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    Timothée Parrique, Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance

    Johnathan R. Razorback
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    Timothée Parrique, Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance Empty Timothée Parrique, Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance

    Message par Johnathan R. Razorback Dim 5 Mai - 21:06

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Timoth%C3%A9e_Parrique

    "En 2021, les 10 % des ménages les plus riches au monde possèdent 76 % du patrimoine global et captent plus de la moitié de tous les revenus, soit 38 fois plus de richesses et 6 fois plus de revenus que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Pire : les 1 % les plus riches (seulement 51 millions de personnes) ont capté 38 % de toute la richesse créée depuis 1995, alors que la moitié la plus pauvre de l’humanité n’en a reçu que 2 %. Même situation dans un pays comme la France où le décile le plus fortuné possède près de la moitié du patrimoine national et capte un tiers de tous les revenus.

    Qui dit droit à la fortune dit droit à polluer. Les 10 % des plus riches à l’échelle de la planète sont responsables de la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre. La symétrie entre richesse et émissions est presque parfaite. Cette « élite de la pollution » pollue 4 fois plus que la moitié la plus pauvre de l’humanité.

    L’injustice de cet « apartheid planétaire » est double : les riches polluent et les pauvres subissent. Le pêcheur somalien qui voit son poisson se raréfier et le niveau de la mer monter n’a probablement jamais pris l’avion ; il n’a participé ni au réchauffement dont il hérite, ni à la surpêche. Pourtant, il en paiera pleinement le prix, et parmi les premiers. Ce sont les populations les plus vulnérables, à commencer par celles des pays les plus pauvres, qui boivent l’eau polluée, respirent des fumées toxiques, vivent près des décharges, souffrent des inondations et des canicules, etc. La notion d’Anthropocène masque de profondes inégalités : même si nous sommes tous de la même espèce, nous ne sommes égaux ni en termes de responsabilité ni en dangers encourus face aux catastrophes écologiques d’aujourd’hui et de demain.

    Disons-le clairement : l’effondrement écologique n’est pas une crise, c’est un tabassage. Le dérèglement climatique est une « violence lente » et diffuse, une usure qui s’exerce progressivement et hors de vue, aujourd’hui principalement contre les populations les plus paupérisées, mais qui va peu à peu remonter l’échelle sociale. Cette situation n’a rien à voir avec une supposée nature humaine, elle est plutôt le symptôme d’une organisation sociale spécifique, étroitement liée à une certaine vision politique du monde. C’est du moins l’argument que je défendrai à travers ce livre : la cause première du déraillement écologique n’est pas l’humanité mais bien le capitalisme, l’hégémonie de l’économique sur tout le reste, et la poursuite effrénée de la croissance."

    "Rares sont ceux qui savent non seulement ce qu’est la croissance et comment on la mesure, mais aussi les liens complexes qu’elle entretient avec la nature, l’emploi, l’innovation, la pauvreté et les inégalités, la dette publique, la cohésion sociale, et le bien-être. Née d’une notion comptable dans les années 1930 (le Produit National Brut), elle est devenue un mythe aux mille connotations. Progrès, prospérité, développement, protection, innovation, pouvoir, bonheur – la croissance n’est plus seulement un indicateur, c’est un vase symbolique rempli de projections collectives et individuelles.

    Croissance verte, croissance circulaire, croissance inclusive, croissance bleue ; cinquante nuances de croissance mais croissance toujours. L’emprise de cette matrice croissantiste sur notre imaginaire collectif est telle qu’au lieu de considérer les conséquences de notre modèle économique sur la planète, nous nous inquiétons des impacts du réchauffement climatique sur le PIB. C’est le monde à l’envers."

    "Le défi qui se tient devant nous est celui du moins, du plus léger, du plus lent, du plus petit. C’est le défi de la sobriété, de la frugalité, de la modération, et de la suffisance. [...] C’est le défi de cet ouvrage : imaginer la décroissance comme transition vers une économie de la post-croissance.

    On retrouve ici la double définition qui nous guidera tout au long de ce livre : la « décroissance » comme une réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique planifiée démocratiquement dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être. La décroissance, jusqu’où ? Réponse : vers la « post-croissance », une économie stationnaire en harmonie avec la nature où les décisions sont prises ensemble et où les richesses sont équitablement partagées afin de pouvoir prospérer sans croissance."
    -Timothée Parrique, Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance, Seuil, 2022.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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