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"La seule originalité [de traduction] concerne le terme de "reflètement", utilisé pour traduire le terme allemand Wiederspiegelung. Nous avons fait ce choix car le terme allemand est à la fois dynamique et actif, ce que ne traduit pas le terme "reflet" en français." (p.15)
"Lecteur (et auditeur) précoce des premiers sociologues allemands (Simmel et Weber principalement), l'étudiant partage avec eux une insatisfaction (exacerbée par sa jeunesse) vis-à-vis des formes d'existence moderne, qu'elles soient sociales (l'anonymat des grandes villes et des rapports marchands) ou individuelles (le rapport utilitaire au monde et aux autres). Et c'est dans l'art, et notamment dans la littérature, que Lukács cherche à la fois le diagnostic et le remède à cet état de fait. [...] Mais ses maîtres en philosophie, H. Rickert notamment, assument, dans une perspective kantienne stricte, une séparation radicale entre les faits et les valeurs qui ne peut en réalité qu'entériner, selon Lukács, les pathologies de l'existence moderne. [...]
Avec la révolution [...] et le socialisme à venir, c'est la possibilité de nouveaux rapports entre le sujet et le monde qui s'ouvre. Contre l'objectivation réifiante de la pensée bourgeoise, et le sujet individuel et passif qui lui est corrélé, le philosophe désormais marxiste peut théoriser l'émergence d'un nouveau sujet collectif engagé dans le monde, le produisant et écrivant ainsi sa propre histoire, le prolétariat." (p.8-9)
"Pour Lukács, il s'agit avant tout d'abord [...] d'affirmer un postulat matérialiste: la réalité extérieure existe, unitaire et indépendante du sujet. Mais elle est également absolument infinie dans sa diversité, ce qui en interdit toute reproduction mécanique. C'est pourquoi la "théorie du reflètement" consiste à la fois à affirmer que les activités intellectuelles humaines consistent bien à viser une réalité indépendante, tout en considérant la part de sélection inhérente à toute perspective sur le monde. Mais, et c'est là la dimension "dialectique" de ce matérialisme, ces différentes perspectives ne sont pas corrélés à des facultés intrinsèques à l'essence de l'homme, comme dans la philosophie classique bourgeoise (et là encore, c'est Kant qui en représente l'achèvement) ; elles sont au contraire tributaire d'une genèse historique ancrée dans la reproduction de soi par le travail, seule véritable caractéristique essentielle de l'humanité." (p.13)
-Guillaume Fondu, Présentation de Georg Lukács, L'Esthétique, tome 1 "La spécificité de la sphère esthétique", Éditions critiques, 2021 (1963 pour la première édition allemande), 918 pages.
"Il est indispensable de clarifier la place du comportement esthétique dans la totalité des activités humaines, des réactions humaines au monde extérieur [...]
L'essence de la sphère esthétique ne peut être conçue que de manière progressive, par la voie d'une comparaison permanente avec d'autres types de réaction." (p.18)
"Il sera souvent question, dans la suite du texte, du caractère douteux de L'Esthétique hégélienne, dans ses principes de même que dans ses exposés de détail ; l'universalisme philosophique de ses conceptions et son type de synthèse historico-systématique n'en demeurent pas moins exemplaires pour le projet de toute esthétique." (p.18)
"
(pp.24-29)
"
(pp.30-31)
-Georg Lukács, L'Esthétique, tome 1 "La spécificité de la sphère esthétique", Éditions critiques, 2021 (1963 pour la première édition allemande), 918 pages.
"Lecteur (et auditeur) précoce des premiers sociologues allemands (Simmel et Weber principalement), l'étudiant partage avec eux une insatisfaction (exacerbée par sa jeunesse) vis-à-vis des formes d'existence moderne, qu'elles soient sociales (l'anonymat des grandes villes et des rapports marchands) ou individuelles (le rapport utilitaire au monde et aux autres). Et c'est dans l'art, et notamment dans la littérature, que Lukács cherche à la fois le diagnostic et le remède à cet état de fait. [...] Mais ses maîtres en philosophie, H. Rickert notamment, assument, dans une perspective kantienne stricte, une séparation radicale entre les faits et les valeurs qui ne peut en réalité qu'entériner, selon Lukács, les pathologies de l'existence moderne. [...]
Avec la révolution [...] et le socialisme à venir, c'est la possibilité de nouveaux rapports entre le sujet et le monde qui s'ouvre. Contre l'objectivation réifiante de la pensée bourgeoise, et le sujet individuel et passif qui lui est corrélé, le philosophe désormais marxiste peut théoriser l'émergence d'un nouveau sujet collectif engagé dans le monde, le produisant et écrivant ainsi sa propre histoire, le prolétariat." (p.8-9)
"Pour Lukács, il s'agit avant tout d'abord [...] d'affirmer un postulat matérialiste: la réalité extérieure existe, unitaire et indépendante du sujet. Mais elle est également absolument infinie dans sa diversité, ce qui en interdit toute reproduction mécanique. C'est pourquoi la "théorie du reflètement" consiste à la fois à affirmer que les activités intellectuelles humaines consistent bien à viser une réalité indépendante, tout en considérant la part de sélection inhérente à toute perspective sur le monde. Mais, et c'est là la dimension "dialectique" de ce matérialisme, ces différentes perspectives ne sont pas corrélés à des facultés intrinsèques à l'essence de l'homme, comme dans la philosophie classique bourgeoise (et là encore, c'est Kant qui en représente l'achèvement) ; elles sont au contraire tributaire d'une genèse historique ancrée dans la reproduction de soi par le travail, seule véritable caractéristique essentielle de l'humanité." (p.13)
-Guillaume Fondu, Présentation de Georg Lukács, L'Esthétique, tome 1 "La spécificité de la sphère esthétique", Éditions critiques, 2021 (1963 pour la première édition allemande), 918 pages.
"Il est indispensable de clarifier la place du comportement esthétique dans la totalité des activités humaines, des réactions humaines au monde extérieur [...]
L'essence de la sphère esthétique ne peut être conçue que de manière progressive, par la voie d'une comparaison permanente avec d'autres types de réaction." (p.18)
"Il sera souvent question, dans la suite du texte, du caractère douteux de L'Esthétique hégélienne, dans ses principes de même que dans ses exposés de détail ; l'universalisme philosophique de ses conceptions et son type de synthèse historico-systématique n'en demeurent pas moins exemplaires pour le projet de toute esthétique." (p.18)
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(pp.24-29)
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(pp.30-31)
-Georg Lukács, L'Esthétique, tome 1 "La spécificité de la sphère esthétique", Éditions critiques, 2021 (1963 pour la première édition allemande), 918 pages.
