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    Josiane Boulad-Ayoub, Mimes et parades. L'activité symbolique dans la vie sociale

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Josiane Boulad-Ayoub, Mimes et parades. L'activité symbolique dans la vie sociale Empty Josiane Boulad-Ayoub, Mimes et parades. L'activité symbolique dans la vie sociale

    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 15 Juin - 16:24

    https://www.erudit.org/fr/revues/philoso/1989-v16-n2-philoso1789/027093ar.pdf

    http://classiques.uqac.ca/contemporains/boulad_ajoub_josiane/mimes_et_parades/mimes_et_parades.html

    "Ah, Ah, disions-nous en marxien, car ne l’oublions pas c’était notre langue maternelle, ah, ah, nous voici rendus avec l’idéologie au pays de l’erreur ! Superbes, et peut-être généreux, nous ne doutions guère, à la suite d’Althusser, ni de la nature du « continent » idéologique, ce continent de l’imaginaire, ni du caractère radical de la proposition : c’est au nom des masses que la Théorie de l’Idéologie, que la Science de ce qui est illusion est possible.

    Le positivisme heureux, un tantinet moralisateur du matérialisme dix-neuvième, nous rassurait sur la perspective (incontournable) à adopter ; le « structuralisme » néo-essentialiste du matérialisme lutétien du vingtième, en dépit de ses esquives subtiles, nous confortait dans nos réponses. Nous allions répétant la loi et les principes, avec leurs quelques variations infiniment intelligentes : la lutte des classes est le moteur de l’histoire ; l’économique est la base, en relation — dialectique, bien entendu — avec les superstructures ; les instances sociales jouissent, sous certaines conditions, d’une relative autonomie ; l’exercice de la contradiction est complexe mais le jeu de la surdétermination encore plus. Nous assurions avec gravité, sans oublier le scrupuleux — et commode — « en dernière instance » : voilà justement ce qui fait que votre fille est muette ; voilà pourquoi la société se reproduit. L’Histoire n’a pas de Sujet et n’a pas de Fin(s). Tout se refait au cours du procès des relations imaginaires qu’entretient le sujet-agent avec ses conditions d’existence, les pensées de la classe dominante forment l’idéologie dominante et celles de la classe dominée, l’idéologie dominée. La belle médecine que voilà ! Oh, camarades, comme nous étions persuadés d’avoir enfin « changé tout cela ».

    Il serait trop facile aujourd’hui de faire son auto-critique, aisé de brûler maintenant les dieux qu’autrefois on adorait, d’ironiser aux dépens de celui qui nous rendait naguère notre fierté de philosopher. Jeux futiles ! Non, je ne regrette rien ; j’ai tout simplement vieilli, comme disait Zazie ! moi, la conjoncture discursive, la conjoncture sociale, et tout le fameux horizon indépassable... Alors que faire ? Surtout ne pas donner comme tant d’autres le coup de pied de l’âne à la théorie althussérienne de l’idéologie ou pis encore, croire que son objet s’est englouti, telle une nouvelle Atlantide, par suite de catastrophe théorique. La leçon utile d’Althusser, l’hommage à la pérennité de sa pensée, à la pérennité de la pensée matérialiste tout court, ne consisterait-il pas tout simplement à s’entêter ? Je veux dire, à retourner caboter le long du continent ostracisé en même temps que le plus contemporain de ses explorateurs. Les phénomènes idéologiques n’ont pas cessé d’apparaître si leurs épiphanies se font de plus en plus élucider sous des cieux disciplinaires nouveaux !

    Notre propos général est à la fois humble et ambitieux. Humble parce que nous voudrions être malgré tout fidèle à un certain althussérisme, respecter les démarches de la philosophie matérialiste dans son ensemble — et, d’une certaine manière, n’est-ce pas là vouloir être fidèle à soi-même, c’est-à-dire exiger d’abord de soi une cohérence minimale ? Humble parce que nous nous apprêtons à arpenter le même terrain qu’Althusser reconnut à grands pas ; parce que nous nous réapproprierons quelques-uns de ses concepts éminents aussi bien que quelques-unes de ses catégories d’analyse ; parce que nous continuerons à nous aligner, philosophiquement parlant, sur les déterminations matérialistes, ontologiques et gnoséologiques de la réalité idéologique.

    Mais nous prétendons en même temps à une relative originalité. De là, le projet ambitieux d’un certain débordement conceptuel par rapport aux thèses du matérialisme orthodoxe ; et qu’importe si nous nous montrons, en chemin, iconoclastes ou barbares, pourvu que nous puissions contribuer avec une quelconque efficacité à la construction de la théorie générale de l’idéologie ? La lecture d’Althusser n’interdit pas pour autant le geste critique, voire parricide, l’abandon de ce qu’on estime être des culs-de-sac théoriques, le renouvellement des hypothèses de départ, les transgressions, détournements ou autres retournements... Bref, tout ce dont s’autorise, depuis toujours, la démarche incœrciblement radicale de la philosophie comme entreprise de la rationalité critique." (pp.7-Cool
    -Josiane Boulad-Ayoub, Mimes et parades. L'activité symbolique dans la vie sociale, Paris, Éditions l'Harmattan, 1995, 382 pages.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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