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    Étienne Balibar, Althusser et Mao

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Étienne Balibar, Althusser et Mao Empty Étienne Balibar, Althusser et Mao

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 5 Jan - 9:53

    http://revueperiode.net/althusser-et-mao/

    "L’« antihumanisme théorique » défendu par Althusser contre les humanismes chrétiens, existentialistes, marxistes, constituait évidemment une façon indirecte de récuser la tendance dominante dans la déstalinisation khrouchtchévienne, non seulement sur le plan philosophique mais sur le plan politique. Il s’attaquait à la combinaison d’économisme et d’humanisme, caractéristique à ses yeux de l’idéologie bourgeoise dominante, au nom de laquelle certains présageaient la « convergence » des deux systèmes sociaux, le capitalisme et le socialisme. Mais il le faisait au nom d’une conception de la philosophie et avec des instruments théoriques qui n’avaient rien à voir avec ceux du « matérialisme dialectique », théorisé par Staline après la mort de Lénine et officialisé dans tout le monde communiste. Répudiant l’héritage hégélien au sein du marxisme en dépit de certaines évidences des textes, la conception de la philosophie proposée par Althusser se réclamait de l’intellectualisme et du matérialisme de Spinoza, en qui elle voyait le véritable fondateur d’une théorie de l’idéologie comme structure de l’imaginaire social, qui construit la subjectivité individuelle – une théorie à la fois annoncée et « manquée » par Marx. Elle contribua de ce fait même puissamment à la « renaissance » des études spinozistes et de l’influence du spinozisme qui marqua toute cette époque. Elle empruntait également à « l’épistémologie historique » de Cavaillès (1903-1944), Bachelard (1884-1962) et Canguilhem (1904-1995) l’idée d’une discontinuité (ou « coupure ») entre la « connaissance commune » et la « connaissance scientifique », qui permet de penser la dialectique du savoir comme un progrès sans finalité, se déroulant dans l’élément du concept et non pas sous la primauté de la conscience (dont le critère était dominant dans les théorisations de la vérité venues de Descartes, de Kant et de la phénoménologie). Enfin cette philosophie recherchait une « alliance » entre la pensée de Marx et celle de Freud, fondateur de la psychanalyse encore ignoré et même rejeté par le marxisme officiel, tel que l’avait de son côté restauré Jacques Lacan (1901-1981). Il s’agissait là pour Althusser à la fois de montrer la relation de constitution réciproque entre l’idéologie et l’inconscient, et de construire une nouvelle conception de la temporalité et de la causalité, donc de la pratique."

    "Althusser fait ici de Mao le porteur, sinon l’inventeur, de deux idées qui, à ses yeux, marquent la « coupure » avec l’héritage hégélien dans le marxisme : d’une part l’idée de la complexité des composantes d’une totalité (essentiellement une totalité sociale, historique, comme la Russie de 1917, ou la Chine des années 1930, ou la France des années 1960), qui serait irréductible à un principe simple, unique, ou encore à l’expression d’une essence ; d’autre part l’idée de l’inégalité constitutive de tout développement ou processus, qui fait que l’accentuation des contradictions ne conduit pas à des « dépassements » (comme dans le schéma hégélien de la négation de la négation), mais à des « déplacements », des « condensations » et des « ruptures »."

    "Lorsque se crée, en décembre 1966, l’UJCML, organisation officiellement « maoïste » issue d’une scission de l’Union des Etudiants Communistes encouragée par les autorités chinoises, beaucoup des dirigeants de ce groupe sont des élèves ou des disciples d’Althusser, en particulier Robert Linhart avec qui il maintiendra toujours son amitié et réfléchira plus tard à de nombreux sujets, depuis les origines du retournement de l’URSS en régime totalitaire jusqu’à la pratique militante de « l’enquête ouvrière »."


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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

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