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    Pascal Chabot, La philosophie de Simondon + Simondon

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Pascal Chabot, La philosophie de Simondon + Simondon Empty Pascal Chabot, La philosophie de Simondon + Simondon

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 3 Fév - 21:25

    "Philosophe, amateur érudit des techniques et professeur de psychologie à la Sorbonne, Gilbert Simondon a développé une œuvre vaste et originale. A l'heure des spécialisations et du morcellement du savoir en disciplines, il travaille à une vision globale des liens entre techniques, science, psychologie et philosophie. Héritier des Encyclopédistes, Simondon a œuvré dans le sens d'une philosophie concrète, hospitalière envers les problèmes techniques et sociaux, les mouvements culturels et l'évolution de la psychologie. Il a développé une théorie des émotion et cherché à comprendre comment les objets techniques modulaient les civilisations. Inspiré des Physiologues Ioniens comme de la cybernétique, il est le philosophe des singularités du réel. L'encyclopédisme désigne la mise en cercle du savoir. Chez Simondon, ce cercle a pour centre actif l'étonnement philosophique. Étonnement devant les genèses naturelles et techniques, progressivement traduit dans une interrogation sur les processus qui les engendrent et les portent.

    Né le 2 octobre 1924 à Saint-Étienne, en France, Simondon est décédé en 1989. Simondon est admis à l'École Normale Supérieure en 1944. Après la rue d'Ulm, il devient professeur de philosophie au lycée Descartes de Tours de 1948 à 1955 où il saisit toutes les occasions de remplacer le professeur de physique et installe dans les sous-sols une galerie de machines et d'appareils auxquels il initie les élèves. En 1960 il devient professeur à la Faculté des Lettres de Poitiers où il crée un laboratoire de psychologie. Nommé à la Sorbonne en 1963, il y dirigea également le laboratoire de psychologie de l'université. Mais ce n'est pas seulement un homme de bibliothèque et laboratoire. Il est père de sept enfants. Toute son œuvre témoigne d'une sensibilité pour la nature qui donne l'impression d'être en présence d'un homme de la renaissance.
    Simondon qui privilégiait son activité d'enseignant et de chercheur s'est fort peu soucié de l'édition de son travail. La publication de sa thèse de doctorat est exemplaire à cet égard. Son premier livre édité et qui reste sa publication la plus connue sortit en 1958.
    Du mode d'existence des objets techniques n'était que la thèse annexe de son doctorat. Son second livre, L'individu et sa genèse physico-biologique, qui constituait la première partie de sa thèse de doctorat principale, fut publié en 1964 et réédite en 1995. La seconde partie de cette thèse, L'individuation psychique et collective, n'est parue qu'en 1989, vingt-cinq ans après.
    Ces dates montrent que l’œuvre de Simondon a connu un long "purgatoire". [...]
    Pourquoi cet intérêt après trois décennies de discrétion ? Quelle actualité pour la pensée de Simondon ? Il apporte quelque chose de nouveau: une pensée des modes d'existence des individus et des objets. Parler du "mode d'existence" d'un individu suppose qu'il existe aussi des modes d'existence non-individués. Le monde est plus qu'une somme d'individus. Nous vivons dans un réseau où le préindividuel a sa part. Simondon parle aussi d'un mode d'existence de l'objet technique. Il entend par là que l'objet est plus qu'un
    quelque chose. Produit d'une invention plus ou moins aboutie, il est une relation avec un milieu qu'il contribue à moduler.
    C'est là la singularité de la philosophie de Simondon. Prenant un recul peu commun, il a installé son interrogation dans un lieu d'où il pouvait éviter les oppositions tranchées. Les années durant lesquelles il écrivait voyaient se développer deux tendances, celle des technocrates et celle des premiers mouvements écologistes. Aux technocrates, il adresse les critiques les plus sévères. Leur rapport abstrait à la technique, fait de pouvoir et de rentabilité, lui fait horreur. Son point de vue sur l'écologisme naissant est plus nuancé. Il y a en effet, chez lui, une pensée de la spontanéité créatrice de la nature, inspirée des présocratiques. Il épouse certaines de leurs thèses sur la préservation des espèces (il a étudié l'éthologie) et le respect des cycles naturels, mais refuse leur défiance envers les sciences et les techniques.
    Il faut donc reconnaître l'originalité de sa position dans ce débat. Simondon est philosophiquement incapable de se rattacher à un camp. Sa philosophie a un objectif, mettre en relation ce qui apparaît opposé
    ." (p.7-10)
    -Pascal Chabot, La philosophie de Simondon, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 2003, 159 pages.

    https://books.google.pt/books?id=GOFIwOOJ_V0C&pg=PA7&lpg=PA7&dq=descartes+Simondon&source=bl&ots=U37cI5mw1Q&sig=wQUponaWUI2ZIivh1bze5zSSwo4&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwibjY2Hh63VAhVFsBQKHfGqD3kQ6AEITzAF#v=onepage&q=descartes%20Simondon&f=false


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