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    Dominique Venner, Histoire d'un fascisme allemand. Les corps-Francs du Baltikum et la Révolution conservatrice

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Dominique Venner, Histoire d'un fascisme allemand. Les corps-Francs du Baltikum et la Révolution conservatrice Empty Dominique Venner, Histoire d'un fascisme allemand. Les corps-Francs du Baltikum et la Révolution conservatrice

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 24 Mar - 21:53

    "Le national-socialisme apparaît entre 1919 et 1930, au temps de la République de Weimar, dans une Allemagne bouleversée par la défaite, la révolution et la guerre civile, sur un terreau humain constitué initialement par les corps-francs. Cette une période fascinante à plus d'un titre. Elle se rapporte aux drames extrêmes vécus par un très grand peuple européen." (p.8 )

    "Suivant la méthode historique, ce livre décrit en détail la naissance et l'évolution des corps-francs allemands dans leur époque. Évolution apparemment incompréhensible dans ses contradictions. Après avoir été le vivier où se recrutèrent les premiers partisans d'Hitler, les corps-francs constituèrent également le milieu d'où sortirent les adversaires les plus déterminés du nazisme. Ce paradoxe illustre la multiplicité des possibles contenus dans une idée et une époque. De cela, il n'y a pas de meilleure illustration que la destinée de l'amiral Canaris. Commandant de sous-marin en 1918, Canaris fut l'un des premiers officiers à se jeter dans l'aventure des corps-francs, participant aux combats de Berlin contre les spartakistes, puis à des menées secrètes en liaison avec les hommes de la Brigade Ehrhardt qui avaient fait de la croix gammée leur symbole bien avant qu'Hitler ne s'en emparât. Devenu chef des services de renseignement militaires (Abwehr) sous le IIIe Reich, Canaris sera, dès 1938, l'âme de tous les complots visant le renversement du nazisme, ce qui lui vaudra d'être arrêté après l'attentat du 20 juillet 1944 et exécuté le 9 avril 1945. Son camarade Manfred von Killinger, officier de l'ancienne Marine impériale comme lui, organisateur aussi des premiers corps-francs, lié tout autant que lui à la Brigade Ehrhardt, deviendra l'un des chefs de la S.A hitlérienne. Après avoir échappé de peu à la purge de la "Nuit des Longs Couteaux", il sera ministre du Reich en Roumanie en 1941 et se suicidera lors de l'entrée de troupes soviétiques à Bucarest en 1944. Deux destins opposés, et ayant pourtant une même origine." (p.8 )

    "Les grandes révolutions du XXe siècle, le bolchevisme comme les fascismes, ont pour cause lointaine la Révolution française et les troubles innombrables provoqués par la démolition de l'ancien ordre européen. Issu de la Révolution, le XIXe siècle a fait découvrir aux hommes les ivresses, mais aussi les illusions, les hypocrisies et les férocités d'une liberté formelle plus douce aux puissants et aux riches qu'aux faibles et aux pauvres. Il s'en est suivi un mélange détonnant d'espérances et de frustrations, mêlé aux conflits jamais éteints entre les fils de la Révolution et ceux de la Contre-Révolution." (p.9)

    "La différence d'intensité est évidente entre le système italien, qui cohabite avec la monarchie, et le totalitarisme nazi, surtout à partir de l'entrée en guerre contre l'URSS en 1941. On n'imagine pas Hitler mis en minorité et destitué par un "grand conseil national-socialiste" en 1943. La différence est également sensible dans l'idéologie. A l'origine, le nationalisme mussolinien est tout à fait exempt de racisme." (p.9)

    "Les trois révolutions du XXe siècle ont pour modèle le jacobinisme français, ce premier "fascisme". Elles en ont tous les caractères et il les préfigure toutes. Certitudes religieuses de détenir la Vérité et de constituer l'élite nouvelle en qui s'incarne la conscience de l'avenir. Centralisation étatique, mobilisation des masses, usage délibéré de la contrainte (ce que le fascisme italien, comparé aux autres, fait avec modération). A l'origine, le bolchevisme, le fascisme et le nazisme sont tous des dictatures de Salut public et le Club des Jacobins, parti-milice, "machine à produire l'unanimité" (Furet), est leur ancêtre, celui de tous les "partis uniques". Restent les idées. Celles du XXe siècle ne sont plus celles de 1789 ou 1793, auxquelles elles empruntent cependant la forme jacobine du nationalisme.
    A partir des années 1860, une théorie explosive modifia les représentations antérieures. Publiant en 1859 De l'origine des espèces par voie de sélection naturelle, Darwin imposa dans les esprits l'idée que l'histoire s'explique par une lutte perpétuelle et par la survie des plus aptes. La théorie de la lutte des classes, et celles du conflit des nations pour la domination universelle, en sont filles l'une et l'autre.
    " (p.10)

    "Aux élections de 1898, à Nancy, [...] Maurice Barrès (36 ans) [...] se présente à la députation sous une étiquette "républicaine nationaliste-socialiste". Pour la première fois se trouvent associés le nationalisme et le socialisme.
    Le personnage de Maurice Barrès est symbolique à plus d'un titre. Voici un jeune écrivain, l'un des plus doués des années 1890, dilettante sulfureux adonné au cosmopolitisme littéraire. En moins d'une décennie, il passe de l'individualisme au nationalisme, échangeant le Culte du Moi personnel pour le culte de ce moi collectif qu'est la nation héréditaire. A l'origine de cette évolution radicale, le poids des événements politiques, mais aussi celui des influences littéraires, artistiques et philosophiques. Barrès n'est pas insensible aux thèses du darwinisme social ni à celles de l'inconscient collectif. Il a vibré à la poésie de Baudelaire et à son dégoût pour la modernité, il s'est enthousiasmé pour la musique et les idées de Wagner, il a entendu avec flamme le message noir de Dostoïevski et plus encore celui de Nietzsche. En cela, il est représentatif de toute une jeune génération intellectuelle en Europe. Le rejet du rationalisme et de l'esprit bourgeois, le culte de l'héroïsme et de l'énergie, l'appel à une nouvelle élite, ce sont des idées qui circulent alors un peu partout, restant cependant circonscrites à des cercles intellectuels.
    " (p.11)

    "Suscité par l'urgence d'une riposte au bolchevisme, le fascisme est avant tout fils de la guerre. Sans la guerre, sans les masses d'anciens soldats, frustrés, violents, misérables, disponibles [...] pas de fascismes." (p.12)

    "Pour être satisfaisante, il manque à la description de Sternhell la part spécifique du fascisme. Celle-ci ne tient pas aux idées pures, mais aux hommes et aux circonstances." (p.13)

    "Guerre civile des années 1919-1923." (p.14)

    "En novembre 1918, l'Allemagne est entrée dans son cinquante et unième mois de guerre. Ses étendards flottent encore de la Baltique au Caucase et ses tranchées, à l'ouest, creusent leurs sillons loin en avant de son territoire inviolé. Pourtant, affamée par un blocus rigoureux, l'Allemagne plie devant un ennemi plus nombreux, aux ressources inépuisables. Le contingent américain en France, qui était de 300 000 hommes en mars, est passé de 1 200 000 durant l'été et atteint 2 millions en novembre.
    Le 15 juillet 1918, le général Ludendorff a joué sa dernière carte. Trois jours plus tard, sa grande offensive s'est enlisée à 90 kilomètres de Paris. Le 8 août, jour de deuil de l'armée impériale (Ludendorff), l'offensive de l'Entente en Picardie enfonce les lignes allemandes. Des unités lâchent pied. Désormais, le Grand Etat-Major ne croit plus à la victoire. Le 14 septembre, l'Autriche fait des propositions de paix séparée aux puissances de l'Entente. Le 26 septembre, les Alliés lancent une offensive générale sur l'Argonne. Trois jours aux plus tard, Ludendorff, qui craint un enfoncement du front, demande aux autorités civiles d'ouvrir des pourparlers en vue d'un armistice. Cette nouvelle explose dans la grande salle du Reichstag et plonge le Reich dans la stupeur. Après tant de communiqués victorieux et tant de souffrances, l'aveu d'un désastre imminent est exploité par les adversaires du régime. Le socialiste "indépendant" Hugo Haase s'écrie: "Maintenant, nous les tenons !".
    Le 3 octobre 1918, le prince Max de Bade, arrière-petit-fils d'Eugène de Beauharnais, dont les convictions démocratiques et le pacifisme sont connus, est nommé chancelier. On fait sur son nom un jeu de mots: "Max = Pax". Dès le lendemain, il envoie des propositions de paix au président Wilson. L'annonce de cette initiative provoque une affreuse panique. A Berlin, les banques ferment leurs portes, le ravitaillement n'est plus assuré, les rations alimentaires déjà trop faibles doivent encore être réduites. Dans le même temps, la levée de la censure libère dans la presse socialiste un flot de haine attisé par l'exemple de la toute jeune révolution bolchevique." (p.18)

    "Le parti socialiste indépendant ou U.S.P.D (Unabhângige Sozialdemokratische Partei Deutschlands), fondé le 9 avril 1917 à la suite d'une scission au sein de la social-démocratie allemande, représente, avec le groupe Spartakus, l'extrême-gauche, par opposition au parti socialiste majoritaire (S.P.D.), de tendance plus modérée." (p.18)

    "A la fin du mois d'octobre 1918, alors que la paix semble imminente, les matelots désœuvrés de la flotte de Haute Mer apprennent que la guerre n'est pas finie pour eux. Le Haut Commandement, qui a perdu l'initiative sur terre, veut frapper un grand coup sur mer pour améliorer les conditions de paix. Le plan préparé par l'amiral Hipper prévoit une attaque de la Tamise par des unités légères afin d'attirer la flotte anglaise au large des îles de la Frise où l'attendront mines et sous-marins, tandis qu'apparaîtra la flotte de Haute Mer pour lui donner le coup de grâce." (p.19-20)
    -Dominique Venner, Histoire d'un fascisme allemand. Les corps-Francs du Baltikum et la Révolution conservatrice, Paris, Éditions Pygmalion, 1996, 381 pages.

    p.16.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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