisme en libérant la main d’œuvre. Il fallait que la femme ne soit plus soumise au contrôle de son mari pour pouvoir se donner entièrement à son patron…
    "
    -Le Blogueur « Descartes », 02/09/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/08/ensemble-mais-separes.html ).

    "Ce que j’essaye de vous faire comprendre, c’est que le statut de l’homme comme celui de la femme ne sont pas déterminés par une question de conscience, mais par un rapport économique. Lorsque l’économie domestique était importante et que les enfants étaient nombreux, il fallait une spécialisation des sexes, pour s’assurer au sein de chaque famille que l’un des conjoints irait à l’extérieur gagner la subsistance, et que l’autre ferait tourner cette économie domestique. A l’époque – et ce n’est pas si loin, trois générations en arrière – un homme ne pouvait pas vivre sans une épouse, et une femme ne pouvait pas vivre sans un mari. Le mariage n’était pas une question d’amour, mais un contrat économique conclu en général par les familles. Bien sur, si les époux s’aimaient, c’était tant mieux. Et s’ils ne s’aimaient pas, ils veillaient à ne pas trop se gêner et à se voir le moins possible. Parce que les époux étaient interdépendants, chacun avait un énorme pouvoir sur l’autre. Et c’est pourquoi cette vision des femmes « soumises à leur mari » est en grande partie une construction a posteriori. Si la loi faisant du mari le chef de la famille – ce qui en pratique voulait dire qu’il était l’interlocuteur de l’administration – la femme avait une infinité de manières de lui rendre la vie impossible.

    Si les femmes se sont senties « opprimées » à un moment donné et dans certaines classes sociales – car vous remarquerez qu’il y eut très peu de « suffragettes » chez les paysannes de la renaissance ou des Lumières – c’est parce que les transformations économiques ont déstabilisé ce modèle. Avec l’augmentation de la productivité, l’économie domestique a perdu une grande partie de son importance. Plutôt que de faire des confitures à la maison, il était plus économique de travailler à l’usine et acheter les confitures avec le salaire ainsi gagné. Et du coup, cette interdépendance qui rendait la condition de la femme supportable s’est progressivement effacée. Tout à coup, l’homme pouvait vivre sans femme, et la femme sans homme – le congélateur et le microondes ont achevé cette transition. Et dès lors, la division du travail imposée par les sociétés pré-industrielles sont devenues insoutenables
    ."
    -Le Blogueur « Descartes », 06/09/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/08/ensemble-mais-separes.html ).

    "Sommes-nous prêts à accepter une société fractionnée en « communautés », chacune dressant autour d’elle des murs – fussent-ils en tissu – pour s’isoler de l’extérieur ? Et bien, s’il n’y a pas une véritable pression pour l’assimilation, si on laisse se développer les tentatives séparatistes, c’est exactement ce qui nous arrivera. Et plus la société sera fragmentée, moins les mécanismes de solidarité liés à la collectivité nationale seront légitimes et plus ceux qui veulent les démanteler eux trouveront un terreau favorable. C’est cela qui explique pourquoi nos chères « classes moyennes », qui se pourlèchent déjà les babines à l’idée qu’elles n’auraient plus à payer pour les écoles, les hôpitaux, l’électricité des pauvres, se sont si facilement converties à la vision « séparatiste » de la société."
    -Le Blogueur « Descartes », Ensemble mais séparés ?, 31 août 2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/08/ensemble-mais-separes.html ).

    "J’ai beaucoup lu Clouscard dans ma jeunesse et j’ai toujours trouvé sa lecture de Marx bien plus stimulante que celle des freudo-marxistes comme Sève ou Althusser. Je confesse donc mon crime : je suis bien un clouscardien…

    On peut d’ailleurs trouver chez Clouscard l’intuition de l’importance des classes moyennes dans les métamorphoses du capitalisme vers le « capitalisme libertaire », même s’il retient pour les classes moyennes une définition classique de sociologue et n’a pas cherché à en donner une définition économique en termes de classe
    ."
    -Le Blogueur « Descartes », 10/09/2016, (cf http://descartes.over-blog.fr/2016/08/ensemble-mais-separes.html ).

    "Les musulmans ne font que suivre un comportement qui est général. Vous trouverez des militants d’associations à Calais et ailleurs qui aident des migrants en situation irrégulière à échapper à l’expulsion. Pourtant, la loi de la République est très explicite à ce sujet. Et que vous disent-ils lorsque vous leur posez la question ? Et bien, qu’il y a des lois morales – les leurs, bien entendu – qui sont supérieures aux lois de la République. Allez sur la ZAD de Notre Dame des Landes, et demandez aux occupants pourquoi ils s’opposent par la violence à l’exécution des lois de la République. Là encore, ils invoqueront leurs croyances écologistes en les mettant au dessus de la loi. Il ne manque donc pas des minorités qui mettent leurs morale, leur éthique, au dessus des lois de la République. Ces gens-là sont ils condamnés par les institutions ? Non, bien sur que non. Au contraire : nos médias en font des Robin Hood modernes. Alors, pourquoi refuser aux musulmans le même raisonnement ?"
    -Le Blogueur « Descartes », 21/09/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/08/ensemble-mais-separes.html ).

    "J’ai toujours été convaincu qu’on ne peut pas penser tout seul. La réflexion nécessite le jeu de ping-pong avec un interlocuteur qui soit différent de vous, tant le regard de l’autre est important pour nous obliger à garder la rigueur du raisonnement et pour nous dissuader de prendre nos désirs pour des réalités. Il n’y a qu’à voir ce qui arrive avec le discours des gens qui n’échangent qu’avec leur miroir – c'est-à-dire, avec des gens qui leur ressemblent…

    Ce blog est né d’un problème personnel : le climat de sectarisme actuel et les aléas de carrière m’ont privé de l’opportunité de discuter ouvertement avec des gens différents de moi. Or, j’ai besoin des idées de l’autre
    ."
    -Le Blogueur « Descartes », 30/09/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/09/pluie-de-candidats.html ).

    "Personnellement, je suis un marxiste au sens que je revendique les outils d’analyse de la société développés par Marx, et tout particulièrement le matérialisme historique. Marx est un analyste brillant de la société capitaliste. Mais je suis bien plus réservé quant aux interprétations prophétiques qu’on a souvent donné à son œuvre. Le communisme de Marx est plus un état idéal, une sorte de « fin de l’histoire », qu’une organisation sociale réalisable."

    "J’ai un peu participé à la naissance du PRCF, en 1994, quand il s’agissait de créer un mouvement de résistance interne au PCF contre l’opération de démolition – pardon, la « mutation » - portée par Robert (Ub)Hue et sa bande de joyeux notables. A l’époque, il s’agissait de mener une bataille contre l’abandon – ou pire, la diabolisation – d’un patrimoine historique et symbolique qui était celui des militants du PCF. Et je garde une grande sympathie pour ces gens, d’abord parce qu’ils sont sincères, et ensuite parce qu’ils se sont désignés comme les gardiens d’un patrimoine qui me semble précieux. Sur beaucoup de points, ils continuent à porter le message progressiste, scientiste, souverainiste qui fut celui du PCF jusqu’aux années 1990. J’ai bien entendu de gros désaccords avec eux, et j’ai du mal à supporter leur côté passéiste et sectaire, leurs dérives gauchistes…"
    -Le Blogueur « Descartes », 11/10/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/09/pluie-de-candidats.html ).

    "Je fais une lecture matérialiste de Hobbes : lorsqu’on parle de « guerre de tous contre tous », cette guerre n’est pas la conséquence d’un caprice ou d’un atavisme. Elle a une motivation matérielle, l’appropriation des biens qui permettent de satisfaire les besoins. Lorsque Hobbes parle de la vie sous l’état de nature comme étant « misérable, brutale et courte », on trouve bien l’idée que l’association n’a pas pour but seulement de sortir de la brutalité, mais aussi de la misère."
    -Le Blogueur « Descartes », 20/10/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/10/policier-mon-frere.html ).


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    Message par Johnathan R. Razorback Mer 11 Mai - 10:00

    Entre Clouscard et Durkheim:

    "Les hommes de notre peuple ne sont pas disposés à sacrifier ce qui est national, à une Europe, par exemple, fabriquée par MM. Blum et Churchill, et financée par M. Marshall."
    -Préface d'Aragon au tome II de l'œuvre de Maurice Barrès, Ed. Club de l'honnête homme, Paris, 1965.


    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

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    Message par Johnathan R. Razorback Mar 8 Nov - 11:42

    "Personnellement, je suis contre la légalisation du cannabis parce que l’interdiction n’a pas seulement pour fonction de punir le trafic. Elle a aussi pour fonction de marquer un interdit. L’utilisation de psychotropes n’est pas et ne doit pas être un geste banal. Fumer un joint ne doit pas être un comportement banal. Par ailleurs, il faut penser aux jeunes : pour se construire, ils ont eux aussi besoin de violer des interdits. Or, si nous enlevons tous les interdits qui ne présentent pas de danger, ils iront violer ceux qui en présentent un. Hier une fille pouvait être « rebelle » en allant au lycée avec du rouge à lèvres. Aujourd’hui, il lui faut au moins planter un couteau dans son professeur pour obtenir le même résultat. Je préfère personnellement que mon enfant s’offre un frisson en fumant un joint plutôt qu’en s’injectant de l’héroïne ou en allant chez Daesh."
    -Le Blogueur « Descartes », 21/10/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/10/policier-mon-frere.html ).

    "En politique, personne n’a tout à fait raison, et tout à fait tort."
    -Le Blogueur « Descartes », 21/10/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/10/policier-mon-frere.html ).

    "Un parti qui ne porte pas de projet, qui ne forme pas politiquement ses militants, qui ne fait pas vivre une collectivité militante ne sert à rien."
    -Le Blogueur « Descartes », 01/11/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/11/lettre-ouverte-a-mes-anciens-camarades.html ).

    "Il y a une catégorie d’emplois pour lesquels la rémunération n’achète pas seulement la force de travail, elle achète la bienveillance. En effet, une fois la force de travail achetée, comment contrôler que le travailleur met effectivement sa force de travail à disposition de l’employeur ? En bas de l’échelle, le contrôle est simple : on définit une « norme » - le nombre de pièces à terminer, le nombre de colis à préparer, nombre de clients à démarcher – et le travailleur qui ne satisfait pas la « norme » est considéré ne pas avoir satisfait son contrat. Mais dans d’autres métiers, la chose est plus complexe. Lorsqu’on a à faire à un PDG, la définition d’une « norme » est très difficile : il ne suffit pas qu’il fasse tant de rondes par jour dans les ateliers, ou qu’il voit tant de personnes par jour dans son bureau. On peut conditionner sa rémunération aux résultats, mais on sait bien que ceux-ci dépendent autant des efforts du directeur que du contexte économique, social et politique. On ne fait donc pas qu’acheter la force de travail d’un PDG, on achète aussi le fait qu’il fasse « de son mieux » et non simplement une norme préétablie. Par ailleurs, moins un PDG est payé et plus il est corruptible. Dans un contexte compétitif, ce n’est pas un élément à négliger…

    Il y a donc des acteurs économiques qui ne vendent pas que leur « force de travail » : on achète aussi leur fidélité et leur « bienveillance », tout simplement parce que dans les positions qu’ils occupent ils ont un pouvoir de nuisance considérable. Il est essentiel pour l’actionnaire que ces acteurs intègrent les intérêts de l’actionnaire comme les leurs, et pour cela il faut les associer au résultat. Un PDG a donc un « capital immatériel » qui lui donne un pouvoir de négociation qui lui permet de récupérer bien plus que la valeur produite par son travail : il appartient donc aux « classes moyennes ».
    "
    -Le Blogueur « Descartes », 13/11/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/11/de-la-democratie-selon-le-pcf-et-du-mouvement-selon-melenchon.html ).

    "Franchement, parler de la Russie comme « puissance déstabilisatrice » après ce que les américains ont fait en Irak ou en Palestine, c’est faire preuve de comique involontaire. Effectivement, je pense que nous avons sur ce point une divergence. Je pense au contraire que la Russie a plutôt un rôle stabilisateur, et que c’est au contraire le « camp occidental » qui joue un jeu déstabilisateur. Quelquefois volontairement, le plus souvent par indécision ou par bêtise. Prenons quelques exemples si vous le voulez bien :

    Premier exemple : l’Ukraine. Pays situé aux marches de la Russie, il est considéré par Moscou depuis des siècles comme faisant partie de ce glacis qui lui donne la profondeur stratégique permettant de défendre des frontières qu’aucun obstacle naturel ne vient sécuriser. Cette position est connue des occidentaux, et Moscou l’a toujours très clairement réaffirmée. Moscou ne réclame pas une tutelle sur Kiev, mais exige que l’Ukraine soit neutralisée, qu’elle n’adhère à aucun bloc. Et voici voilà que l’UE vient signer un accord qui fait rentrer l’Ukraine dans son orbite, fait miroiter une éventuelle adhésion. Et voici voilà que l’OTAN fait miroiter une possible adhésion à l’Alliance. Qui joue là dedans un « rôle destabilisateur » ? Celui qui fait connaître clairement ses intentions et ses lignes rouges – par ailleurs fort raisonnables ? Ou celui qui joue sur les incertitudes, qui dit un jour une chose et le jour suivant le contraire ?

    Deuxième exemple : la Syrie. Ce pays a un gouvernement légitime, internationalement reconnu. Dont on peut certes dire beaucoup de mal, mais qui au moins garantit une certaine prévisibilité, un certain ordre, une certaine paix. Les Russes là encore ont été toujours très clairs : Bachar Al-Assad est pour eux un allié, son gouvernement est légitime et c’est une garantie de stabilité pour la région, ils le soutiendront. Et en face, qu’est ce qu’on voit ? Les américains, les français et les autres qui un jour menacent de bombarder, le suivant n’en veulent plus, qui soutiennent les rebelles mais pas tous et pas tout le temps, qui combattent le terrorisme mais tolèrent les interventions des puissances sunnites qui l’alimentent… de quel côté est la « stabilité », et de quel côté « l’instabilité »
    ?"

    "Le principe de l’intangibilité des frontières a été réduit en poussière lorsque l’OTAN a bombardé la Serbie pour détacher une province Serbe, le Kossovo, et en faire un état indépendant. On ne peut pas participer au dépècement de la Serbie et ensuite invoquer la sacralité des « règles du système international » quand la Russie fait la même chose en Crimée."

    "Vous devriez discuter avec quelques russes sur ce que furent les années Eltsine… je pense que cela vous donnerait une perspective. Ce n’est pas un hasard si la Russie a vu se succéder des « hommes forts ». Dans une tradition politique chaotique, celle d’un pays immense et sous administré, d’une société d’une violence inimaginable chez nous, il faut une incarnation du pouvoir qui soit terrible. C’est le Léviathan de Hobbes dans toute sa splendeur. Je ne sais pas si la droite est fascinée par les « hommes forts », ou si c’est la personnalité de Poutine qui attire. Mais il faut reconnaître à Poutine une capacité extraordinaire de remettre son pays sur pied."
    -Le Blogueur « Descartes », 22/11/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/11/donald-le-magnifique.html#comments ).

    "Les idées, c’est très joli, mais sans une réflexion sur le Pouvoir, sur sa conquête et sa conservation, elles restent des idées."
    -Le Blogueur « Descartes », 02/12/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/12/j-ai-survecu-aux-reunions-de-circonscription.html ).

    "En politique, quand les illusions nous empêchent de voir la réalité, il faut les casser. Parce que la réalité finit de toute manière par reprendre ses droits."
    -Le Blogueur « Descartes », 03/12/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/12/j-ai-survecu-aux-reunions-de-circonscription.html ).

    "Le problème des militants, c’est qu’ils ont une certaine tendance à croire que tout le monde n’a qu’une envie : être comme eux. Mais c’est faux : les gens qui ont envie d’assister à des réunions interminables et de lire des documents imbitables pour participer au gouvernement de la France ne sont qu’un tout petit nombre. Les autres sont ravis de déléguer des gens de confiance pour gouverner en leur nom et par délégation. De la même manière qu’ils sont ravis de prendre le train sans avoir à conduire ou réparer la locomotive."
    -Le Blogueur « Descartes », 19/12/2016 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2016/12/j-ai-survecu-aux-reunions-de-circonscription.html ).

    "Toute l’histoire humaine est construite autour d’une réalité quotidienne : la nature ne nous doit rien. L’homme ne survit qu’en arrachant à la nature les moyens de sa subsistance. Et c’est pour arracher cette subsistance qu’il est tenu de travailler."
    -Le Blogueur « Descartes », 14/01/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/01/pourquoi-je-suis-contre-le-revenu-universel.html ).

    "La complexité de notre société occulte pour la plupart des gens les liens entre production et consommation. Beaucoup de gens pensent comme si les rayons des supermarchés se garnissaient par magie, et comme si leurs salaires tombaient du ciel. Ils ne font pas la liaison entre les deux processus. Il en résulte une vision magique de l’économie, où il suffirait que les banques distribuent de l’argent pour que tout le monde soit heureux."
    -Le Blogueur « Descartes », 15/01/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/01/pourquoi-je-suis-contre-le-revenu-universel.html ).

    "Il est clair que la gauche est à la fin d’un cycle, celui d’Epinay. En fait, le processus initié en 1972 autour de la personnalité ambiguë et charismatique de Mitterrand contenait en germe sa propre destruction. Mitterrand était certainement un grand tacticien, mais c’était un piètre stratège, et n’a jamais vu au-delà de sa propre carrière. Il a sélectionné des collaborateurs pour le servir, mais il ne les a jamais formés pour prendre la relève – de peur peut-être qu’ils cherchent à le remplacer. Il avait le plus grand mépris pour ses collaborateurs, tout juste bons à l’accompagner ou servir ses desseins. Et dès le départ, il avait eu cette formule lapidaire : « je serai le dernier grand président ». Sous son règne, le PS a produit une génération de politiciens carriéristes et falots (Hollande, Royal, Aubry…) qui a leur tour ont enfanté d’une génération encore plus creuse (Hamon, Vallaud-Belkacem…). Le PS n’a aujourd’hui aucune capacité intellectuelle, c’est un ramassis de politiciens professionnels « du berceau à la tombe », terrifiés à l’idée de devoir aller bosser pour de vrai." -Le Blogueur « Descartes », 22/01/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/01/primaire-de-gauche-le-temps-des-soldes.html ).

    "Si on pose en principe que le détournement de fonds publics est une faute éliminatoire, aujourd’hui cela éliminerait Fillon, et cela ne serait pas forcément une perte pour la République. Mais demain, qui cela pourrait éliminer ?" -Le Blogueur « Descartes », 12/02/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/02/francois-fillon-notre-valet.html ).

    "Finalement, je m’aperçois qu’avec l’affaiblissement des partis politiques en tant qu’institutions, il y a une espèce qui est plus ou moins en disparition, c’est le « responsable administratif ». Ce personnage obscur dévoué avec une fidélité canine au Parti, qui ne demandait rien – et surtout pas un poste d’élu – mais dont la satisfaction était d’être au courant de tout et de faire tourner la machine. J’en parle d’autant mieux que j’ai fait ce boulot pendant bien longtemps au PCF. Quand on regarde l’organigramme de l’équipe Fillon, on voit des politiques partout… mais ou sont ces rats d’organisation qui connaissent les dossiers et surveillent les sous ?" -Le Blogueur « Descartes », 13/02/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/02/francois-fillon-notre-valet.html ).

    "Il n’y a pas de « grandeur » sans un côté sombre." -Le Blogueur « Descartes », 13/02/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/02/francois-fillon-notre-valet.html ).

    "Je vais même vous faire une confidence : on m’a plusieurs fois proposé de faire une carrière politique, comme élu. Si j’avais pensé avoir les qualités nécessaires, j’aurais sans doute accepté. Mais je ne l’ai jamais pensé. J’ai travaillé avec des élus, dont j’ai souvent admiré le travail ingrat, mais je ne me suis jamais vu capable de le faire aussi bien qu’eux." -Le Blogueur « Descartes », 13/02/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/02/francois-fillon-notre-valet.html ).

    "En 1962, lorsque De Gaulle propose l’élection du président au suffrage universel direct, la quasi-totalité des organisations politiques sont contre et appellent à voter non. Cela n’empêche pas la majorité pour le « oui » de frôler les deux tiers. Sur une question fondamentale et bien posée, le peuple a montré qu’il était capable de désavouer les « majorités politiques »."

    "Vous l’avez oublié peut-être, mais pendant sa présidence Mitterrand avait fait fleurir la tombe de Pétain chaque année."  -Le Blogueur « Descartes », 19/02/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/02/francois-fillon-notre-valet.html ).

    "Je vous invite à compulser les archives, et vous pourrez constater qu’il y a une véritable différence entre les luttes ouvrières et celles qui engagent les « classes moyennes » en termes d’action policière et de suites pénales. L’exemple classique est celui des manifestations et des occupations étudiantes, des destructions de parcelles OGM, d’occupation et de sabotage de matériel de chantier par des « zadistes » divers, actes qui bénéficient d’une mansuétude extraordinaire alors que l’invasion par les travailleurs en lutte du conseil d’administration d’Air France a donné lieu à des lourdes condamnations pénales." -Le Blogueur « Descartes », 22/02/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/02/francois-fillon-notre-valet.html ).

    "On ne peut faire de la politique qu’en partant de ce que les gens ont dans la tête. Et ce que les gens ont dans la tête, c’est souvent leurs petits problèmes : ces voisins avec lesquels il est impossible de communiquer et qui imposent leur mode de vie, la difficulté à vivre dans un environnement devenu agressif. Il faut un long travail politique pour lier ce vécu à une problématique plus globale, pour expliquer que c’est en changeant les grandes choses qu’on change les petites." -Le Blogueur « Descartes », 17/03/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/03/le-coup-d-etat-judiciaire.html ).

    "Logique du procès d’intention. Quand on ne sait pas répondre sur le fond aux arguments d’un contradicteur, on l’attaque non pas sur ce qu’il dit, mais sur POURQUOI il le dit. L’idée sous-jacente est que le discours importe au fond moins que l’intention, qu’une vérité qui dérange n’est pas bonne à dire alors qu’un mensonge qui sert la cause doit être répété."  -Le Blogueur « Descartes », 03/04/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/03/carnet-de-campagne.html ).

    "Au contraire, je trouve que la sortie de cet « entre soi » qu’est l’UE serait l’opportunité pour la France de renouer avec la tradition d’ouverture sur le vaste monde… et que c’est plutôt l’enfermement dans un carcan qui nous empêche de faire entendre notre voix indépendante qui nous conduit à un enfermement boutiquier."

    "C’est toujours facile de faire des listes de mesures pour faire plaisir à tout le monde. La véritable difficulté de la réflexion programmatique réside dans le fait que dans le monde réel on ne peut faire plaisir à tout le monde, parce que les ressources sont limitées et que les intérêts des différents groupes sont contradictoires. Il faut donc à un certain moment arbitrer entre les différentes contraintes et hiérarchiser les mesures pour faire rentrer ce qui est souhaitable dans l’épure de ce qui est possible. Le problème de « l’avenir en commun », comme celui de « l’humain d’abord » d’ailleurs, est que personne ne veut faire ce travail. [...]
    Il est vrai de dire que le capitalisme génère une masse de plusvalue qui est empochée par les capitalistes. Mais la « gauche radicale » vit sous l’illusion que cette masse est infinie ou en tout cas très importante. En cela, elle se fonde sur l’illusion monétaire, qui fait confondre la masse d’actifs financiers – c'est-à-dire du papier avec des chiffres dessus – avec les richesses réelles. En fait, « de l’argent il y en a, chez les riches ». Mais pas tant que ça.

    Quant aux « contraintes économiques et financières »… la « gauche radicale » vit dans l’illusion volontariste. La tendance à ignorer les « contraintes économiques et financières » est une facette d’une volonté d’ignorer les contraintes du réel en général
    ."
    -Le Blogueur « Descartes », 25/04/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/03/carnet-de-campagne.html ).

    "Vous pensez la courtoisie comme un devoir qu’on a envers les autres. Pour moi, c’est d’abord un devoir qu’on a envers soi même. Etre courtois, c’est faire le choix de la civilisation et non de la barbarie."
    -Le Blogueur « Descartes », 01/05/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/04/le-triomphe-de-l-ego-politique.html ).

    "Vous savez, j’étais au lycée à la fin des années 1970. Et je me souviens qu’à l’époque nous aussi nous remettions en cause la totalité des programmes d’éducation civique, d’histoire, de philo et pas mal de valeurs. Bien sur, nous le faisions qui au nom de la « révolution prolétarienne », qui au nom de la liberté de « jouir sans entraves »… Et quelques uns d’entre nous admiraient les exploits violent des « autonomes » ou de « Action Directe ». C’est le propre de l’adolescence de tester les limites, et à chaque génération les « jeunes imbéciles » que chantait Ferrat s’approprient de ce qui à ce moment-là fait le plus peur au bourgeois. Dans les années 1970, c’était Guevara et le petit livre rouge qui faisait trembler les beaux quartiers. Aujourd’hui, c’est le voile islamique et le Coran.

    Il faut je pense savoir faire la part des choses entre ce qui relève de la révolte adolescente – ce qui ne veut pas dire ignorer ses dangers, après tout, « Action Directe » a tué pas mal de monde – et ce qui relève d’une véritable confrontation politico-militaire. Car on ne traite pas les deux problèmes de la même manière. La révolte adolescente se traite par le temps, l’éducation et l’expérience. Elle se traite aussi en donnant aux adolescents des vraies « causes civiques » et de vraies perspectives. La confrontation politico-militaire se traite par des mesures de force et une répression sans faille
    ."
    -Le Blogueur « Descartes », 20/05/2017 (cf: http://descartes.over-blog.fr/2017/05/le-debat-des-nuls.html ).

    "L’Etat a fait depuis des années le choix d’utiliser EDF comme vache à lait, lui demandant un dividende confortable et fixant les prix de l’électricité en dessous de leur coût réel (ce que le Conseil d’Etat a d’ailleurs constaté régulièrement en annulant les arrêtés tarifaires au motif qu’ils ne couvrent pas les coûts de l’opérateur). Comme dans beaucoup d’autres domaines, la société a décidé de vivre à crédit : on a une électricité excessivement bon marché parce qu’on mange lentement mais sûrement le capital constitué lors de la construction du parc nucléaire. Le jour où celui-ci sera épuisé et il faudra le renouveler… bonjour les dégâts.

    Vous noterez par ailleurs que la dette liée aux énergies renouvelables hors hydraulique, qui couvre à peine quelques 7% des besoins en électricité, représente un montant bien plus lourd que la dette d’EDF. En effet : chaque fois qu’on construit un parc solaire ou éolien, l’Etat accorde une subvention sur une période de 20 ans. L’ensemble des engagements déjà pris représente plus de 100 Md€, là encore selon le calcul de la Cour des Comptes. Alors, si de gouffres on parle, le gouffre nucléaire n’est pas, et de loin, le plus inquiétant.
    " ("Descartes", 02/06/2018, cf: http://descartes.over-blog.fr/2018/05/pourquoi-les-cheminots-ne-peuvent-pas-gagner.html

    "Pendant des siècles, les participants aux assemblées représentatives – Etats généraux, Parlements, Conseils et j’en passe – devaient se donner les moyens d’exercer leur mandat sur leurs propres deniers. Mais on s’est aperçu très vite qu’un tel système créait une inégalité inacceptable, au point que même en établissant une éligibilité universelle seuls les riches avaient les moyens d’exercer leur mandat. A partir de la fin du XVIIIème siècle les institutions parlementaires commencent à accorder à leurs membres des moyens d’exercer leur mandat : bureaux, moyens de communication, moyens de transport, et finalement la possibilité d’embaucher aux frais de l’institution un certain nombre de collaborateurs.

    Se pose alors une question vieille comme le monde : comment contrôler que ces moyens ne soient détournés de leur finalité ? Que les bureaux, les téléphones, la poste, les cartes de circulation, le personnel embauché sont bien utilisés pour aider l’élu dans son travail parlementaire, et non pour des finalités politiques – ou privées ! – sans rapport direct avec ses fonctions ? Cette question n’a pas de réponse satisfaisante, entre autres parce que le respect de la liberté de l’élu implique que le contrôle sur ses communications, ses déplacements ou le travail qu’il confie à ses collaborateurs soit réduit au minimum.

    Personnellement, j’ai toujours pensé que ce contrôle était illusoire. Il y aura bien entendu des abus, et cela est inévitable. Certains utiliseront ces moyens pour aider leur parti ou soutenir d’autres activités politiques, et cela ne me gêne pas particulièrement, puisque dans ce cas les moyens servent à faire fonctionner la démocratie, même s’ils sont détournés de leur but strictement parlementaire. D’autres utiliseront ces moyens pour arrondir leur fortune personnelle, et là c’est déjà plus gênant. Mais comment l’éviter sans tomber dans un contrôle tatillon qui in fine implique un contrôle de l’activité politique de l’élu ? Non, ces abus, c’est le prix que nous payons pour avoir une vie démocratique. Le monde est ainsi fait, autant s’y résigner.
    " (21 octobre 218, cf: http://descartes-blog.fr/2018/10/21/lautomne-du-gourou/ )

    "Une belle campagne municipale dans une ville moyenne coûte autour de 40.000 € (le plafond est de l’ordre de 2€ par habitant pour les deux tours)." (22 octobre 2018, cf: http://descartes-blog.fr/2018/10/21/lautomne-du-gourou/ )

    "C’est dommage [que vous n'exprimiez pas votre avis] ! Surtout s’il ne rejoint pas le mien !" (24 novembre 2018, cf: http://descartes-blog.fr/2018/11/18/gilets-jaunes-idees-noires/ )

    "[J’aimerais savoir comment on sort de l’UE sans activer l’article 50 ?]

    Par une déclaration du gouvernement français annonçant que dans trois mois – ou plus, selon ce qui est estimé nécessaire pour voter la législation transitoire – la France ne s’estimera plus tenue par les traités européens (c’est ce qu’on appelle la dénonciation d’un traité, et c’est prévu d’ailleurs par la convention de Vienne sur le droit des traités). Il s’agira ensuite de faire voter la législation transitoire permettant de suppléer au droit européen (par exemple, il faudra bien une loi pour permettre à la Banque de France de battre monnaie…). [...]

    [Je ne veux pas être rabat-joie, car moi aussi ce délai de 2 ans pour se libérer entièrement des chaînes de l’UE m’agace fortement. Mais quand je lis la Convention de Vienne, l’article 56 stipule qu’une dénonciation ou un retrait ne se fait que lorsqu’il n’y a de pas de dispositions relatives à l’extinction, à la dénonciation ou au retrait du traité en question. A moins qu’il y ait un autre article ?]

    Moi j’utiliserais plutôt l’article 62, qui permet de dénoncer un traité en cas de “changement fondamental des circonstances”. On pourrait utiliser à cet effet la décision de la CJUE proclamant la primauté du droit européen par rapport aux droits nationaux. Une telle “circonstance” n’avait certainement pas été prévue à la signature des traités européens." (22 et 23 janvier 2019, cf: http://descartes-blog.fr/2019/01/20/il-ny-a-pas-exit-heureux/ )



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    Message par Johnathan R. Razorback Lun 4 Fév - 17:56

    "Quelqu’un qui brule publiquement son passeport et qui prend les armes contre la France – non pas contre le gouvernement du jour, mais contre la France en tant que nation – peut-il encore être considéré comme Français ? Le faire reviendrait à nier sa liberté de quitter la communauté nationale, de lui imposer une nationalité dont à l’évidence il ne veut pas.

    Seulement voilà, maintenant qu’ils sont dans la merde, certains de ces jihadistes découvrent tout à coup qu’être citoyen français à quelques petits avantages. Alors, tout à coup, on revendique ce passeport qu’on brûlait hier. Accepter cette revendication, d’est accepter que les droits du citoyen français n’aient pas de contrepartie. Pour moi, c’est inacceptable
    ." (Le Blogueur « Descartes », 2 février 2019, cf: http://descartes-blog.fr/2019/01/20/il-ny-a-pas-exit-heureux/ )

    "On peut très facilement démontrer que toute fiscalité – quelle que soit son assiette – est en dernière instance payée par les consommateurs." (Le Blogueur « Descartes », 9 mars 2019, cf: http://descartes-blog.fr/2019/03/08/cetait-donc-possible/ )

    "Ce n’est pas facile de créer ex nihilo un parti politique. C’est pourquoi d’ailleurs l’immense majorité des partis politiques au cours de notre histoire sont nés de la scission ou de la fusion à partir d’organisations existantes. Déjà, il n’est pas facile de trouver des militants. Mais trouver des gens passionnés par la réservation de salles, l’encaissement des cotisations, l’achat de photocopieuses…" (1er avril 2019, cf: http://descartes-blog.fr/2019/03/22/grand-debat-life-the-universe-and-everything/ )

    "Il est d’usage de considérer que l’existence se prouve, et l’inexistence se présume. On ne peut pas d’ailleurs agir autrement, puisqu’en dehors des objets mathématiques, l’inexistence de quelque chose est logiquement impossible à prouver." (11 juin 2019, cf: http://descartes-blog.fr/2019/05/27/europeennes-2019-lavenir-est-a-ceux-qui-ne-se-levent-pas/ ).

    "Macron – comme d’ailleurs la grande majorité des dirigeants français – n’est pas un vrai libéral. C’est le grand paradoxe chez nous : même les dirigeants qui se disent « libéraux » en pratique ne font pas confiance au marché. Nos dirigeants politiques proclament leur confiance dans les forces du marché, mais chaque fois qu’une entreprise bat de l’aile et risque de laisser des chômeurs sur le carreau, ils se rendent sur place pour ils affirment haut et fort que « l’Etat fera – ou doit faire, s’ils sont dans l’opposition – tout ce qu’il faut pour sauver l’activité ». Thatcher, elle, laissait crever les « canards boiteux » en expliquant qu’il fallait laisser mourir les activités non rentables, et qu’il fallait faire confiance au marché pour créer à leur place des activités rentables qui donneraient du travail aux chômeurs. Très rares sont les dirigeants français qui se risqueraient à tenir ce discours – à part Madelin et ses amis, je ne vois pas grand monde – et pas seulement par opportunisme. L’interventionnisme public est très profondément implanté dans la psyché politique française, même chez ceux qui se disent « libéraux »." (26 juin 2019, cf: http://descartes-blog.fr/2019/06/20/pour-qui-sonne-le-glas-2/ )

    "Transformer l’école en une sorte de supermarché ou l’on « pioche » en fonction de ses envies aboutira à ce qu’on connaît déjà en Angleterre : les enfants des « classes intermédiaires » et de la bourgeoisie « choisiront » – poussés par leurs parents – de faire des mathématiques et du latin, alors que les enfants des couches populaires choisiront les spécialités les plus « faciles ». Et petit à petit les options « mathématiques » et « latin » disparaîtront des lycées de la France périphérique ou des banlieues (« à quoi bon maintenir une option que personne ne prend… ? »), empêchant tout retour en arrière. Saint-Just avait raison : « entre le faible et le fort, c’est la liberté qui asservit et la loi qui libère ». Si on veut que les enfants des couches populaires aient accès aux mathématiques, au latin, aux disciplines « nobles », il faut les rendre obligatoires." (5 juillet 2019, cf: http://descartes-blog.fr/2019/06/20/pour-qui-sonne-le-glas-2/ )

    "Dans tout choix tragique, juger moralement celui qui prend un choix plutôt qu’un autre est absurde." (8 avril 2020, cf: https://descartes-blog.fr/2020/04/05/de-leconomie-en-temps-de-coronavirus/ ).

    "Créon est un personnage tragique en ce qu’il est obligé de mettre à mort une adolescente qu’il aime (et provoquer le suicide de son propre fils et de sa femme par la même occasion) victime de sa propre bêtise. Nos politiques sont ramenés au tragique par une épidémie qu’on leur reprochera d’avoir mal gérée quels que soient leurs choix.
    La politique n’est pas une science. Non pas parce qu’elle ne puisse se doter d’une méthode, mais pour une raison très différente. Le scientifique peut toujours suspendre son jugement. Il peut toujours – c’est même son devoir – dire qu’il ne sait pas, ou pas encore, et prendre son temps pour répondre à n’importe quelle question. Le politique, lui, n’a pas cette liberté. Dans chaque situation, il doit faire un choix, la décision de ne rien faire étant elle-même un choix par défaut. Le scientifique à qui on pose une question peut nous dire de revenir dans une semaine, un mois, un an, un siècle pour avoir la réponse. Le politique à qui on pose une question doit répondre, et répondre immédiatement. La science commande de ne conclure que lorsqu’on a suffisamment d’information et en prenant son temps. La politique, c’est l’art de prendre des décisions aux conséquences graves dans l’urgence et sur des informations imparfaites. […]
    Puisque victoire ou défaite ne dépendent que du jet de dés, la seule façon de faire de la politique au sens noble du terme, c’est pour le politique de redevenir Créon, d’accepter que son destin personnel est dans la main des dieux et que par conséquence autant faire ce qu’on croit juste et advienne que pourra. Celui qui aura bien fait son boulot sera peut-être trainé dans la boue et celui qui n’aura rien fait porté au pinacle. Cela ne dépend que de déesse Fortune, dont on sait combien elle est capricieuse. […] Faire ce qu’on croit le meilleur pour la cité, en sachant combien les chances de recevoir un « merci » qui ne soit posthume sont maigres. On le sait bien: Churchill gagnera une guerre, mais sera renvoyé à ses études par les électeurs. De Gaulle libérera son pays, mais les citoyens refuseront de le suivre ensuite.
    L’homme d’Etat est celui qui trouve sa récompense dans sa propre action, et n’en attend pas d’autre. Et on ne devient grand homme qu’à titre posthume
    ." (Le blogueur "Descartes", 30 avril 2020: https://descartes-blog.fr/2020/04/30/tragedie/ )

    "Si l’on a décidé que les infractions pénales prescrivent au tout d’un délai plus ou moins long, c’est pour deux raisons : la première est d’ordre pratique : avec le passage du temps, les témoignages deviennent de moins en moins fiables, des témoins et des documents disparaissent. Juger dix, vingt, trente ans après le dernier acte d’instruction devient de plus en plus hasardeux, et le doute quant au déroulement exact des faits et des intentions devient de plus en plus important. Dans la mesure où le doute doit profiter à l’accusé, il arrive un moment où la condamnation deviendrait impossible, sauf à accepter l’erreur judiciaire. Mieux vaut donc établir une règle éteignant les poursuites après un certain temps.

    La deuxième raison est une raison de principe. Quand on juge un homme vingt ans après le fait, juge-t-on le même homme qui les a commis ? Pour le dire autrement : lorsque je juge un assassin qui a tué il y a un an, la peine que je prononcerais tiendra compte de sa dangerosité pour la société. Mais imaginons que je juge cet assassin trente ans plus tard, et qu’il ait vécu ces trente années en bon père de famille. Par un certain côté, le temps a répondu à la question. Ais-je besoin de prononcer une peine pour protéger la société de lui ? Pour organiser sa réinsertion ? Non plus. La seule raison pour le condamner serait la satisfaction rétributive des victimes… ce seul objectif justifie-t-il les désordres d’un procès ? Je ne le crois pas.
    " (27 juillet 2020: https://descartes-blog.fr/2020/07/26/aujourdhui-christophe-girard-demain-qui/ )

    "Ce n’est pas par hasard que la logique assimilationniste et la promotion méritocratique a été abandonnée, c’est parce qu’elle devenait dangereuse pour le « bloc dominant », en mettant les enfants issus de l’immigration en conditions de concurrencer les rejetons des « classes intermédiaires ». Ce n’est pas par hasard qu’on a cherché à fractionner le corps social : il est bien plus facile pour les classes dominantes de résister à une myriade de « communautés » se battant entre elles qu’à un corps social formulant des revendications unifiées.

    [...] Le communautarisme « a été développé ». Il a été voulu et théorisé par le bloc dominant. Il permet de disposer d’une main d’œuvre bon marché, peu sensible aux sirènes du syndicalisme.
    " (24 septembre 2020: https://descartes-blog.fr/2020/09/23/il-ny-a-pas-de-crise-gratuite/ ).

    "Votre raisonnement me semble pêcher sur un point fondamental, qui est celui d’une définition de la « bonne vie » à partir de la satisfaction individuelle. Le problème, c’est que la satisfaction individuelle est non seulement subjective, elle est aliénée. Une fois dépassés les besoins vitaux (un certain nombre de calories par jour, un lieu raisonnablement chaud et sec ou passer la nuit…), tous nos autres besoins sont socialement déterminés. Si nous éprouvons une « satisfaction » à manger du foie gras et horreur à manger de la chair humaine, c’est parce que nous vivons dans une société qui nous enseigne à apprécier le premier met et à éviter le second.

    La « vie bonne » telle que Kekes l’entend – c’est-à-dire, mesurée au fait que les acteurs ne cherchent pas à la modifier – conduit à conclure que ce sont les civilisations construites sur le fatalisme et sur l’acception de l’ordre immuable du monde qui s’approchent le plus de la « vie bonne », puisque tout désir de progrès – qui est forcément un désir de changer l’ordre des choses – est le signe d’une insatisfaction et donc d’une « vie mauvaise ». En fait, ce que ces théories ignorent c’est la problématique de l’aliénation : la « satisfaction » n’est pas un état objectif, mais un était subjectif et social. L’homme des cavernes était « satisfait » lorsque la chasse était bonne, et ne songeait pas à changer l’ordre des choses. L’homme moderne fait des révolutions parce qu’on ne laisse pas les étudiants aller dans le dortoir des filles.

    Pour moi, le point faible de tout ce raisonnement est la question de l’existence du concept même de « vie bonne », et son lien avec la « satisfaction » des acteurs. De ce point de vue, on peut se demander sérieusement quel est le fondement de la liste des « pluralités » évoquées par Kekes. Après-tout, est-ce que la « liberté » est satisfaisante ? L’expérience montre plutôt le contraire : les sociétés les plus stables n’ont pas, historiquement, été les plus libres. [...]
    L’esclave n’obéit pas au maître seulement par peur du fouet. Si tel était le cas, un maître n’aurait pas pu contrôler des dizaines et des dizaines d’esclaves, parce qu’il est évident que le rapport de force lui était physiquement défavorable. L’esclave obéit parce que cette obéissance entre dans l’ordre des choses, parce qu’il a internalisé le fait qu’il est là pour obéir. En ce sens, l’esclave ne veut pas forcément changer cet ordre, il se satisfait de son sort. Doit on conclure qu’il a une « vie bonne » ?
    " (Le blogueur "Descartes", 14 février 2020: https://descartes-blog.fr/2021/01/23/xavier-gorce-lindegivrable-vire/ ).

    "La « dévirilisation » de la société est un leurre. Cela fait un demi-siècle qu’on essaye. On a ouvert aux femmes tous les champs professionnels, toutes les fonctions politiques, toutes les institutions. On a banni tous les rituels « virilistes ». On a imposé à l’école un discours bisounours, on a expurgé les textes scolaires de toute référence « violente » ou pouvant offenser qui que ce soit. Les livres pour enfants sont remplis d’histoires de loups qui deviennent végétariens pour contribuer à l’amour universel. Avez-vous l’impression que tout cela ait rendu notre jeunesse moins violente ou moins névrosée ? Franchement, ce n’est pas l’impression que cela donne.

    L’idéal irénique d’une société « féminine » n’apparaît pas par hasard. C’est l’idéologie d’une société d’abondance peuplée de consommateurs – c’est-à-dire, une société à l’image des classes intermédiaires. Ce n’est que dans ce contexte que les contradictions et la compétition associées au « virilisme » disparaissent. Mais dès qu’on redescend dans le monde réel, on retrouve le fait que les ressources sont rares…
    " (Le blogueur "Descartes", 11 mars 2021: https://descartes-blog.fr/2021/03/10/la-nouvelle-guerre-des-boutons/ ).

    "Quel est le discours des enseignants sur l’institution éducative depuis la fin des années 1960 ? Ce sont eux qui ont été les premiers à vouer aux gémonies leur propre institution, à parler d’une « société sans école » dans le sillage d’Ivan Illich, à dénoncer l’école des savoirs et a « mettre l’élève au centre du système ». L’hubris rigolard de Cohn-Bendit, ce sont les enseignants qui l’ont fait leur, il ne faudrait pas l’oublier.

    L’enseignant a cessé d’être admiré parce qu’il a cessé d’être admirable. L’enseignant de la fin du XIXème et du début du XXème ne se contentait pas de faire ses heures et de pester sur ses primes. C’était d’abord des militants. Ils considéraient comme faisant partie de leur magistère de faire le secrétariat de la mairie ou de prendre leur bâton de pèlerin et affronter les éléments pour aller persuader des parents modestes que leur enfant était doué et qu’il fallait le pousser à faire des études malgré leurs réticences.
    " (Le blogueur "Descartes", 12 mars 2021: https://descartes-blog.fr/2021/03/10/la-nouvelle-guerre-des-boutons/ ).

    "Une idéologie devient dominante ou reste marginale selon qu’elle soit ou non fonctionnelle aux intérêts de la classe dominante du moment. La classe ascendante de 1789, la bourgeoisie, avait besoin pour compléter sa prise de pouvoir de casser les institutions, et on a vu donc pendant quelque temps se développer une idéologie égalitaire et anti-verticale, le temps de faire le ménage. Une fois installée au pouvoir, la bourgeoisie est revenue à une logique de « verticalité » puisqu’elle était au pouvoir.

    De la même manière, les classes intermédiaires avaient besoin de casser le consensus institutionnel de l’après-guerre pour s’installer au pouvoir, et la vague néolibérale s’est installé grâce à l’idéologie « libérale-libertaire » qui se développe à partir de la fin des années 1960. Le problème est que, contrairement à la bourgeoisie à la fin du XVIIIème, les classes intermédiaires n’arrivent pas à stabiliser leur situation. Il n’y a pas de « Napoléon des classes intermédiaires », et il ne peut y avoir parce que la position des classes intermédiaires est fondamentalement précaire, puisque ce qui fait leur force – le capital immatériel – doit être reconstitué à chaque génération. Les classes intermédiaires ne peuvent donc pas dépasser l’étape « révolutionnaire » pour passer à l’étape suivante. Elles ont des Robespierre mais pas de Napoleon, des Lénine mais pas de Staline…
    " (Le blogueur "Descartes", 13 mars 2021: https://descartes-blog.fr/2021/03/10/la-nouvelle-guerre-des-boutons/ ).

    "J’ai passé ma vie professionnelle dans le service public, et j’ai passé toute ma carrière à réduire les effectifs, à couper les budgets, à supprimer des postes. Si je fais exception de mon premier poste, le seul ou j’ai pu participer à un projet ambitieux, tous les autres se sont faits sous le signe de la contraction, de la restriction, de l’abandon. La génération qui est arrivée aux affaires dans les années 1950 a construit, celle arrivée aux affaires dans les années 1970 a entretenu, celle arrivée aux affaires dans les années 2000 ne fait que fermer, supprimer, « restructurer ». Et je vous assure que cela finit par peser." (Le blogueur "Descartes", 2 mai 2021: https://descartes-blog.fr/2021/04/19/a-mort-lena/ )

    "En une nuit de violence les Gilets Jaunes ont fait reculer le gouvernement bien plus que ne l’aurait fait n’importe quel résultat électoral. Notre classe politique a oublié je pense un élément fondamental : elle se croit protégée par les institutions alors que le pacte institutionnel fonctionne précisément aussi longtemps que celles-ci réagissent au mécontentement populaire lorsqu’il s’exprime par les canaux « acceptables », et avant qu’il y ait recours à la violence."

    "Il faut être naïf pour imaginer qu’une idéologie s’impose simplement parce qu’elle est intelligente. Une idéologie s’impose parce qu’elle justifie un état de choses, celui qui arrange les couches dominantes." (Le blogueur "Descartes", 29 juin 2021: https://descartes-blog.fr/2021/04/19/a-mort-lena/ )

    "Une entreprise qui veut avoir le contrat a un choix cornélien : soit elle propose une offre « à minima » et a une chance de gagner le contrat – et de mécontenter le client ensuite, soit elle donne un devis lui permettant de faire un travail de qualité, et elle n’aura pas le contrat. Que pensez-vous qu’il fera ? Avoir le contrat et le foirer est toujours moins pénalisant que ne pas l’avoir. Conséquence : tout le monde sous-évalue les prix, pour ensuite offrir un service de qualité inférieure, le client est mécontent et changera de fournisseur dès qu’il a l’occasion… pour se retrouver dans la même situation, puisque toutes les entreprises font de même.

    Pourquoi les agents publics feraient-ils mieux à l’heure de distribuer les plis que les agents du privé ? Pour une raison que les néolibéraux oublient souvent : les incitations positives sont souvent bien plus efficaces pour obtenir un travail de qualité que les incitations négatives. Or, le public est bien plus capable de fournir des incitations positives. La stabilité liée au statut fait que la réputation devient un bien précieux et l’attachement à l’organisation une réalité. C’est pourquoi la logique de l’honneur opère pleinement. Les retraités d’EDF qui ont repris le collier pour rétablir en urgence le réseau électrique endommagé par la tempête de 1999 ne l’ont pas fait parce qu’ils attendaient une récompense matérielle, et encore moins par peur d’être virés. C’est la logique de l’honneur qui a joué à plein.

    Mais comment actionner la logique de l’honneur dans un environnement ou au contraire la stabilité n’est pas garantie ni même une valeur ? Comment un intérimaire qui sait qu’il est aujourd’hui ici et demain ailleurs pourrait se sentir identifié avec les objectifs de l’organisation qui l’emploie ? Pourquoi chercherait-il à se bâtir une réputation de bon travailleur, puisqu’à la fin de son contrat il sera mis sur le carreau quand même ? Le privé est donc réduit, pour motiver son personnel à faire un travail de qualité, aux incitations matérielles. Mais dans une logique d’appel d’offres, les marges de manœuvre dans ce sens sont très faibles, puisque la concurrence pousse impitoyablement les prix (et les marges) vers le bas. Et puis, contrairement à une légende bien établie, les incitations matérielles coutent bien plus cher que les incitations symboliques, comme le montre l’étude d’EDF sur l’évaluation du « tarif agent ».
    " ("Descartes", "Souverainistes et antilibéraux, votez Darmanin", 5 juillet 2021: https://descartes-blog.fr/2021/07/05/souverainistes-et-antiliberaux-votez-darmanin/ ).



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    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 26 Aoû - 15:06

    "La description marxiste classique du mode de production capitaliste fait intervenir deux classes sociales: d’un côté la bourgeoisie, qui possède le capital, et le prolétariat, qui ne possède que sa force de travail. Le capitalisme se caractérise par l’asymétrie de ce rapport: pour le prolétaire, vendre sa force de travail est un besoin vital – car s’il ne travaille pas, il ne mange pas. Cela permet au bourgeois d’acheter cette force de travail à un prix inférieur à la valeur qu’elle produit. La différence (la plus-value) est empochée par le bourgeois: c’est le phénomène de l’exploitation.

    Cette description présente une faiblesse aujourd’hui: elle prend mal en compte un troisième groupe social intermédiaire, qui recouvre en partie ce qu’on appelle d’une façon vague les “classes moyennes”. Ce groupe a montré un comportement politiquement et socialement cohérent, ce qui permet de le caractériser comme “classe”, à condition de pouvoir lier ce comportement à un intérêt de classe, et donc à un rôle particulier dans le mode de production. J’ai proposé donc de définir ce groupe par le fait qu’il échappe à l’exploitation, grâce à la possession d’un capital qui est suffisant pour pouvoir négocier une rémunération à hauteur de la valeur produite, mais qui est insuffisant pour lui permettre d’exploiter le travail des autres. C’est ce groupe que j’appelle “classe intermédiaire”.

    Le capital qui permet aux classes intermédiaires d’échapper à l’exploitation est le plus souvent un capital immatériel – compétences, connaissances, réseaux – qui n’est pas directement transmissible, et qui doit donc être renouvelé à chaque génération. Contrairement au capital matériel détenu par la bourgeoisie, le capital immatériel n’est pas accumulable à l’infini.
    " (Le blogueur "Descartes", 23 août 2021: https://descartes-blog.fr/2021/08/23/les-nouveaux-forcats/ ).

    "Les classes intermédiaires jouent de l’ambiguïté de leur position : alors qu’elles sont du côté du bloc dominant, elles se dépeignent idéologiquement du côté des dominés. La complainte des femmes de pouvoir qui n’arrivent pas à se faire nommer PDG, c’est une façon de dire « malgré mes privilèges, moi aussi je suis une victime »… Une façon commode d’évacuer le sentiment de culpabilité – et de détourner la rage de ceux qui sont VRAIMENT exploités."

    "’A une époque les cadres étaient en compétition vers le haut : c’était à qui avait le meilleur salaire, le meilleur poste, la meilleure prime, le plus beau bureau. Et si on était dans un placard, si toutes les promotions vous passaient sous le nez, vous cherchiez à le cacher. On dirait qu’on est passé d’un monde où l’on se battait pour être celui qu’on enviait à un monde où on se bat pour être celui qu’on plaint.

    Ce changement n’est à mon avis pas un hasard. Plus la sélection méritocratique recule, et moins les privilèges des classes intermédiaires paraissent légitimes. C’est pourquoi il faut effacer ces privilèges en jouant le rôle de la victime
    ."
    (Le blogueur "Descartes", 24 août 2021: https://descartes-blog.fr/2021/08/23/les-nouveaux-forcats/ ).

    "Michéa est toujours une bonne lecture." (Le blogueur "Descartes", 24 septembre 2021: https://descartes-blog.fr/2021/09/23/en-revenant-de-la-manif-des-anti-tout/ ).

    "Ce qui manque le plus aux différents candidats, c’est le LYRISME." (Le blogueur "Descartes", 4 novembre 2021: https://descartes-blog.fr/2021/11/01/tous-les-chemins-menent-a-zemmour/?unapproved=77767&moderation-hash=ed4347e5be7ee568ae3eabeca4889e1b#comment-77767

    "Dans le contexte actuel, [orienter dans un sens progressiste les classes moyennes est] pratiquement impossible. Il faudra attendre que l’approfondissement du capitalisme, qui pour le moment à épargné ces couches, les touche à leur tour. Les nouvelles technologies permettent dans certains cas de mettre en concurrence nos classes intermédiaires avec celles de pays à bas salaires comme hier on a délocalisé l’industrie. Il faudra regarder avec attention les effets de cette transformation." (Le blogueur "Descartes", 16 novembre 2021: https://descartes-blog.fr/2021/11/01/tous-les-chemins-menent-a-zemmour/?unapproved=77767&moderation-hash=ed4347e5be7ee568ae3eabeca4889e1b#comment-77767).

    "L’unité suppose donc une bonne dose de confiance dans la loyauté de l’autre, dans la valeur qu’il donne à sa parole. Sans une logique de l’honneur, point d’alliance solide."

    "Je ne sais pas si le sens du tragique peut s’acquérir autrement que par une expérience personnelle, vitale. J’imagine que c’est possible pour quelqu’un d’une grande culture, qui puiserait dans les grands textes classiques, surtout s’il vit dans une société qui valorise ce type d’exemple."

    "Si « la gauche » pouvait articuler un programme capable d’attirer les abstentionnistes et la portion des couches populaires qui vote à l’extrême droite pour marquer son rejet du système, elle pourrait fédérer bien plus que 15% de l’électorat. La faiblesse des scores de « la gauche » prise ensemble n’implique pas que le réservoir électoral pour des politiques véritablement progressistes soit petit."
    -Le blogueur « Descartes », 21 décembre 2021 : https://descartes-blog.fr/2021/12/19/enfin-un-papier-optimiste/

    "[Marine Le Pen] si elle avait été élue, aurait probablement peiné à trouver une majorité et in fine aurait dû se résigner à une cohabitation avec un gouvernement de centre-droit, un peu moins libéral et plus souverainiste que Macron certes, mais rien de véritablement « révolutionnaire ». Bien loin du croquemitaine que la gauche radicale s’est elle-même fabriquée.

    Mais tant que ce croquemitaine est là, on est coincés. Comme dans le beau film « un jour sans fin », on aura à chaque élection le même résultat. Un premier tour où l’on débat de toutes les belles choses qu’on aimerait faire, et un deuxième où l’on vote tous sagement pour le candidat de l’oligarchie. Et parce qu’on a exclu à l’avance toute alternative, toute négociation est impossible. Pourquoi le candidat de l’oligarchie ferait-il la moindre concession pour attirer des voix alors que le croquemitaine le lui apporte gratuitement ? Comment pourrait-on créer un rapport de forces avec lui alors qu’on est « moralement » obligés de mettre son bulletin dans l’urne sous peine de passer pour un affreux fasciste ?" -Le blogueur « Descartes », 27 avril 2022: https://descartes-blog.fr/2022/04/27/en-sortant-de-lisoloir/

    "On se fabrique la morale qui justifie nos intérêts – et cela est vrai dans n’importe quel pays. »
    -« Descartes », 30 septembre 2023 : https://descartes-blog.fr/2023/09/30/un-doriot-dans-la-nupes/

    "On donne au mot « terrorisme » une charge morale négative – ce qui est commode pour condamner un certain nombre de mouvements de résistance modernes. Ces dernières années, la qualification de « terroriste » est devenue synonyme de « contraire aux intérêts des Etats-Unis ». Ainsi, par exemple, personne ne parlera de « terrorisme » à propos des « freedom fighters » afghans luttant contre « l’occupation soviétique ». Et cela malgré l’utilisation de techniques de même nature que le Hamas (attentats indiscriminés contre des civils, torture et émasculation des prisonniers…). De la même manière que personne ne qualifierait Truman de “terroriste”, alors que le bombardement d’Hiroshima et Nagasaki tombe clairement dans cette catégorie."
    -« Descartes », 24 octobre 2023 : https://descartes-blog.fr/2023/09/30/un-doriot-dans-la-nupes/

    "Les républiques successives ont donc contribué à forger une image du paysan comme paradigme des vertus bourgeoises. Patriote, frugal, économe, dur à la tâche, proche de la nature, éloigné des vices de la ville, à la fois capitaliste et travailleur, il est le prototype du bourgeois idéalisé. Quand un célèbre dirigeant français proclame – à une époque où il jouissait d’une popularité qui ferait pâlir d’envie tous les dirigeants qui lui ont succédé – que « la terre, elle, ne ment pas » (à la différence de la ville qui, elle, ment et corrompt) il reflète une croyance profondément partagée, à l’époque et encore aujourd’hui. Ce sont toutes ces vertus supposées qui font que le paysan mérite une « juste rémunération ». A l’inverse, dans l’imaginaire bourgeois l’ouvrier, produit de la ville et affligé de toutes ses tares, que l’on dépeint volontiers comme un privilégié, trompant son employeur, se mettant en grève pour des motifs futiles, trahissant sa patrie, ne mérite que des coups de bâton. Et ceux qui pensent que j’exagère, je les invite à lire ce qui fut écrit pendant la première guerre mondiale, opposant le brave paysan qui allait dans les tranchés à l’ouvrier « planqué » qui restait dans son usine au prétexte, évidemment fallacieux, que son travail était nécessaire à l’effort de guerre. On a retrouvé cette imagerie sous Vichy, où elle a alimenté la rhétorique qui fait du Front Populaire – identifié au mouvement ouvrier – l’origine de tous les maux.

    C’est cet imaginaire qui explique pourquoi on tolère des paysans ce qu’on ne tolérerait jamais des ouvriers. Les paysans peuvent déverser des déchets devant les préfectures, bloquer les routes, saccager le bureau d’un ministre, sans craindre que l’Etat ait la main répressive trop lourde. On n’accepterait jamais pareil comportement des ouvriers. Ainsi, le saccage du bureau de Dominique Voynet par des paysans en colère s’est traduit par trois condamnations à des simples amendes, mais pour avoir arraché la chemise d’un directeur des ressources humaines, trois salariés d’Air France ont perdu leur emploi et été condamnés à des peines de prison avec sursis assorties d’amendes. C’est aussi cet imaginaire qui explique qu’une personnalité comme José Bové puisse devenir la coqueluche des médias et des classes intermédiaires au point de pouvoir caresser des ambitions présidentielles, privilège dont aucun dirigeant du mouvement ouvrier n’a bénéficié. C’est cet imaginaire qui donne sa force au discours sur la « malbouffe », qui transforme symboliquement le paysan « petit producteur » en gardien de la tradition et l’industrie en diable de confort."
    -Le blogueur "Descartes", "L’agriculture: une industrie comme une autre ?", 7 février 2024 : https://descartes-blog.fr/2024/02/07/lagriculture-une-industrie-comme-une-autre/

    "Si on ne demande au fonctionnaire que ce qu’on demande au plombier –de bien faire le travail pour lequel il est payé– alors on ne comprend pas pourquoi le plombier et le fonctionnaire ne sont pas, statutairement, logés à la même enseigne. Etre fonctionnaire, c’est bénéficier de toute une série de droits, d’avantages et de protections particulières. Celles-ci ont un coût, payé par des concitoyens qui, dans leur grande majorité, n’en bénéficient pas. Et ayant accordé aux fonctionnaires des privilèges exorbitants du droit commun, ils ont le droit d’exiger d’eux des comportements eux aussi exorbitants, dont celui de faire appliquer la loi, y compris au péril de sa vie. Oui, à tous les niveaux, un fonctionnaire doit être prêt à prendre des risques personnels : pensez à Georges Besse ou René Audran, deux grands serviteurs de l’Etat assassinés par Action Directe, à Claude Erignac, assassiné par des indépendantistes corses. Mais cela peut arriver aussi aux gendarmes et aux policiers ; aux inspecteurs du travail, des services sanitaires et ceux de la répression des fraudes ; aux inspecteurs des installations classées ; au corps préfectoral, bref, tous ceux qui, devant le public, représentent l’autorité de la loi, et qui sont – et depuis longtemps – victimes d’agressions physiques. On ne voit pas à quel titre les enseignants devraient échapper à cette contrainte. Si l’on donne en exemple aux jeunes les figures de Guy Mocquet ou de Jean Moulin, on ne peut ensuite fuir ses responsabilités dès que les choses deviennent difficiles. Comment expliquer que la République et ses valeurs méritent le sacrifice suprême, et ensuite déserter en présence de l’ennemi ? [...]

    Sans une loi commune, ce sera la loi de la communauté, infiniment plus restrictive, plus irrationnelle, plus cruelle aussi, qui s’imposera. Une loi qui les empêchera de devenir autre chose que ce qu’ils sont déjà. Si le proviseur n’a pas le courage de faire enlever le voile, l’officier d’état civil celui de refuser de célébrer un mariage forcé, le médecin celui de pratiquer une interruption volontaire de grossesse, l’enseignant celui d’enseigner la théorie de l’évolution malgré les menaces communautaires, nous condamnons ces jeunes à une peine de prison qui n’est pas moins néfaste pour être auto-infligée.

    Cette indifférence fera que demain on aura une école non pas « à deux vitesses » mais « à plusieurs communautés », chacune recevant un enseignement et une éducation différente, mise en conformité avec les préjugés communautaires, autocensure des enseignants et privatisation de l’enseignement aidant. Et l’importance de cette bataille ne doit pas être sous-estimée. Il y a aujourd’hui dans notre belle République des territoires où l’on peut parfaitement vivre selon la règle communautaire. Dans ces territoires, aucune institution n’impose ses règles… sauf l’école. A l’école, on parle français. A l’école, on fait du sport. A l’école, on ne porte pas le voile. A l’école, filles et garçons ne sont pas séparés. Et cela est OBLIGATOIRE. Il n’est donc pas étonnant que l’école soit le point de friction, le lieu que les séparatistes veulent à tout prix communautariser.

    Si on laisse faire, on aura bientôt des « communautés » avec leurs lois propres, chacune indifférente au sort des autres." -Le blogueur "Descartes", Adieu, monsieur le proviseur…, 1er avril 2024: https://descartes-blog.fr/2024/04/01/adieu-monsieur-le-proviseur/



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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